L’entrepreneuse a vu son chiffre d’affaires augmenter de 372% entre sa première et sa deuxième année d’opération. (Photo: Facebook)
FOCUS RÉGIONAL. La poteuse vit le meilleur de l’entrepreneuriat. Elle est libre de son temps, vit dans un décor magnifique et les clients viennent à elle. Et, pour finir, elle peut vivre de son art.
La poteuse, c’est le nom de l’entreprise de Camille Bouchard-Tremblay, artiste céramiste qui a quitté Montréal en 2020 pour s’installer dans le village du Bic. Sur la route, ce qui était un loisir dans la métropole s’est transformé… en mode de vie. Puis, en entreprise. Depuis, elle vend divers objets, comme des tasses, des vases, des assiettes dont la moyenne de prix se situe autour de 50 dollars.
« [La poterie], c’était d’abord pour le loisir. Mais je me suis créé mon propre emploi. Tout ça en mode autodidacte, dit l’artiste. J’ai appris par moi-même et j’ai vu qu’il y avait une demande dans la région à faire des collaborations. Autant avec des boutiques qu’avec des restaurants. »
Son inspiration, c’est le Bic, le fleuve. « Dès que je me suis lancée et que je mettais des créations sur les réseaux sociaux, j’ai commencé à recevoir des messages. C’est ça qui m’a aidée à me propulser. »
Parlant de propulsion, elle a vu son chiffre d’affaires augmenter de 372 % entre sa première et sa deuxième année d’opération. Signe d’une demande en dormance dans la région. Et pour cette année ? « Je suis à 8 % d’atteindre mon chiffre d’affaires de l’an dernier. Et les Fêtes s’en viennent. Mon mois le plus rentable est décembre, qui s’en vient. Je suis confiante que dans ma progression, la croissance va suivre », dit Camille Bouchard-Tremblay.
Des revenus diversifiés
En plus de son atelier, où il est possible d’y acheter directement ses différentes créations, La poteuse s’appuie sur plus d’une vingtaine de points de vente dans la province, du Bas-Saint-Laurent à Montréal en passant par Québec.
« Je n’ai même pas fait de démarchage à date. Chaque fois que les Fêtes se terminent, j’arrive en janvier et je me demande vers quelles entreprises j’irai pour des collaborations cette année. Finalement, ça déboule, et je deviens rapidement bookée. Parfois je dois dire non ou décaler les commandes. Présentement, elles viennent toutes seules », confie-t-elle.
Ces différentes collaborations avec des boutiques ou des restaurants, en plus de certains contrats, comptent pour près de 30 % de son chiffre d’affaires. Une proportion semblable de ses revenus provient de la vente en ligne et directement de son atelier, où elle produit entre 50 et 60 œuvres exclusives par mois.
L’autre 40 % est tiré des cours qu’elle offre justement dans ce petit atelier de 200 pi2. Comme pour ses œuvres, la demande est forte et elle envisage de déménager dans un espace plus grand d’ici deux ans. « J’ai commencé ces cours il y a un an. C’était pour répondre à une demande, mais c’était aussi à titre personnel pour avoir un certain réseau et me sentir moins seule dans mon métier de céramiste et créer une communauté », dit l’artiste.
Dans un horizon pas si lointain, elle aimerait instaurer une formule d’abonnements pour ces cours, des services de cuisson, faire venir d’autres céramistes du Québec et proposer des résidences. « Pour moi toutes les possibilités me semblent infinies et je sens que je n’en suis qu’au début. »
« Retour aux sources »
À écouter Camille Bouchard-Tremblay parler de son entreprise, on oublie qu’avant la pandémie, ce projet ne faisait pas partie de ses plans, elle qui est originaire et résidait dans la métropole.
Avant de partir vers le Bas-Saint-Laurent, c’était plutôt en design de présentation qu’elle gagnait sa vie. Une formation et un travail qui lui sont fort utiles avec La poteuse pour l’image de l’entreprise, mais aussi pour son site web et son marchandisage.
Selon elle, l’année 2020 avec tous les bouleversements que l’on connaît a néanmoins été bénéfique pour les artisanes et artisans locaux. « Il y a une espèce de retour aux sources depuis la pandémie qui aide les artisans à être vus et mis de l’avant. Je trouve ça vraiment incroyable, analyse-t-elle. Je suis un peu revenue là-dedans en même temps que ça revenait à la mode. Tous les jours je m’arrête pour me dire que c’est incroyable que je puisse vivre de mon art. »
Cependant, elle n’oublie pas de souligner que sa réussite nécessite beaucoup, beaucoup de travail. D’abord pour créer, mais aussi pour mieux faire comprendre la valeur de l’artisanat. « Dans mes cours, j’aime démontrer pourquoi tel produit se vend à tel prix, dit-elle. Je trouve ça important de l’enseigner et de le faire comprendre aux gens autour de moi. »
Cet article a été publié dans l’édition du journal Les Affaires du 8 novembre.
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