Poursuite civile, boutique fermée : l’entreprise Tuxy est dans la tourmente

L’entreprise néo-brunswickoise Tuxy bat de l’aile. Sa boutique en ligne est fermée, des clients sont mécontents et elle fait face à une poursuite judiciaire. Tout porte à croire que cette histoire à succès tire à sa fin.

C’est à Moncton que cette jeune pousse a été lancée en 2017 par trois jeunes cofondateurs francophones. Leur produit phare était une grenouillère haut de gamme pour adultes.

Tuxy n’a pas tardé à avoir le vent dans les voiles, notamment grâce à une campagne de sociofinancement très populaire et à un passage réussi à l’émission Dragon’s Den, diffusée sur les ondes de CBC.

Derek Martin lors de sa participation à l’émission Dragon’s Den (Photo: Tuxy)

Photo : Photo : Tuxy

Aujourd’hui, l’entreprise semble avoir frappé un mur.

Son site web – où se trouvait sa boutique – n’est plus en ligne. Son adresse de soutien à la clientèle, toujours affichée sur sa page Facebook, n’existe plus.

Les dernières vidéos publiées sur ses pages Facebook et Instagram à la fin de 2024 ont été prises d’assaut par des gens mécontents qui allèguent qu’ils attendent des remboursements ou des produits de Tuxy.

La BDC réclame plus de 60 000 $ à Tuxy

L’entreprise et l’un de ses trois cofondateurs, Derek Martin, ont aussi été traînés devant les tribunaux par la Banque de développement du Canada, une société d’État qui appartient au gouvernement fédéral.

L'extérieur du palais de justice de Moncton.

La BDC a récemment déposé un avis de poursuite en Cour du Banc du Roi, à Moncton, contre Tuxy et Derek Martin (photo d’archives)

Photo : Radio-Canada / Pascal Raiche-Nogue

Dans un avis de poursuite déposé le 7 mars en Cour du Banc du Roi à Moncton, l’institution allègue que Tuxy n’a pas complètement remboursé des prêts consentis en 2020 et 2022.

La BDC réclame à Tuxy et à Derek Martin la somme de 60 963 $.

Ces derniers n’ont pas encore répondu à l’avis de poursuite. Les allégations faites par la BDC n’ont pas encore été prouvées en cour.

Marcel Leblanc, Mario Leblanc et Derek Martin sont les concepteurs du TUXY.

Les cofondateurs de Tuxy, Marcel LeBlanc, Mario LeBlanc et Derek Martin dans une photo d’archives. Les frères LeBlanc ne sont plus impliqués dans l’entreprise depuis cinq ans.

Photo : Courtoisie

Quant aux deux autres cofondateurs, les frères Mario et Marcel LeBlanc, ils ne sont plus dans le portrait depuis cinq ans, d’après le registre corporatif du Nouveau-Brunswick. Ils ont cessé d’être des administrateurs de la société en février 2020.

Un avis de dissolution publié par le gouvernement

Le gouvernement provincial a d’ailleurs publié le 19 février un avis dans lequel on peut lire que la société Tuxy Inc. pourra être dissoute dans 60 jours parce que des documents requis par la loi ne lui ont pas été soumis.

Selon le registre corporatif du Nouveau-Brunswick, Tuxy Inc. n’a pas soumis de rapport annuel ni payé ses frais d’enregistrement pour les années financières 2024 et 2025.

Nous avons tenté de joindre Derek Martin au cours des derniers jours afin d’avoir sa version des faits. Il n’a pas répondu à nos demandes.

J’ai trouvé ça louche et décevant

Jax Burke, une résidente de l’État américain du Connecticut, est l’une des personnes qui ont exprimé leur mécontentement sur la page Facebook de Tuxy.

En entrevue, elle raconte que son mari a commandé une grenouillère sur la boutique en ligne de l’entreprise à la fin de 2024. Il lui a offert le vêtement en décembre, quelques jours avant Noël. Sur le coup, elle était contente.

Je pense que comme la plupart des gens, j’ai été bombardée par des publicités ciblées de Tuxy pendant des années. Je trouvais que c’était super cool, mais je ne voulais pas l’acheter parce que je trouvais ça dispendieux, explique-t-elle.

Une femme aux cheveux bruns donne une entrevue par vidéoconférence.

Jax Burke explique en entrevue avec Radio-Canada Acadie qu’elle a été déçue de son expérience avec Tuxy.

Photo : Radio-Canada / Capture d’écran

Lorsqu’elle a essayé la grenouillère, Jax Burke a réalisé qu’elle était trop serrée. Son mari a fait les démarches pour le renvoyer à Tuxy.

Elle dit que le vêtement a été renvoyé par la poste à la mi-décembre et que le service de messagerie les a avisés que le colis avait bel et bien été livré à l’entreprise.

Jax Burke dit que son mari n’a pas eu de nouvelles de Tuxy.

Ils ont juste cessé de nous répondre. On n’a même pas reçu de confirmation de leur part qu’ils l’avaient reçu. Ils n’avaient pas de numéro de téléphone ou de clavardage [sur leur site], donc il a continué à leur envoyer des courriels. Il faisait des suivis probablement une ou deux fois par semaine pendant un mois et demi, dit-elle en entrevue.

Une publicité de l'entreprise Tuxy

Le site web de Tuxy n’est plus en ligne, mais on peut toujours trouver des traces de l’entreprise, comme cette publicité dénichée grâce à une recherche Google.

Photo : Source: Google

Elle explique qu’à bout de patience, son mari a fait une réclamation auprès de l’émetteur de sa carte de crédit et qu’il a pu faire annuler la transaction. Il a heureusement obtenu un remboursement.

Jax Burke raconte qu’elle se sentait mal pour son mari, qui avait voulu lui faire une surprise.

Elle explique qu’elle est elle-même propriétaire d’une petite entreprise et qu’elle comprend que des choses peuvent arriver. Elle est tout de même déçue.

Ça ne m’a juste pas semblé professionnel. J’ai trouvé ça louche et décevant. […] De ne pas répondre du tout à tes clients, c’est juste terrible.

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