Si la mise en place de droits de douane de 25% sur les produits européens risque d’affaiblir l’économie de l’UE, certains pays du Vieux continent seront plus affectés que d’autres.
Jusqu’où ira Donald Trump? Depuis son investiture fin janvier, le président américain mène une guerre commerciale contre plusieurs pays, alliés comme rivaux, en multipliant les annonces de droits de douane.
L’Union européenne fait partie des cibles du locataire de la Maison Blanche qui a instauré le 12 mars des taxes de 25% sur l’acier et l’aluminium entrant aux États-Unis. Des droits de douane réciproques ont également été promis par l’administration Trump. Avant l’annonce fin février de l’application prochaine de tariffs de 25% visant les produits européens pour corriger l’ampleur du déficit commercial américain vis-à-vis du Vieux continent (198,2 milliards d’euros sur les biens en 2024 selon Eurostat).
Difficile malgré tout d’y voir clair, Washington n’ayant pas apporté davantage de précision, ni sur la date d’entrée en vigueur de ces nouveaux droits de douane, ni sur les produits « made in UE » qui seront concernés. Ce qui est certain, c’est que cette politique aura des conséquences pour l’économie américaine mais aussi européenne, les États-Unis étant le premier partenaire commercial des 27 en ce qui concerne les exportations de biens (531,6 milliards d’euros de marchandises en 2024, +5,5%).
« Cette hausse (des droits de douane) augmenterait le prix de nos exportations pour les acheteurs américains. Elle aurait un impact direct sur les volumes de biens exportés de l’UE vers les États-Unis, et donc sur la croissance des pays européens, dont la France », résume la Banque de France.
L’Allemagne et l’Italie plus exposées que la France
Mais à supposer que les droits de douane américains de 25% soient généralisés aux produits européens, sans distinction spécifique, la France ne serait pas le pays le plus affecté.
« Par rapport à ses voisins, le positionnement sectoriel de la France est plus favorable », expliquait Dorian Roucher chef économiste du département de la conjoncture à l’Insee, en début de semaine.
En effet, les exportations tricolores de biens vers les États-Unis ne représentent « que » 1,6% du PIB. Soit une exposition au marché américain inférieure d’environ 40% à celle des exportations de l’UE dans son enemble (2,8% du PIB de l’UE).
À titre de comparaison, l’Allemagne et l’Italie sont bien plus exposées avec des exportations vers les États-Unis qui représentent respectivement 3,8 et 3,1% de leur PIB. Et « le commerce bilatéral avec les États-Unis est largement excédentaire (+2% en Italie et +1,8% en Allemagne) », contrairement à la France, observe l’Insee.
« Ainsi, l’Allemagne et l’Italie endureraient davantage la mise en place de ces tarifs douaniers que la France et l’Espagne (1,3% du PIB) ».
Les exportations belges (5,6% du PIB) et des Pays-Bas (3,8% du PIB) sont aussi particulièrement exposées au marché américain. Mais les deux pays affichent un déficit commercial avec les États-Unis. Hors Europe, le Mexique et le Canada, également visés par les droits de douane, exportent aussi (et sans surprise) beaucoup vers leur voisin (respectivement 26,3% et 20,5% du PIB).
Quel impact pour l’économie européenne?
Reste que si l’économie allemande, la première en Europe, est affaiblie par les droits de douane de Donald Trump, cela finira par se diffuser à la France et au reste du continent. « À titre purement illustratif », la Banque de France estime qu’une hausse des droits de douane de 25 points de pourcentage pourrait diminuer le PIB de la zone euro de 0,3% environ au bout d’un à deux ans.
« Cela inclut l’impact direct du droit de douane sur les exportations européennes ainsi que les effets indirects par le ralentissement américain et mondial. En effet, la politique monétaire américaine serait vraisemblablement durcie pour limiter la hausse de l’inflation induite par celle des droits de douane. Le ralentissement de l’économie américaine ainsi que d’éventuelles hausses des primes de risque se propageraient au reste du monde, amplifiant l’impact direct de la hausse des droits de douane », indique la Banque de France.
L’institution rappelle néanmoins que ces prévisions restent difficiles à établir à ce stade: « L’impact d’une hausse des droits de douane sur les économies française et européenne reste très incertain, d’autant qu’il dépendra du calendrier, du champ et de l’ampleur retenus », reconnaît-elle.
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