Philippe Hébert condamné à 13 ans de prison

Accusé d’avoir tué son père, le journaliste de la Péninsule acadienne Réjean Hébert, Philippe Hébert a été condamné vendredi à purger une peine de 13 ans d’incarcération.

Il a plaidé coupable le 7 février à une accusation réduite d’homicide involontaire ainsi que d’outrage envers un cadavre humain.

En rendant sa décision à la Cour du Banc du Roi à Bathurst, le juge Marco Cloutier a entériné une suggestion commune de la défense et de la Couronne.

Les faits reprochés à l’individu de 31 ans sont survenus le 28 décembre 2022 dans la Péninsule acadienne.

Des policiers s’étaient alors rendus en pleine nuit à une résidence de Saint-Simon afin de faire une vérification du mieux-être d’une personne avant de retrouver le corps d’un homme de 60 ans à l’extérieur de sa résidence.

Les faits relatés devant le tribunal durant les procédures et des propos obtenus par l’Acadie Nouvelle durant celles-ci ont fait état d’une relation souvent tumultueuse entre Réjean Hébert et son fils au domicile qu’ils occupaient ensemble.

En rendant cette sentence, le juge Cloutier a indiqué tenir compte du plaidoyer de culpabilité enregistré par l’accusé en cours de procédures, ce qui évite ainsi la tenue d’un procès et à certains proches de la victime et de l’accusé de vivre d’autres moments angoissants.

Le magistrat a aussi pris en considération les problèmes de santé mentale non résolus que présentait Philippe Hébert au moment du drame et les remords exprimés par ce dernier.

Il s’est aussi attardé à des sentences imposées au cours des dernières années pour des crimes semblables, dont celle de 13 ans de prison imposée à Charles Maltais en avril 2021 à Campbellton en lien avec le décès de sa mère.

En contrepartie, le juge a souligné que la gravité des gestes commis et l’impact du drame sur les membres de la famille militaient pour une lourde et longue peine d’incarcération.

Selon l’exposé des faits, Philippe Hébert se serait emparé d’un couteau lors d’une dispute familiale avant de poignarder à trois reprises son père, de traîner la dépouille à l’extérieur de la résidence et d’y mettre le feu.

Quatre rapports d’impact sur les victimes ont été présentés au tribunal à la fin de ces longues procédures judiciaires.

L’un d’eux est le fruit des états d’âme de Guy Hébert, le frère de la victime et oncle de l’accusé.

S’adressant au tribunal, M. Hébert a témoigné non sans difficulté du drame qui a brisé l’équilibre familial et de la douleur intérieure intense qu’il ressent depuis la mort de Réjean Hébert.

«Réjean a payé de sa vie son amour pour son fils toxique», a déclaré avec une voix étreinte par l’émotion celui qui a eu la triste tâche de nettoyer la scène de crime et de partir à la recherche du testament de la victime.

«Tout ça était le commencement d’un cauchemar qui dure jusqu’à aujourd’hui et qui semble sans fin. Ma vie sera détruite à tout jamais…».

Guy Hébert n’a pas épargné son neveu lors de sa déclaration, affirmant que celui-ci n’avait formulé aucun remords, qu’il harcelait la famille pour pouvoir toucher son héritage et qu’il lui avait occasionné de graves problèmes de santé et d’importantes pertes financières.

Selon lui, sa vie et celle de certaines personnes proches seraient menacées si Philippe Hébert était libéré.

Guy Hébert a indiqué lors de la lecture d’un document de huit pages qu’il avait tenté quelques semaines avant l’incident de prévenir le drame avec l’aide de la GRC.

«Ça aurait été si simple qu’il prenne sa vie en main et qu’il déménage de la résidence familiale», a-t-il raconté.

Les autres rapports d’impact sur les victimes, dont la teneur n’a pas été révélée au tribunal, proviennent de la sœur de la victime et de sa fille, de même que de la mère de la victime et grand-mère de l’accusé.

Philippe Hébert a écopé d’une peine de 13 ans de prison pour le chef d’accusation d’homicide involontaire et d’une année pour l’accusation d’outrage envers un cadavre humain, peines qui seront toutefois purgées simultanément.

En soustrayant la détention préventive de l’accusé durant 820 jours qui sont calculés à 1.5 jour, il reste un peu moins de 10 ans d’incarcération à purger pour l’accusé qui pourrait aussi bénéficier d’une libération conditionnelle d’ici six ans.

En plus de cette peine de prison, Philippe Hébert s’est vu interdire toute possession d’arme durant une période de 10 ans.

Il devra également fournir aux autorités un échantillon d’ADN et s’abstenir de communiquer directement ou indirectement avec les quatre signataires des rapports d’impact sur les victimes.

Invité par le juge Cloutier à prendre la parole, l’accusé a simplement tenu à s’excuser à sa famille, surtout à sa grand-mère.

«J’ai essayé de tout faire pour être mieux», a affirmé Philippe Hébert sans trop d’émotion depuis le box des accusés, avant de quitter la salle d’audience.

En rendant sa sentence, le magistrat a dit souhaiter que l’accusé puisse profiter durant son incarcération des soins de santé offerts par le service correctionnel au pays.

L’avocat de la défense, Me Gilles Lemieux, s’est dit satisfait du jugement rendu par le juge Cloutier au sortir de la salle d’audience.

«Un bon travail de préparation a été fait des deux côtés par deux avocats d’expérience, nous en sommes arrivés à quelque chose qui est acceptable et qui se situe dans la fourchette des peines accordées dans le passé», a confié le célèbre criminaliste.

Jusqu’à aujourd’hui, l’accusé était détenu au département de psychiatrie légale du Centre hospitalier Restigouche, à Campbellton.

Le scénario le plus probable voudrait qu’il soit transféré sous peu au Centre de rétablissement Shepody, un établissement à niveaux de sécurité multiples à Dorchester, au Nouveau-Brunswick, et au pénitencier fédéral du même nom.

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