Le pouvoir du microbiote intestinal ne cesse d’être investigué, livrant une multitude de secrets qui intéressent les blouses blanches et une communauté d’initiés. Parmi lesquels, de nombreux entrepreneurs en quête de préserver ce « deuxième cerveau » au rôle clef dans notre bien-être. Infiniment complexe, il conditionne notre santé physique et mentale. Du jeûne thérapeutique à l’amélioration du sommeil, anatomie d’un organe à soigner avec le Dr Robin Mesnage de la Buchinger Wilhelmi Clinique.
L’influence du microbiote sur le système immunitaire est désormais scientifiquement prouvé, que pouvons-nous attribuer d’autres au microbiote et à sa bonne santé ?
Dr Robin Mesnage : Une perturbation du microbiote intestinal peut être associée à une variété de troubles, tant physiques qu’émotionnels, incluant des désordres digestifs, des dérèglements du système immunitaire, mais d’une manière plus surprenante l’obésité, la dépression, et le développement de cancers ou de maladies neurodégénératives.
L’intestin n’est donc pas juste un organe dédié au transit. Pourquoi peut-on jusqu’à dire que c’est notre « deuxième cerveau » ?
L’intestin est bien plus qu’un simple conduit pour le transit alimentaire ; il joue un rôle clé dans notre bien-être général et mérite son surnom de « deuxième cerveau » pour plusieurs raisons. Premièrement, il abrite un vaste réseau de neurones, connu sous le nom de système nerveux entérique, qui est si complexe et autonome qu’il peut fonctionner indépendamment du cerveau central. Ce réseau est crucial pour la gestion de la digestion, mais il influence aussi notre état émotionnel et mental via une communication bidirectionnelle entre l’intestin et le cerveau. Deuxièmement, l’intestin joue un rôle primordial dans la production et la régulation de neurotransmetteurs clés, comme la sérotonine, souvent appelée l’hormone du bonheur, dont une grande partie est produite dans l’intestin.
Des hormones peuvent être aussi produites par les bactéries du microbiote. Cette production affecte directement notre humeur et nos émotions, établissant un lien entre notre santé intestinale et notre santé mentale.
Comment le jeûne thérapeutique peut-il reprogrammer le microbiote et est-ce d’ailleurs la seule voie pour le faire ?
Le jeûne procure des bienfaits notables à la fois sur l’intestin et son microbiote. Au cours du jeûne thérapeutique, l’intestin active l’autophagie, un processus qui recycle les composants cellulaires détériorés pour en créer de nouveaux. Les parois de l’intestin se renouvellent grâce à la synthèse de nouveaux éléments tissulaires et à l’activation des cellules souches, tout en diminuant l’inflammation intestinale. Prendre soin de son intestin est semblable à l’entretien d’un jardin.
À l’instar d’un jardin où un écosystème riche ne peut se développer sur un sol détérioré, un intestin régénéré par le jeûne offre un environnement plus accueillant pour les bactéries bénéfiques à la santé. La pause alimentaire altère la composition du microbiote intestinal vers un état plus protecteur. C’est la réintroduction alimentaire qui est une seconde phase cruciale pour encourager le développement de bactéries favorables à la santé, en adhérant à nos conseils pour une alimentation saine. Le jeûne thérapeutique n’est pas forcément la seule voie pour reprogrammer son microbiote mais c’est sûrement la plus simple.
En prendre soin, comment cela se traduit-il au quotidien hors alimentation équilibrée ?
Prendre soin de son microbiote au quotidien – au-delà d’une alimentation équilibrée qui est clairement le point le plus important – implique d’adopter une approche holistique qui englobe plusieurs aspects de notre vie. Voici cinq pratiques essentielles : la gestion du stress, le stress chronique peut perturber l’équilibre du microbiote ; l’amélioration de son sommeil car lorsqu’il s’avère insuffisant ou de mauvaise qualité, cela peut avoir un impact négatif sur le microbiote. L’éviction d’aliments ultra-transformés puisqu’ils peuvent endommager l’intestin et le rendre poreux. C’est ce qu’on appelle communément le ‘leaky gut’. La pratique du jeûne intermittent et long, c’est l’une des meilleures stratégies pour réinitialiser le microbiote intestinal, comme décrit ci-dessus. Le jeûne intermittent, en particulier le régime 16h/8h, est très efficace et peut se pratiquer au quotidien.
Et enfin, la consommation d’aliments fermentés, même si cela touche à la nourriture, il est important de souligner le rôle des aliments fermentés qui sont riches en probiotiques, bénéfiques pour le microbiote.
Pourquoi les entrepreneurs que vous recevez en nombre font de ce sujet une priorité ? Est-ce que nos modes de vie citadins, ultra-connectés participent l’altération du microbiote ?
Les entrepreneurs accueillis dans nos cliniques ressentent fréquemment le poids du stress lié à un mode de vie urbain et hyperconnecté, marqué par l’absence de pauses, des voyages incessants, autant de facteurs nuisant à leur microbiote et impactant leur santé intestinale. Conscients du lien indissociable entre un système digestif sain et leur bien-être physique et émotionnel – essentiels pour conserver une vitalité soutenue et une capacité de décision optimale – ils considèrent le soin apporté à leur microbiote comme un investissement direct dans leur performance et réussite.
Quid des prédispositions génétiques influant dans le microbiote, est-ce qu’il y a un fatalisme pour certains ?
Les prédispositions génétiques peuvent influencer la composition du microbiote intestinal, mais elles ne sont pas un déterminant absolu. Les choix de mode de vie et d’alimentation jouent un rôle beaucoup plus important. Il n’y a donc pas de fatalisme, car des changements dans le régime alimentaire et le mode de vie peuvent améliorer la santé intestinale, même chez ceux ayant des prédispositions génétiques spécifiques.
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