Oui, l’intelligence artificielle générative sera créative !


L’intelligence artificielle générative sera à la créativité ce que la photographie a été à la peinture. A l’époque, les portraitistes craignaient de se faire dépasser et remplacer. Mais la photographie n’a pas remplacé la peinture. Elle a juste permis aux peintres de se libérer du réel.


A l’époque, la photographie semblait apporter une représentation toujours plus réaliste, pour ne pas dire réelle. Cette logique de la photographie comme preuve de réel est d’ailleurs encore largement celle prédominante aujourd’hui : la photo illustre, elle justifie, elle prouve que la chose existe. C’est l’esprit même des paparazzi, pour ne pas dire leur raison d’être.


Penser la représentation du réel


Or l’intelligence artificielle générative remet en cause l’ensemble des certitudes et modèles. En 2025, plus de 90% des images seront produites par l’IA. Et rien que sur les 12 derniers mois, davantage d’images ont été créées grâce à l’IA que depuis l’invention de l’appareil photo.


L’IA générative oblige à remettre en cause ce qui nous semblait devenu une évidence : la photographie n’est pas le vrai. La photographie n’est qu’un art qui s’inspire du réel, finalement comme la peinture. On ne peut plus prendre la photo pour évidence, comme on ne prend pas la peinture pour telle.


A quoi bon l’IA générative ?


L’IA générative se veut d’abord un nouveau pinceau pour les créateurs. Elle optimise et simplifie la création de texte, d’images, de vidéos… Selon une étude de 2016 de la société Adobe, près de 40% des tâches des créatifs ne serviraient pas à leur créativité : d’une certaine manière, l’IA générative leur permettra de se concentrer sur leur cœur de métier.


Mais l’intelligence artificielle se calque sur l’intelligence humaine : elle est d’abord capable de s’inspirer et de répliquer. Avant bientôt de pouvoir réellement inventer. A l’heure de l’IA, la querelle des anciens et des modernes reprend toute sa vigueur : il faudrait être bien naïf pour imaginer l’IA incapable de modernité.


Oui, l’IA sera donc inventive, créative, stratège et artistique. Paradoxalement, les humanités ne seront bientôt plus le seul privilège des humains. L’intelligence créative est déjà une intelligence émotionnelle, musicale, sensible et pratique.


L’éthique au cœur


Demain, vous pourrez en un prompt créer une application mobile. Vous pourrez en un prompt générer votre journal du jour. Vous pourrez en un prompt créer votre spot publicitaire sur mesure et le diffuser selon vos cibles. Le développement de la technologie a humanisé celle-ci : c’est largement la place de l’Humain qui est globalement à redéfinir.


Cela implique une refonte nécessaire de nos modèles éducatifs. Et sans doute un retour plus fort que jamais aux sciences humaines. Car l’éthique, la philosophie, la littérature ou l’Histoire-géographie (et avec elles l’historiographie et le fact-checking) ont vocation à prendre une place de plus en plus prépondérante (sans qu’il ne faille non plus négliger les autres sciences, naturellement) à mesure de la démocratisation de la technologie. Et de même l’art devenant probablement un «exercice de style du prompt», la matière deviendra plus essentielle que jamais puisque si l’IA devient inventive, il faudra conserver notre lead et rehausser nos exigences et notre excellence.

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