« On se repose sur l’héritage des Jeux de Paris 2024 »

Au « lendemain d’hier », selon l’expression suisse employée par Christophe Dubi pour désigner le jour de l’élection de Kirsty Coventry à la tête du CIO, le directeur général des Jeux Olympiques estime un peu « malvenu » et « maladroit » de parler de la dixième présidente de l’instance internationale.

Mais il se montre intarissable sur le dossier des Alpes 2030 alors qu’Edgar Grospiron, patron du Comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques (Cojop), et Marie Barsacq, ministre des Sports, ont présenté de concert lors de la 144e session du CIO la feuille de route et la contribution de 362 M€ de l’État au budget du comité d’organisation.

« Vous avez demandé à Paris 2024 de donner un coup de main aux Alpes 2030, pourquoi ?
On a toujours dit qu’on se permettait d’attribuer les Jeux une année plus tard parce qu’on se repose sur l’héritage de Paris 2024. Pour organiser l’événement le plus grand, le plus sophistiqué, le plus exposé, on savait qu’on pouvait réutiliser les systèmes informatiques, financiers, les règles, les procédures en matière de gouvernance. Quand on n’a pas besoin de refaire un plan opérationnel mais de l’adapter, ce sont des mois et des mois de conception que l’on raccourcit.

Qu’allez-vous dupliquer des derniers Jeux d’été ?
Un comité d’organisation, en moins de quatre ans, a besoin d’une stratégie, de ce qu’on appelle un game plan, un plan de jeu. Le point numéro 1 du rapport de Pierre-Olivier Beckers (président de la commission de coordination de Paris 2024 et des Alpes 2030), c’est la vision, le fil rouge dans tout ce que l’on fait. L’année prochaine, on doit décider du programme des sports entre nous, le CIO, et le comité d’organisation, qui a une certaine latitude dans le choix des sports. Il faut stabiliser des sites. On a encore un point en suspend, notamment, sur le patinage de vitesse.

Il n’est pas acté que ce soit en Italie ou aux Pays-Bas ?
Il y a des options à l’étranger mais il y a aussi un test grandeur nature avec une patinoire temporaire à Milan (pour les Jeux d’hiver de 2026). Est-ce une option ou pas ? Financièrement, je n’en suis pas certain.

« Une cérémonie de passation (lors d’une cérémonie de clôture), même si ce n’est que dix minutes, ça se prépare à l’automne »

De quelles autres bases avez-vous besoin ?
Il y a des grands services complexes sur un dispositif en quatre pôles (les 4 clusters des Jeux 2030) : les transports, la sécurité, la logistique… Il y a aussi le commercial parce qu’on doit rendre une proposition de valeur pour des partenaires qui ont adoré Paris 2024 et qui veulent repartir sur une édition, ou ceux qui ne l’étaient pas et qui souhaiteraient en être. On a la communication et l’engagement et cela avait été très bien fait avec les programmes de Paris 2024.

Et puis une cérémonie de passation (lors d’une cérémonie de clôture), même si ce n’est que dix minutes, ça se prépare à l’automne (celle des JO 2026 aura lieu le 22 février). Les créateurs de Milan-Cortina veulent savoir ce que les créateurs des Alpes françaises ont dans leur besace. Il y a du boulot.

D’où la mission confiée à Étienne Thobois, directeur général de Paris 2024 ?
Il est normal que la tête de l’organisation des Jeux précédents soit impliquée. Comment ils vont s’organiser au travers de quel mécanisme, difficile de le dire mais il est juste d’avoir Étienne en chef d’orchestre pour s’entourer des bonnes personnes. Sous quelle forme contractuelle, c’est ce que nos juristes doivent inventer. Nous, en tant qu’opérateur, on sait ce qu’on doit livrer à la fin de l’année pour ce projet soit parfaitement dans les clous. Je le répète, cela ne s’est jamais fait dans un laps de temps aussi court.

Quand allez-vous signer le contrat hôte olympique ?
On a une commission exécutive le 9 avril, ce sera un des points à l’ordre du jour bien entendu. On est vraiment extrêmement reconnaissants de ce que les autorités françaises ont fait dans un contexte qui était le vôtre depuis l’été passé. On sait bien toute la complexité et les engagements qui ont été pris, d’abord par Michel Barnier (garantie financière signée le 2 octobre) puis avec François Bayrou et les régions au travers d’une lettre (envoyée la semaine dernière) qui permet de garantir le financement du comité d’organisation, c’était essentiel.

Qu’avez-vous pensé de la présentation d’Edgar Grospiron devant la 144e session ?
Je l’ai trouvé très bon, avec tellement d’assurance dans le propos, hyper clair. Il a été extrêmement convaincant. Je me souviens qu’en 2011, Jean-Claude (Killy) avait dit  »il y a une personne formidable qu’on devrait avoir dans la commission de coordination parce que dans le futur, Edgar jouera un rôle ».

Il nous a accompagnés pendant toutes ces années dans le cadre de la commission de coordination (des Jeux d’hiver de Pyeongchang, vainqueur face à Annecy 2018). Il a vu la complexité de l’organisation, les discussions, à quel point l’organisation d’un événement comme ça, c’est multidimensionnel et complexe. Mais à quel point aussi ça emmène les équipes, ça renverse des montagnes, ça illumine pendant trois, quatre mois la France et puis le reste du monde.

Il a pourtant claqué la porte du comité de candidature d’Annecy 2018 …
Mais pourquoi dites-vous cela ? Vous pensez que quand il dit  »Moi, ce dont je rêve c’est d’être champion olympique en France », qu’il le déclare aux médias, c’était de la prétention ? Il s’est engagé par rapport à lui-même et il a réussi. Ça demande un courage dingue. Là, il s’engage par rapport à ce projet-là à long terme. Il n’y a aucune raison, mais aucune raison, d’en douter. L’engagement, c’est l’engagement.

Le temps presse, n’est-ce pas ?
Edgar a dit qu’on était pressés par le temps. Oui certainement. Mais encore une fois, jamais on n’aurait pris cette décision (d’attribution les Jeux aux Alpes françaises) si on ne savait pas le système capable de livrer tout ce qu’il y a à livrer.

Outre les gens du Comité d’organisation de Paris 2024, il y a Michel Cadot puis Pierre-Antoine Molina aujourd’hui (ancien et actuel délégués interministériels aux Jeux), les grands services de l’État, les régions qui peuvent transmettre des informations précieuses, l’expertise des ministères. C’est ce système politico-administratif et sportif qui a su faire dans le cadre des Jeux de Paris que l’on doit engager. »

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