Il y a quelque chose de triomphant, à la fois authentique et novateur, dans les collections du duo créatif Paolina Russo. À la conquête du monde, réel comme digital, la créatrice Paolina Russo l’est depuis 2020 avant d’être accompagnée de Lucile Guilmard, deux ans plus tard, portées toutes les deux par l’envie audacieuse de dépoussiérer le tricot. L’une est canadienne, l’autre est française et, à quatre mains, elles imaginent leurs collections depuis Londres, où elles se sont rencontrées à l’issue de leurs études à la Central Saint Martins. “Mes deux grands-mères travaillaient à l’usine comme tailleuses et crocheteuses lorsqu’elles ont immigré au Canada en provenance d’Italie et des Philippines. Elles ne parlaient pas anglais mais elles communiquaient par la confection”, raconte Paolina Russo. Nourri par ce sens de la communauté et l’importance de la transmission, le binôme créatif a fait de l’artisanat le fil rouge de chacune de ses collections. Les moodboards sont parsemés d’un mélange de scans de livres anciens trouvés dans des bibliothèques, qui inspirent les couleurs et les textures, et de captures d’écran de jeux vidéo. “Actuellement beaucoup de The Legend of Zelda : Tears of the Kingdom auquel Paolina joue en ce moment”, précise Lucile Guilmard. On y retrouve aussi des images de gravures sur pierre provenant de leurs escapades sur d’anciens sites de ruines à travers le Royaume-Uni, des coupures de catalogues de compétitions de natation et des photos de paysages de banlieue, où elles ont chacune grandi. Entre imagerie folklorique et détails futuristes, ce joyeux mélange donne naissance à l’allure “Soft Warrior”, comme le duo aime la qualifier. Finaliste du prix international Woolmark 2023 et du prix LVMH 2023, Paolina Russo bénéficie du soutien et du mentorat de la plateforme 1 Granary. Grâce au Zalando Visionary Award, la marque a pu présenter son tout premier défilé lors de la Fashion Week de Copenhague printemps-été 2024. Un show couronné de succès ayant permis au duo de réitérer l’expérience en janvier dernier dans la capitale danoise.
Paolina Russo : des premiers pas réussis à la Fashion Week de Copenhague
Le label n’en est qu’à ses débuts mais a déjà tout d’un grand nom : notamment une identité visuelle reconnaissable entre mille. Élément inhérent à leur ADN, leur principale technique de tricot appelée Illusion Knit est le témoin parfait d’une fusion entre héritage et modernité. Cet effet holographique créé par la maille donne un sens nouveau à l’allure : “Le graphisme se déplace avec la personne qui le porte, apparaît et disparaît au fur et à mesure des mouvements. C’est la version tricotée d’un effet lenticulaire.” Cet élément visuel singulier est en réalité le point de départ de la marque Paolina Russo : “Tout a commencé par une technique manuelle que Paolina a développée de manière à l’automatiser alors qu’elle préparait sa licence. À notre connaissance, c’est la première fois qu’elle est utilisée au niveau industriel et nous sommes en train de la faire breveter!”, déclare Lucile Guilmard. L’Illusion Knit revient saison après saison, dans des couleurs, des textures et des fibres différentes, toujours dans une démarche respectueuse de l’environnement. Le duo a notamment collaboré avec Cavan Jayne, dont l’expertise réside dans la teinture naturelle à la main, à l’aide de pigments issus de roches, d’épices et de fleurs provenant du Royaume-Uni. Principalement composée de fils mono-fibre comme le coton ou la laine (ce qui rend la pièce entièrement naturelle et compostable), cette maille appuie un vestiaire à contre-courant des tendances, au profit d’une mode pérenne. Une grande partie de leur démarche créative consiste à faire progresser les techniques artisanales. “La technologie doit être considérée comme un outil supplémentaire à la disposition des artisans, tout comme un crochet est un outil. Une machine à tricoter l’est tout autant.
En choisissant les métiers manuels tels que le tricot et le crochet comme point de départ, nous voulons nous assurer que nous restons aussi fidèles que possible à la tradition de l’artisanat”, rappelle Paolina. À quoi ressemblera l’avenir pour les jeunes talents ? Paolina et Lucile ont eu des éléments de réponse au fil de leur collaboration avec la plateforme de jeux vidéo en ligne Roblox, pour laquelle elles ont reproduit trois looks de leur collection automne-hiver 2023-2024, adaptés digitalement avec SKNUPS. Créer des vêtements dans le domaine numérique est l’occasion d’éviter certaines difficultés que la fabrication physique peut engendrer. “Nous n’avons pas à nous soucier des quantités minimales de commande, nous n’avons pas été confrontées à des défis liés aux délais d’approvisionnement en matières premières, à la surproduction ou à la dépendance saisonnière. La création d’une mode digitale peut aussi être une nouvelle source avantageuse de revenus pour la jeune création, qui aspire à toucher une nouvelle cible, comme avec cette mode taillée pour la vie réelle ou les jeux vidéo. Cette notion de communauté qui nourrit ces deux univers nous passionne. Et d’ailleurs, nous appelons toutes les personnes qui portent nos créations à se lancer dans le gaming, si ce n’est pas déjà fait ! ”
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