Le chef conservateur Pierre Poilievre est demeuré ancré sur son message lundi soir en s’adressant à plusieurs centaines de partisans réunis à Fredericton pour l’écouter.
Les médias nationaux rapportent des tensions au sein du Parti conservateur et des désaccords sur la façon de mener la campagne conservatrice. Certains croient qu’il devrait orienter davantage sa campagne sur la menace que représentent Donald Trump et ses tarifs pour l’économie et la souveraineté canadiennes alors que Mark Carney le devance dans les sondages et que les libéraux remporteraient fort probablement l’élection si elle avait lieu demain (elle aura lieu le 28 avril).
À Fredericton, Pierre Poilievre s’est malgré tout attardé sur ses enjeux habituels comme le coût de la vie, l’immigration et l’énergie. Il a seulement mentionné Donald Trump et les États-Unis à quelques reprises pendant son discours.
Sous les applaudissements de ses partisans réunis dans une salle comble, il a continué à parler de la «décennie libérale perdue» et des erreurs du gouvernement de Justin Trudeau. Il a également parlé de la «promesse canadienne»:
«Un travail acharné mène à une belle vie dans une maison superbe et abordable, sur une rue sécuritaire, protégée par de grands soldats, sous notre fier drapeau».

Le chef conservateur a réitéré plusieurs de ses promesses, notamment celles de créer plus de pipelines, d’imposer des peines d’emprisonnement à vie aux trafiquants et producteurs de drogue, et de baisser l’impôt sur le revenu.
Il a lié le chef libéral Mark Carney à Justin Trudeau, en l’accusant d’être un chef «plus faible et plus corrompu» que l’ancien premier ministre. Il a également fait un lien entre M. Carney et Donald Trump en disant que tous les deux veulent imposer des taxes aux Canadiens.
«Trump veut le faire avec des tarifs, Carney veut le faire avec une taxe carbone.»
Il a également promis de faciliter la tâche aux médecins venus d’ailleurs qui veulent que leurs compétences soient reconnues au Canada afin de pouvoir y travailler.
Il a utilisé plusieurs slogans nettement plus accrocheurs en anglais qu’en français pendant son discours, dont «boots not suits» (des bottes, pas des complets), «jail not bail» (la prison, pas la libération conditionnelle) et «warrior culture, not woke culture» (culture du guerrier, pas la culture woke).
Quelqu’un dans la foule a crié «mettez Carney en prison!». Pierre Poilievre a répondu «bien, pas besoin de faire ça, on doit seulement voter contre eux.»

Il a promis de reprendre le contrôle de l’immigration pour que la croissance de la population ne dépasse pas notre capacité à construire des logements.
Il a terminé son discours en lançant «bring it home» un slogan que sa campagne traduit par «ramenons le gros bon sens».
Lundi matin, à Saint-Jean, il a dévoilé sa promesse de créer un «corridor énergétique» afin d’accélérer les autorisations pour des structures comme des pipelines et des chemins de fer pour transporter les ressources naturelles du Canada, et ce, avec l’accord des provinces et des peuples autochtones.
«Nous devons être une nation qui se tient debout, qui produit ses propres ressources, qui ajoute de la valeur à ces ressources, et qui les envoie sur les marchés nationaux et étrangers sans dépendre d’un seul marché. Nous allons tenir tête au président Donald Trump en position de force», a-t-il dit à ce sujet lundi soir.
Des partisans se prononcent
Sam Basque, un camionneur partisan de Poilievre en est à son premier rassemblement politique. Il affirme que l’économie est l’enjeu le plus important de cette élection, et blâme l’ancien gouvernement libéral pour les difficultés de certains citoyens à joindre les deux bouts. Il dit vouloir davantage de pipelines et d’emplois.

«Je suis ici pour montrer mon appui. C’est le temps pour un changement. Neuf années de ce gouvernement incompétent, c’est assez», dit le camionneur de Saint-Jean.
Pierre Poilievre a raison de continuer sur sa lancée et de ne pas réorienter sa campagne, selon un partisan bien connu, l’ancien premier ministre du N.-B., Blaine Higgs.
«Je pense qu’il est totalement concentré sur l’enjeu qui importe pour les Canadiens, et ce, depuis le début, contrairement à l’ancien gouvernement libéral.»
Il croit que Mark Carney se concentre sur les menaces de Donald Trump parce qu’il ne peut pas s’appuyer sur les accomplissements des libéraux lorsqu’ils étaient au pouvoir.
«Les libéraux veulent rester là-dessus, clairement, parce que sur quel autre sujet peuvent-ils faire campagne?»
Blaine Higgs ne fait pas grand cas de Trump et de ses menaces d’annexion, qui ne sont pas réelles, selon lui. Il affirme que les pays de l’Amérique du Nord doivent plutôt être «alignés» sur la politique étrangère, l’immigration, la sécurité et l’énergie.
«Nous avons besoin d’être alignés parce que nous faisons face à des problèmes plus grands avec la Chine et la Russie, il ne faut pas perdre cela de vue. Et ces discours de 51e État, c’est un écran de fumée, c’est Trump en train d’être Trump, je n’y crois pas pour une seconde, et je n’appuierais jamais ça.»

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