Prix du cacao : La Côte d’Ivoire prend de l’avance, le Ghana risque la fuite des récoltes


L’industrie du cacao en Afrique de l’Ouest, dominée par la Côte d’Ivoire et le Ghana, fait face à des enjeux cruciaux en cette nouvelle campagne 2024/2025. Tandis que la Côte d’Ivoire décide d’augmenter de 22 % le prix garanti aux producteurs, le Ghana choisit de maintenir un prix fixe de 1800 FCFA par kilogramme de cacao, une décision qui pourrait avoir des répercussions importantes sur l’économie du secteur et sur la lutte contre la contrebande.

Depuis le 1er octobre 2024, la Côte d’Ivoire a fixé un prix garanti de 1800 FCFA pour le kilogramme de cacao, avec l’objectif affiché de soutenir les producteurs et d’améliorer leurs revenus. Cette augmentation, qui s’élève à 22 % par rapport à la campagne précédente, vient s’ajouter à la politique de stabilisation des revenus des cultivateurs ivoiriens, qui représentent près de 40 % de la production mondiale de cacao. Elle répond également à la pression exercée par les producteurs face aux coûts de production croissants et aux défis liés à la gestion de leurs exploitations agricoles.

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Le gouvernement ivoirien espère ainsi dynamiser un secteur clé de son économie, tout en consolidant sa position sur le marché international. Mais cette décision pourrait également avoir des effets secondaires sur la région, notamment vis-à-vis de la concurrence avec son voisin ghanéen.

Le Ghana Maintient son Prix Fixe : Une Stratégie de Stabilité ?

À l’inverse, le Ghana, deuxième plus grand producteur mondial de cacao, a choisi de maintenir son prix fixe de 1800 FCFA par kilogramme, comme annoncé par le régulateur Cocobod dans une communication aux acheteurs agréés. Cette décision, qui repose sur des considérations économiques et politiques internes, vise à maintenir une certaine stabilité dans un marché volatile, en particulier face aux fluctuations des prix mondiaux du cacao.

Cependant, cette stabilité apparente pourrait cacher des tensions internes. Le prix relativement plus bas offert aux producteurs ghanéens pourrait pousser une partie d’entre eux à se tourner vers des alternatives, notamment en contrebande, pour maximiser leurs profits. Selon des estimations du Cocobod, environ 160 000 tonnes de cacao ont été perdues par le Ghana à cause de la contrebande durant la campagne 2023/2024.

Une Contrebande en Forte Croissance

La contrebande de cacao ghanéen vers la Côte d’Ivoire est une problématique récurrente. En effet, avec des prix plus attractifs en Côte d’Ivoire, de nombreux producteurs ghanéens préfèrent vendre leur récolte de manière informelle, échappant ainsi aux contrôles et au fisc. En plus de la Côte d’Ivoire, des pays comme le Burkina Faso et le Mali sont également des destinations privilégiées pour la contrebande du cacao ghanéen.

Cette tendance est particulièrement préoccupante à l’aube de la campagne 2024/2025, où le Ghana prévoit une production de 650 000 tonnes de cacao, soit une hausse de 22 % par rapport à l’année précédente. La question se pose désormais : comment le Ghana va-t-il gérer cette augmentation de la production face à une pression croissante de la contrebande ?

L’Initiative pour l’Harmonisation des Prix : Un Défi de Coopération

La Côte d’Ivoire et le Ghana, bien que compétiteurs sur le marché international, ont initié une série de discussions pour harmoniser les prix à la production et faciliter un approvisionnement plus fluide. L’objectif est de renforcer la position de l’Afrique de l’Ouest sur le marché mondial, mais aussi de répondre de manière concertée aux défis internes, dont la contrebande.

Cette initiative est cependant fragile et nécessite une coopération plus étroite entre les deux pays. Le maintien de différences de prix, comme c’est le cas actuellement, pourrait creuser un fossé encore plus grand et encourager la fuite des récoltes vers des marchés informels. Pour y remédier, des stratégies communes de surveillance des frontières et de lutte contre les réseaux de contrebande devront être mises en place.

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La filière cacaoyère de l’Afrique de l’Ouest entre dans une phase déterminante de son développement. Tandis que la Côte d’Ivoire mise sur une hausse des prix pour soutenir ses producteurs, le Ghana, dans une stratégie de stabilité, pourrait voir ses efforts contrariés par la montée en flèche de la contrebande. L’avenir du secteur dépendra d’une meilleure coopération entre les deux géants du cacao et de la mise en place de solutions concrètes pour lutter contre ce fléau qui menace la durabilité du secteur.

Afriksoir

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