Le 31 mai 2024 au petit matin, trois propriétaires de véhicules Toyota ont une mauvaise surprise au réveil : leurs voitures se sont volatilisées. Le lendemain, même constat, une Toyota supplémentaire a été dérobée dans la nuit. Ces vols ont eu lieu à Saint-Xandre et Marsilly, deux communes de l’agglomération rochelaise. La gendarmerie de Nieul-sur-Mer commence l’enquête : visionnage des caméras de surveillance à Saint-Xandre, suivi GPS, écoutes téléphoniques…
Les enquêteurs remontent ainsi jusqu’à Niort où les véhicules semblent transiter. Ils finissent par découvrir le 24 juin, dans un hangar situé à Benet en Vendée (à 20 minutes de Niort), les quatre véhicules ainsi qu’un cinquième dérobé en Italie. Les voitures sont prêtes à être envoyées dans un conteneur vers le Sénégal, en transitant par le port du Havre. Plusieurs personnes sont arrêtées sur place, une autre s’enfuit. Deux individus sont inquiétés par la suite grâce aux traces ADN retrouvées sur place, notamment dans un gant et sur une sangle.
« Démarreurs » et « conducteurs »
Ce jeudi 20 mars 2025, ils étaient finalement cinq à être jugé par le tribunal judiciaire de La Rochelle pour ces vols en réunion (ou leur complicité). Les plus jeunes viennent de la région parisienne et reconnaissent se connaître « depuis petits ». Jérémy Madiadia par exemple, venait d’avoir 18 ans au moment des faits. Les deux plus âgés sont nés au Sénégal. Au cours de l’audience, les prévenus répondent aux questions mais restent évasifs. Pourquoi Abdalaye Traoré a-t-il plusieurs téléphones portables ? « Je change tous les trois mois », réplique-t-il simplement. Pourquoi la sacoche d’Idrissa Sarr a-t-elle été retrouvée dans le jardin d’un habitant de Benet ? Le jeune homme avoue avoir pris la fuite le 24 juin dernier mais se contente d’un « j’ai eu peur » en explication.
Malgré ces réponses laconiques, l’organisation des individus semble se dessiner. Certains sont des « démarreurs », c’est-à-dire qu’ils ont appris les techniques pour démarrer sans clé certains modèles de Toyota comme les « C-HR » ou les « RAV-4 » et se sont rendus en Charente-Maritime pour commettre ces infractions. D’autres sont des « conducteurs », rémunérés une centaine d’euros pour déplacer les voitures vers les conteneurs. La tête de ce réseau – qui dépasserait largement les cinq individus présents ce jour devant le tribunal – ne semble pas se trouver parmi eux.
« Équipe à tiroir »
« Pourquoi mon client aurait-il laissé des gants sur place s’il savait qu’il déplaçait des véhicules volés ? », demande Julie Castaing, l’avocate de Mamadou Diallo. « C’est ce qu’on appelle une équipe à tiroir. Chacun est commandité. C’est de la délinquance astucieuse, sans violence, qui exploite les fragilités connues de certains véhicules. Mais l’enquête n’a pas permis de découvrir qui étaient les gros bénéficiaires de cette affaire », admet le vice-procureur Hervé Charles. Les cinq prévenus sont reconnus coupables pour avoir trempé dans le trafic. Quatre d’entre eux ont écopé d’un à deux ans de prison ferme. Plusieurs étaient déjà incarcérés pour d’autres affaires.
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