Pourquoi le concert « Solidarité Congo » à Paris fait polémique auprès de la diaspora rwandaise

Plusieurs associations de la diaspora rwandaise en France ont appelé au report de ce concert caritatif qui réunit notamment Gims, Youssoupha, Dadju ou Gazo à l’Accor Arena le 7 avril prochain, car il tombe le même jour que la journée internationale de commémoration du génocide rwandais de 1994.

Un concert caritatif baptisé « Solidarité Congo », auquel doivent notamment participer Gims, Youssoupha, Dadju ou Gazo à l’Accor Arena le 7 avril prochain, provoque la polémique auprès de la diaspora rwandaise.

Au cours des dernières semaines, plusieurs associations de la diaspora rwandaise en France ont demandé le report de ce show en faveur des enfants victimes du conflit dans l’est de la République démocratique du Congo, car la date de l’événement, le 7 avril, tombe lors de la journée internationale de commémoration du génocide des Tutsis, qui a fait au moins 800.000 morts en 1994 au Rwanda.

« Quand on sait la résonance de cette journée du 7 avril, on n’organise pas un concert le jour de commémoration du génocide », avait notamment dénoncé une association de rescapés du génocide, Ibuka France.

Un « événement essentiel »

Les organisateurs ont toutefois annoncé ce lundi 24 mars le maintien du concert au 7 avril afin de « garantir la tenue de cet évènement essentiel » dont la date a été choisie « en fonction de la disponibilité des artistes et de la salle ».

« Cette date choisie malencontreusement, en fonction de la disponibilité des artistes et de la salle, fut l’objet d’un débat malheureux. Face à cela, nous avons choisi de nous tenir à notre ligne directrice: rester fidèles à notre mission humanitaire », ont-ils expliqué.

Dans leur communiqué, les organisateurs ont de nouveau défendu ce concert, « né d’un élan de solidarité », et son objectif: « agir face à l’urgence et venir en aide aux enfants victimes de la guerre », rappelant que l’intégralité des recettes seraient reversées à des associations « oeuvrant sur le terrain ».

Retrait de l’Unicef

Dans ce contexte, l’annonce du maintien du concert au 7 avril, déclaré « journée internationale de réflexion » sur le génocide par l’ONU depuis 2003, a également fait des vagues du côté de l’Unicef.

L’agence onusienne de protection de l’enfance à qui devaient être reversées les recettes générées par ce concert, a annoncé qu’elle refusait d’être associée à cet évènement.

« L’Unicef s’est désolidarisée de la date du 7 avril, retenue pour cet événement, et ne sera donc pas le bénéficiaire du concert Solidarité Congo », a indiqué une porte-parole, sollicitée par l’AFP.

Mi-mars, l’Unicef avait déjà jugé « impossible » de bénéficier d’un concert caritatif organisé lors d’une journée « dédiée à une commémoration du génocide » qui a fait au moins 800.000 morts, majoritairement Tutsi, en 1994.

Appel à manifester devant Bercy

Du côté de la communauté rwandaise, l’heure est à la mobilisation. « Le 7 avril, on annulera toutes nos activités de commémoration et on sera tous devant Bercy (où se situe la salle de concert, NDLR) pour manifester », prévient Christophe Renzaho, président de la communauté rwandaise de France, qui s’indigne notamment du silence de la Mairie de Paris, actionnaire majoritaire de l’Accor Arena.

Malgré l’objectif humanitaire de « Solidarité Congo », ce responsable estime que certains artistes à l’affiche du concert relaient ou cautionnent des discours haineux à l’égard des Tutsi.

« Je suis dans l’incapacité de commémorer le décès de mes grands-parents en me disant qu’à moins de 3 kilomètres, il y a dans un concert des gens qui font l’apologie du génocide et de l’extermination des Tutsi. J’ai vécu ça, j’étais jeune. Aujourd’hui, je ne peux juste pas l’admettre », affirme à l’AFP Christophe Renzaho, qui fait état d’un très haut niveau de « colère » dans la communauté rwandaise.

Conflit qui dure depuis 30 ans

Depuis 30 ans, l’est de la RDC, région riche en ressources naturelles et frontalière du Rwanda, est ravagé par des violences meurtrières impliquant une myriade de groupes armés et certains pays voisins.

Ces violences se sont récemment intensifiées à la faveur de l’offensive éclair menée par le groupe armé M23, soutenu par des troupes rwandaises. Selon l’ONU, plus de 100.000 personnes ont fui la zone ces trois derniers mois.

Ce conflit puise ses racines dans le génocide des Tutsi en 1994, la fuite de centaines de milliers de Hutu, dont de nombreux génocidaires, en RDC et les guerres qui s’en sont suivies.

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