Pourquoi Judith Godrèche et plusieurs collectifs de cinéma demandent le départ du président du CNC Dominique Boutonnat ?

Entre 100 et 200 personnes, dont l’actrice Judith Godrèche, se sont rassemblées ce lundi 13 mai devant le siège du Centre national du cinéma (CNC) à Paris pour réclamer le départ de son président Dominique Boutonnat, qui doit être jugé en juin pour agression sexuelle.

À la veille de l’ouverture du Festival de Cannes et à l’appel de plusieurs collectifs, une centaine de personnes, dont l’actrice Judith Godrèche ont manifesté ce lundi 13 mai dans la matinée pour demander le retrait de Dominique Boutonnat de la présidence du CNC.

Agression sexuelle sur son filleul

Ce dernier a été reconduit mi-2022 à la tête de l’organisme qui encadre le septième art français, malgré sa mise en cause dans une affaire d’agression sexuelle sur son filleul de 21 ans, des accusations qu’il conteste. Le procès est prévu à partir du 14 juin à Nanterre.

« On assiste aujourd’hui à une mobilisation de l’ensemble de l’industrie face à la question de la prévention et de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Il y a aussi une commission d’enquête votée par l’Assemblée (nationale) pour accompagner et voir comment améliorer nos pratiques. Donc c’est complètement incohérent, que, dans cette dynamique-là, à la présidence du CNC il y ait encore une personne qui soit accusée d’agression sexuelle », a déclaré à l’AFP Fanny de Casimacker, déléguée générale du Collectif 50/50, qui milite pour l’égalité, la parité et la diversité dans l’industrie cinématographique et audiovisuelle.

La secrétaire générale du CNC, Leslie Thomas, a rappelé à la presse que le procès de M. Boutonnat aura lieu le 14 juin. « On s’inscrit dans une logique où la justice doit faire son travail. Le CNC n’a pas à se positionner« , a-t-elle dit à plusieurs journalistes.

« Séparer l’homme du CNC »

Selon des images diffusées sur le réseau social X, une banderole disait vouloir « Séparer l’homme du CNC » et une pancarte réclamait un « Clap de fin sur les agresseurs ».

Présente à ce rassemblement, Judith Godrèche, devenue ces derniers mois un des fers de lance du mouvement #MeToo en France, avait déjà demandé le départ de Dominique Boutonnat en février.

À Cannes, elle présentera un court-métrage, « Moi aussi », réalisé avec un millier de victimes de violences sexuelles ayant répondu à son appel sur les réseaux sociaux.

Une pétition lancée la veille

Ce rassemblement se double d’une pétition lancée dimanche 12 mai appelant « au retrait de Dominique Boutonnat du CNC », à l’initiative d’artistes et techniciens, membres de la CGT-Spectacle et d’associations dont le Collectif 50/50, ainsi que de « producteurs et autres professionnels hors syndicats et associations ».

« Si Dominique Boutonnat bénéficie de la présomption d’innocence, il nous semble […] essentiel que notre principale institution donne l’exemple », écrivent ses auteurs, dont l’initiative avait recueilli quelque 1 500 signatures lundi à la mi-journée.

Le CNC rappelle que, « depuis 2020, 6 000 professionnels du cinéma (producteurs, réalisateurs, diffuseurs, exploitants…) ont suivi une formation sur la prévention des violences sexistes et sexuelles sur les tournages ». « Cette formation est obligatoire pour 100 % des films d’initiative française en 2024. Elle conditionnera les aides à la production du CNC à compter du 1er juillet », selon sa secrétaire générale Leslie Thomas.

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