Pénurie d’eau en Martinique : l’inaction des élus empêche le raccordement entre le nord et le centre

La solidarité entre les EPCI existe-t-elle en période de sécheresse ? Non, affirment plusieurs spécialistes de la ressource en eau. Selon eux, Cap Nord refuserait d’alimenter les robinets de la Cacem, malgré, disent-ils, de récentes installations techniques.

C’est une route en mauvais état que parcourent les automobilistes du Nord Caraïbe quand ils se rendent dans le centre. La RN (Route Nationale) 2 est importante pour la circulation des véhicules, mais aussi pour le réseau d’eau potable, particulièrement sous la route qui traverse Fond Lahaye à Schoelcher.

Selon Florent Grabin, de l’association écologique Pour Une Martinique Autrement (PUMA), des travaux ont été effectués pour raccorder en eau potable le réseau du nord à celui du centre.

De nouvelles canalisations ont été installées entre Schœlcher et Fond Bellemare à Case Pilote, mais elles ne sont pas alimentées. « Un accord entre Cap Nord et la Cacem serait toujours à l’étude. »


Les travaux de raccordement sous-terrain du réseau d’eau potable entre le centre et le nord à Fond Lahaye sont terminés.


Ni le président de Cap Nord ni celui de la Cacem n’ont répondu à nos sollicitations.

Daniel Chomet, élu communautaire de la Cacem, constate « ce manque de cohérence » entre les EPCI (Établissements Publics de Coopération Intercommunale).

L’élu était déjà monté au créneau pour dénoncer l’inexploitation des sources d’eau de Schoelcher. Il salue l’initiative et la nécessité de l’interconnexion en eau potable entre les agglomérations mais regrette « la position politique inexplicable de Cap Nord à ne pas provisionner en eau cette interconnexion ».

Pour le représentant de « Schoelcher dynamique et solidaire », il n’existe pas de convention pour le prélèvement et le partage de la ressource. Il va dans le sens de Serge Letchimy qui souhaite mettre en place une autorité unique de l’eau, mais dans l’immédiat, « il faut une gestion beaucoup plus solidaire de l’eau ».

Ce manque de solidarité et de partage est aussi dénoncé par Yvon Pacquit, président du conseil d’administration d’Odyssi :« La Société Martiniquaise des Eaux (SME), qui exploite la ressource en eau du nord, la vend en gros à Odyssi trois fois le coût de revient pour approvisionner Le Lamentin, Saint-Joseph et Schoelcher ».

Selon les chiffres de 2022 publiés par la Communauté d’Agglomération du Centre de la Martinique (Cacem), la production pour la consommation quotidienne en eau potable de 58 500 m³ par jour est assurée en période hors sécheresse.

En revanche, durant la saison sèche, le déficit de production est de l’ordre de 11 500 m³ par jour, soit 20 % de moins d’eau générée par les usines d’Odissy.

Un déficit que subissent à chaque sécheresse les consommateurs de Martinique.

Évelyne Hierso, présidente de l’Association Des Usagers de l’Eau de Martinique (ADUEM), constate encore mercredi 24 avril, l’absence d’eau dans les robinets de son domicile, à Balata.

Voilà deux ans que cela dure, tout ce qui nous a été promis, comme la création de forages, la réhabilitation de réservoirs, la mise en place de surpresseurs… et l’interconnexion entre les producteurs d’eau, n’ont rien donné. Nous sommes dans la même situation que lors du carême de 2020.

Évelyne Hierso, présidente de l’Association Des Usagers de l’Eau de Martinique (ADUEM)


Évelyne Hierso de l’ADUEM déplore l’absence de solutions pérennes pour éviter les coupures d’eau.


Évelyne Hierso se rend jeudi 25 avril à une réunion entre la Cacem et Odyssi. Elle espère « que cette réunion servira à quelque chose« . Au-delà des promesses, la représentante de l’ADUEM souhaite bien sûr avoir de l’eau potable toute l’année dans son robinet.


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