Première Ligue :« Ma mère m’avait interdit de faire du foot », le Ballon d’Or camerounais Naomi Eto se forge dans l’adversité

Recrue hivernale de l’En Avant Guingamp, Naomi Eto ne recule devant rien. Élue Ballon d’Or camerounais début mars, elle s’acclimate à l’Europe après une formation au pays.

Première Ligue. Le Havre – EA Guingamp, samedi (17 h)

L’Europe, elle découvre. Le climat de la Bretagne aussi. « Ici, il fait très froid », peine à se réchauffer Naomi Eto en sortant d’un entraînement pluvieux. Jamais, jusqu’au mois de février et sa signature à l’EAG, elle n’avait quitté son Cameroun natal, sauf lors de compétitions internationales comme la Coupe du monde U20 en septembre, au cœur de la chaleur colombienne. « C’est comme ça que Guingamp m’a repéré », confie l’attaquante de 20 ans, qui affiche quatre réalisations en autant de matchs au Mondial.

Ballon d’Or camerounais

En rejoignant l’Europe, Naomi Eto a franchi une étape supplémentaire dans sa jeune carrière, tout comme en agrémentant son palmarès du Ballon d’Or camerounais au début du mois. Un trophée décerné en fonction « des prestations en club et en équipe nationale. En 2024, je n’ai pas beaucoup joué en club. Seulement onze matchs, parce que le championnat continue pendant qu’on est convoqué en sélection. Mais j’ai quand même eu de bonnes statistiques avec sept buts et quatre passes décisives », détaille la native de Yaoundé, arrivée dans les Côtes-d’Armor pour rebooster l’attaque d’En Avant. « Et en sélection, j’ai planté neuf buts en dix matchs. » Le ratio est impressionnant, et la voilà considérée comme une star au pays. « Quand tu fais carrière dans le football, des gens t’admirent. Mais je me vois comme quelqu’un de normal », relativise Naomi.

Naomi Eto face à Fleury. (Photo Alain Auffret)

« Au début, je jouais en cachette »

Cette trajectoire aurait pourtant pu ne jamais exister pour l’inconditionnelle fan de Samuel Eto’o. « Au début, je jouais en cachette parce que ma mère m’avait interdit de faire du foot. Elle voulait que je travaille dans la gendarmerie. » Mais l’avant-centre a pu compter sur son professeur de sport au lycée. « J’ai commencé à jouer avec mes amis dans le quartier. Et lui, il m’a amenée à l’Académie Roger Milla », raconte la Guingampaise, qui a déjà fait deux apparitions en Rouge et Noir.

Les portes du rêve se sont alors entrouvertes. Et un milieu méconnu pour elle au passage. « Ce sont souvent des enfants riches qui vont là-bas. Moi, je ne l’étais pas, mais j’ai eu de la chance parce que je n’ai pas eu à payer, comme j’étais une fille et une bonne joueuse dans une académie de garçons. »

Le foot féminin chez les seniors

Durant ses saisons de formation, Naomi Eto a bataillé auprès des garçons, avant de basculer vers le foot féminin chez les seniors, du côté des Forces armées et police de Yaoundé. « Je voulais m’entraîner avec des garçons parce qu’on apprend plus vite avec eux », estime l’internationale camerounaise, engagée avec l’EAG jusqu’à la fin de la saison.

Reste maintenant à s’imposer en Europe. Et, dans un premier temps, à Guingamp, où ses débuts, contre Lyon et Fleury, furent timides. « Ici, c’est plus technique, mais moins physique qu’au Cameroun », observe la footballeuse, élue révélation du championnat local avec les Amazones FAP en 2021-2022. « Il faut que je marque beaucoup de buts, et si on a la foi, on pourra gagner des matchs. » Naomi Eto a l’habitude de se forger dans l’adversité.

Crédit photo : Photo Gaëtan Pinel

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