Ainsi que le rappelle une analyse de Jeune Afrique ce 30 juillet, les nouvelles conditions d’éligibilité et l’exclusion de nombreux acteurs politiques soulèvent des inquiétudes quant à l’équité du scrutin à venir. Alors que le président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, semble se positionner pour la course à la présidence, la démocratie gabonaise fait face à un test crucial. Entre réformes constitutionnelles controversées et ambitions personnelles, l’avenir politique du Gabon se dessine dans un climat de tension et d’incertitude.
Un champ politique drastiquement réduit
Le projet de nouvelle Constitution gabonaise prévoit un resserrement significatif des critères d’éligibilité à la présidence. Comme le rapporte Jeune Afrique :
« Les candidats doivent avoir entre 35 et 70 ans, être nés de mère et de père gabonais d’origine – soit être « Gabonais de souche » –, être en bonne santé physique et cognitive, jouir de leurs droits civiques et politiques, et avoir résidé sur le territoire national au moins trois ans, sans discontinuité, avant le scrutin. Dernier point, leurs conjoints doivent être également Gabonais de souche. »
Ces nouvelles dispositions, si elles sont adoptées, réduiraient considérablement le nombre de candidats potentiels. Elles ont déjà suscité de vives critiques, notamment de la part d’Alain-Claude Bilie-By-Nze, ancien Premier ministre, qui y voit une manœuvre pour « exclure tout le monde pour laisser le terrain libre au seul candidat que la charte de la transition a déjà choisi« .
L’expression « élection taillée sur mesure » circule de plus en plus dans les cercles politiques de Libreville, traduisant l’inquiétude grandissante face à ce qui apparaît comme une stratégie d’élimination systématique des concurrents potentiels du président de la transition. Outre les nouvelles conditions d’éligibilité, d’autres facteurs contribuent à réduire le champ des candidats possibles :
- L’exclusion des membres du gouvernement de transition et des hauts responsables des institutions.
- La possible inéligibilité des cadres du Parti démocratique gabonais (PDG), l’ancien parti au pouvoir.
- La limite d’âge de 70 ans, qui écarte automatiquement des figures politiques importantes comme Albert Ondo Ossa.
Oligui Nguema : de la transition à la présidence ?
Dans ce contexte, les actions du président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, prennent une signification particulière. Sa tournée dans les provinces gabonaises, ponctuée de promesses de développement et d’allocations financières, ressemble de plus en plus à une pré-campagne électorale.
Comme le note Jeune Afrique :
« Se comparant à Charles de Gaulle, Jerry Rawlings, ou Abdel Fattah al-Sissi, Brice Clotaire Oligui Nguema ne cache pas ses intentions de remiser au placard son treillis pour se consacrer pleinement à la politique. »
Cette ambition présidentielle à peine voilée soulève des questions sur la neutralité du processus de transition et sur l’équité de la future élection. Oligui Nguema bénéficie d’une popularité certaine et du soutien de plusieurs mouvements politiques, ce qui renforce sa position de favori pour le scrutin à venir.
Malgré le rétrécissement du champ politique, quelques figures émergent comme des candidats potentiels, tels que Mike Jocktane, Thérence Gnembou Moutsona, Séraphin Akure-Davain, et Pierre Claver Maganga Moussavou. Cependant, leur capacité à rivaliser avec Oligui Nguema reste à démontrer.
Les défis pour la démocratie gabonaise
La situation politique au Gabon soulève des inquiétudes légitimes quant à la nature démocratique du processus en cours. Les critères d’éligibilité restrictifs, combinés à l’exclusion de facto de nombreux opposants potentiels, risquent de transformer l’élection présidentielle de 2025 en une simple formalité pour le président de la transition.
Cette approche rappelle dangereusement les stratégies utilisées par d’autres régimes autoritaires pour maintenir une apparence de démocratie tout en verrouillant le pouvoir. Le risque est grand de voir le Gabon s’engager dans une voie où les alternances politiques deviennent impossibles, compromettant ainsi les espoirs de changement nés du coup d’État de 2023.
La communauté internationale et la société civile gabonaise devront rester vigilantes pour s’assurer que le processus électoral à venir offre une véritable opportunité de choix démocratique aux citoyens gabonais. Sans cela, le pays pourrait se retrouver enfermé dans un nouveau cycle de pouvoir personnel, reproduisant les travers du régime qu’il prétendait remplacer.
L’élection présidentielle de 2025 sera donc un moment critique pour l’avenir politique du Gabon. Elle testera la capacité du pays à organiser un scrutin véritablement démocratique et inclusif, malgré les contraintes imposées par le nouveau cadre constitutionnel. L’enjeu est de taille : il s’agit de déterminer si le Gabon s’oriente vers une véritable transition démocratique ou s’il risque de retomber dans les travers d’un pouvoir autoritaire sous couvert de légitimité électorale.
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