Présidentielle 2025 au Gabon : Jean Ping abandonne l’opposition et rallie le général Nguema

Jean Ping


À l’approche de la présidentielle du 12 avril 2025, la scène politique gabonaise connaît un bouleversement majeur avec l’annonce de Jean Ping, ancien candidat à la présidence et figure emblématique de l’opposition, de soutenir le général Brice Oligui Nguema. Cette alliance inattendue avec un homme qui a accédé au pouvoir suite à un coup d’État en août dernier crée un véritable séisme politique au Gabon.

Jean Ping, qui a longtemps incarné l’opposition au régime du président sortant, a choisi de se rallier au général Nguema, un militaire devenu chef de l’État après avoir renversé Ali Bongo Ondimba. Cette décision, qui a pris de court bon nombre d’observateurs politiques, soulève de nombreuses interrogations. Pourquoi Ping, ancien adversaire farouche du pouvoir en place, a-t-il décidé de soutenir Nguema, dont l’accession au pouvoir par la force reste controversée ?

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Pour les analystes politiques, ce soutien peut être perçu comme une démarche stratégique. En unissant leurs forces, Ping et Nguema semblent vouloir offrir une alternative crédible face à la candidature officielle, celle de l’exécutif en place, largement rejetée par une partie de l’électorat gabonais. Cette alliance permettrait de regrouper les opposants sous une bannière commune, dans l’espoir de créer un front unique suffisamment fort pour contester la majorité actuelle.

Les motivations derrière cette alliance

L’un des enjeux majeurs de cette alliance est la légitimation du général Nguema auprès d’une large frange de l’électorat. En s’associant à Jean Ping, le général pourrait espérer convaincre les électeurs modérés et les partisans traditionnels de l’opposition, qui restent sceptiques quant à l’avenir politique du Gabon après le coup d’État de 2023. Pour certains, le soutien de Ping pourrait permettre de donner un semblant de légitimité au régime en place, à défaut de l’avoir obtenue par des voies démocratiques.

Cependant, ce rapprochement a aussi de lourdes implications pour l’image et la carrière politique de Jean Ping. Pendant des années, Ping a défendu une vision démocratique et a combattu la prolongation du pouvoir par des moyens autoritaires. En soutenant Nguema, certains de ses anciens alliés dans l’opposition estiment qu’il trahit ses principes fondamentaux et se rend coupable d’une compromission morale.

Des critiques internes qui risquent d’affaiblir l’opposition

Les critiques ne manquent pas, notamment au sein des partis de l’opposition qui reprochent à Jean Ping de flirter avec un pouvoir militaire, ce qu’il avait toujours dénoncé par le passé. Ce ralliement pourrait aussi engendrer une division parmi les opposants, déjà fragilisés par des divergences internes. En effet, certains voient dans ce soutien une opportunité de briser l’hégémonie du pouvoir en place, tandis que d’autres y perçoivent une alliance de circonstance qui ne fait qu’entraver la cause démocratique.

La question qui se pose désormais est de savoir si ce soutien de Ping à Nguema est un geste de pragmatisme politique ou une concession difficile, dictée par des intérêts personnels ou partisans. Une chose est certaine : cette alliance pourrait redéfinir le paysage politique gabonais et influencer de manière déterminante l’issue de la présidentielle du 12 avril.

Un dilemme pour les électeurs gabonais

À quelques semaines du scrutin, les électeurs gabonais se retrouvent face à un choix complexe. La perspective d’un front uni contre le pouvoir en place pourrait inciter une partie de la population à soutenir ce ticket, tout en soulevant des doutes sur la stabilité et l’avenir démocratique du Gabon. Pour beaucoup, l’absence de valeurs démocratiques et le soutien à un homme arrivé au pouvoir par un coup d’État soulèvent des préoccupations quant à la direction que pourrait prendre le pays dans les années à venir.

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Le 12 avril 2025, date de la présidentielle, s’annonce comme un moment décisif. Quelles que soient les motivations derrière cette alliance, l’avenir politique du Gabon pourrait en sortir redéfini, entre espoir de changement et scepticisme face aux dérives du pouvoir. Les électeurs devront trancher entre l’appel à l’unité des opposants et la nécessité de préserver les principes démocratiques du pays. Le Gabon se trouve ainsi à un carrefour politique crucial.

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