PORTRAIT. Jean-François Bade, dernier canneur de Marie-Galante

Rencontre avec l’un des derniers canneurs de la Guadeloupe. Installé à Capesterre de Marie-Galante, Jean-François Bade donne une seconde jeunesse à des mobiliers anciens. Il continue d’œuvrer, en attendant une éventuelle relève.

Partons en escapade dans une petite ruelle du bourg de Capesterre de Marie-Galante. Une maison blanche au toit rouge y abrite un atelier : celui du canneur Jean-François Bade. C’est en fait chez lui qu’œuvre l’homme, au frais, sur sa galerie, à l’avant de la bâtisse en bois.
Il a du métier, ce professionnel. Il est habile de ses doigts. Les étapes de sa carrière professionnelle expliquent cette dextérité. Dès 14 ans, il a débuté dans la couture.

Ma mère ne m’a jamais repoussé au niveau de sa machine. Par contre, mon père, oui ! Parce qu’il n’aimait pas, dans la maison, un bonhomme couturier. J’ai été à l’académie internationale de coupe de Paris ; c’était à la rue d’Aboukir, dans le 1er arrondissement. C’était en 1977 (…). J’adore a couture, je ferai toujours la couture. C’est seulement la mort qui va me stopper.

Jean-François Bade, dit « Pat Couture »

Jean-François a gravi les échelons, jusqu’à entrer dans le monde de la haute couture. Un secteur où il a aimé travailler, dont il s’est malgré tout éloigné, après son retour au pays.

J’ai travaillé avec Yves, j’ai travaillé avec Jean-Paul Gaultier, qui ne savait absolument rien faire sur une machine, mais c’est un très bon dessinateur ! Pour ça, il est vraiment bon ! Après, je suis retourné en Guadeloupe et j’ai vu que la couture n’était plus la couture d’avant. Maintenant, vous trouvez des vêtements à 5€, 4€… c’est vraiment du rabattage.

Jean-François Bade, dit « Pat Couture »

Désormais, c’est surtout la restauration des vieilles chaises, des transats, des fauteuils à bascule et autres meubles qui l’accapare. Il le dit : il aime les vieilles choses, la précision et le travail bien fait.

Il y a du travail, hein ! Ce n’est pas facile ! ce n’est pas à la portée de tout le monde.

Jean-François Bade, dit « Pat Couture »

À Marie-Galante, il a pignon sur rue. Les habitants lui confient des pièces qui leur sont chères, des héritages qu’ils désirent perpétuer.

L’envers du décor est plus triste : Jean-François Bade est un homme seul, qui dit que la couture lui a fait perdre tout ce qu’il avait, notamment femme et enfants.

 

REPORTAGE/
Rédactrice/reporter : Lise Dolmare
Monteur : Karla Nérin
Mixeur : Anthony Déternoz


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