Depuis plusieurs mois, je parcours les rencontres publiques dans la région de Shediac et Cap-Acadie pour prendre le pouls de la population et identifier leurs préoccupations. À chacune de ces rencontres, immanquablement on soulève le manque d’écoute de la part de nos politiciens envers la population et leurs préoccupations, et ce à tous les niveaux de gouvernement. Ont-ils raison d’avoir ce sentiment de manque d’écoute?
Prenons par exemple le Nouveau-Brunswick où la situation est telle qu’une fois élus, nos politiciens ne sont redevables à leurs concitoyennes et concitoyens qu’aux prochaines élections provinciales, et durant leur mandat, ils ne sont même pas tenus de consulter la population de leur circonscription. Bien entendu, ils diront prendre connaissance de l’opinion publique lorsqu’ils serrent la main de plusieurs aux divers petits-déjeuners, festivités, galas sportifs et scolaires, etc. Avons-nous déjà été témoins de politiciens consulter sérieusement les gens de leur circonscription aux sujets des projets législatifs, de l’environnement durables, des soins de santé, de la vie abordable? Peu le font; qu’en est-il des autres?
Le gouvernement néo-brunswickois a le devoir de faire appel aux partis politiques en chambre pour débattre de projets législatifs, mais les discussions et modifications de projets législatifs peuvent être écourtées sans apporter de changements majeurs, comme c’est souvent le cas lorsque le gouvernement possède une majorité absolue en chambre. Un gouvernement peut-il se dire être à l’écoute de la population lorsqu’il ne prend même pas la peine de débattre et d’élaborer sérieusement ses projets législatifs avec les autres partis politiques? Un gouvernement minoritaire obligerait la collaboration, la consultation et l’élaboration de projets législatifs pour le bien commun.
À un autre niveau, regardons le fonctionnement des deux partis politiques qui ont formé nos gouvernements au Nouveau-Brunswick. Tous deux sont dirigés par un chef élu par les membres de leur parti qui dirige le caucus formé de députés élus. Dans un monde parfait, les députés consulteraient la population néo-Brunswickoise afin de connaître leurs opinions et les transmettre à leur chef qui, en consultation avec le caucus, verrait à l’élaboration de projets de loi. Cette procédure est idéaliste, car les chefs de ces deux partis politiques peuvent consulter leur caucus, mais n’y sont pas tenus; peuvent consulter la population, mais n’y sont pas tenus. Ces chefs peuvent même déposer des projets de loi en chambre et leur caucus devra, par devoir et loyauté au parti et à leur chef, voter en faveur de ce projet de loi même s’il n’a pas été consulter, n’a pas son consentement et même s’il est en profond désaccord. Comment peut-il y avoir de l’écoute sérieuse dans un tel contexte? Un gouvernement minoritaire obligerait les chefs de partis à collaborer par l’entremise de la consultation pour en arriver à un consensus.
J’en viens à la conclusion que les gens ont raison. Tant et aussi longtemps que nos politiciens seront seulement redevables aux électeurs qu’aux prochaines élections, que nos politiciens seront loyaux au parti avant même les électeurs, qu’un gouvernement avec une majorité en chambre aura un pouvoir absolu et que les chefs de ces partis auront un pouvoir de discrétion sur tout, la majorité nos politiciens ne sont pas à l’écoute de la population. C’est la raison pour laquelle il nous faut un gouvernement minoritaire au Nouveau-Brunswick.
Jean Bourgeois
Petit-Cap
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