À partir de ce dernier point, Dominique de Villepin a détaillé les « trois options » dont dispose le président. La première est celle de la « tradition républicaine ». « On choisit la force arrivée en tête [le Nouveau Front populaire] qui, à partir de celui qui le dirige, est chargée de former un gouvernement », a détaillé l’ancien Premier ministre. Face à l’absence de majorité absolue pour le bloc de gauche, « il faut donc qu’il construise une majorité qui lui permette de durer un peu plus qu’un, deux ou trois jours ».
Un « bateau merdeux »
« C’est le début pour tous les Français et toute la classe politique de l’apprentissage de l’ère nouvelle », a-t-il asséné, conscient des difficultés que la gauche pourrait rencontrer au pouvoir. « Ils vont se trouver devant une dure réalité. Ce n’est pas un cadeau que de former un gouvernement aujourd’hui. La vérité même, c’est un bateau merdeux. Il faut voir la réalité en face. »
Dominique de Villepin se projette déjà dans l’hypothèse où un tel exécutif ne ferait pas long feu, ce qui créerait « d’autres opportunités ». « La deuxième étape qui se présente est la création d’une force à partir d’un front républicain, tel qu’il s’est joué dans les urnes, contre le Rassemblement national », a-t-il expliqué. « Nous allons voir si ce rassemblement républicain est capable, lui, d’élargir ses forces et de rassembler davantage. »
Gouvernement d’union nationale
« Si vous procédez étape par étape, vous avez de plus en plus d’opportunités. Vous avez une créativité politique qui s’accroît », souligne l’ancien Premier ministre. Si, à son tour, la seconde étape échoue, la troisième option suggérée par Dominique de Villepin est la création un « gouvernement d’union nationale ». « La meilleure, la plus ambitieuse » à ses yeux, car elle « n’exclut personne, même le RN, même LFI ».
Interrogé sur l’intérêt qu’auraient certaines forces politiques à intégrer un tel exécutif, Dominique de Villepin s’est montré très lucide : « C’est facile de rester sur l’aventin et vous faites ce que tout le monde veut faire – et c’est exactement ce qui va se produire dans les prochains jours – préparer la présidentielle. » L’ancien Premier ministre leur intime de soutenir ce gouvernement, « au moins dans ses efforts pour constituer un budget. Parce que là c’est une question de dignité et de responsabilité politique ».
« Jupiter est mort »
Dans cette situation politique inédite, Dominique de Villepin a détaillé le rôle que devrait jouer Emmanuel Macron, à savoir d’être « le moment venu, le guide, le garant et l’arbitre ». L’ancien ministre des Affaires étrangères a critiqué l’interventionnisme du président, avec sa lettre aux Français qui est en réalité une « lettre aux partis politiques » : « Le président doit être au-dessus de ce jeu-là. » « Jupiter est mort et Jupiter a été battu dans les urnes », a-t-il martelé.
Enfin si cette troisième étape n’est pas fructueuse, Dominique de Villepin propose un « joker », à savoir un gouvernement technique. Cet exécutif devrait répondre aux « aspirations » des Français : la sécurité et l’immigration, le déclassement social et l’abaissement de la France. L’ancien Premier ministre met toutefois en garde, « le gouvernement technique ne peut pas surgir du bon plaisir du chef de l’État qui mettra un de ses anciens collaborateurs à Matignon ».
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