Pourquoi la Guyane appartient-elle à la France ?

Peu de choses sont connues de ce bout de France en Amérique du Sud, situé à 7 000 kilomètres de la métropole. La superficie de la Guyane française est de plus de 86 000 kilomètres, un chiffre équivalant à celui de la plus grande région de France métropolitaine, la Nouvelle-Aquitaine. Il s’agit du plus grand territoire ultramarin français bien qu’il héberge une population d’un peu moins de 300 000 habitants, dont près d’un quart à Cayenne, capitale de la Guyane française. Pourquoi ce territoire fait-il encore partie de la France de nos jours ?

Histoire et nouveau pays : qui a découvert la Guyane française ?

Comme une grande partie des territoires qui constituent l’Amérique du Sud aujourd’hui, l’histoire de la Guyane française est le fruit des conquêtes des empires coloniaux, en l’occurrence ici celui de la France. Cela aurait pu ne pas être le cas : les journaux de bord de Christophe Colomb montrent que l’explorateur est passé au large des côtes de la Guyane en 1498, sans y amarrer. C’est en 1503 que les premiers colons français s’installent dans une Guyane dont la population d’origine est d’environ 30 000 Amérindiens indigènes. Il faut cependant attendre le règne de Louis XIII pour que la présence française en Guyane s’implante durablement. En 1643, près de 300 colons fondent un village à l’embouchure du fleuve Cayenne, qui prendra le même nom. Conquérant la région dans le sang, persécutant les Indiens indigènes sur place, la compagnie de Rouen instaure l’esclavagisme en Guyane française pour le compte du commerce triangulaire et de la traite négrière.

Pourquoi la Guyane française fait-elle toujours partie de la France ?

La Guyane française fut moins centrale dans le commerce triangulaire français que les Antilles et fut longtemps délaissée. Cela ne signifie pas que les régimes successifs ne voyaient aucun intérêt dans ce qui fut appelé au moment de sa découverte la « France équinoxiale ». En 1794, la Convention de Paris vote l’abolition de l’esclavage, qui deviendra totalement effective par le décret du 27 avril 1848 de Victor Schœlcher après que Napoléon l’a rétabli sous son règne. Entre-temps, la France trouva un nouvel intérêt, tout aussi funeste, à ses terres guyanaises, qui deviennent un département français entre 1797 et 1802. C’est là-bas qu’elle envoya par navires des milliers de prisonniers dans ce qui devint une colonie pénitentiaire, à l’image du tristement célèbre bagne de Cayenne. Il faut dire que la France est aussi consciente des richesses de la luxuriante forêt équatorienne de l’intérieur des terres, notamment le long du fleuve Maroni où les Guyanais africains d’origine partaient à la conquête de l’or. L’orpaillage illégal fut l’un des facteurs du développement économique de la Guyane à la fin du XIXe siècle.

La Guyane française est-elle un DOM ou un TOM ?

En raison en partie de son ralliement à la France Libre du Général de Gaulle pendant la Seconde Guerre mondiale sous l’impulsion du résistant de la première heure Félix Éboué, la Guyane française abandonne son statut de colonie pour devenir un département français d’outre-mer en 1946. C’est aussi le gouvernement de De Gaulle qui décide d’installer en 1965 le Centre spatial guyanais près des villes de Kourou et Sinnamary (de par leur proximité avec l’Équateur), centre d’où sont encore aujourd’hui lancées les fusées Ariane et Vega. Aujourd’hui, la Guyane française est administrativement considérée comme un Département et région d’outre-mer (DROM), dénomination qui a remplacé les appellations DOM-TOM suite à la réforme constitutionnelle de 2003. Suite aux référendums de 2010, la loi du 27 juillet 2011 fait de la Guyane une collectivité territoriale unique (CTU), dont l’administration fusionne les compétences des départements et des régions.

Sources :

• Guyane française. Données historiques, L’aménagement linguistique dans le monde
• La Guyane, ce gros bout de France qu’on connaît mal, France Inter, 27 mars 2017
• La Guyane, une histoire de la fièvre de l’or – La marche de l’Histoire, France Inter, novembre 2019
• Outre-mer : des statuts de plus en plus différenciés, Vie publique, 29 juin 2022
• Guyane, Wikipédia, 27 février 2025

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