Une petite cure de collagène pour soulager des douleurs articulaires ou retarder le vieillissement de la peau ? On le connaissait sous forme d’injections ou de crème, le revoilà à avaler, sous forme de gummies, d’ampoules, de poudre… Que vaut ce complément alimentaire ? On fait le point.
D’où vient le collagène ?
Ce terme générique, qui regroupe plusieurs types de collagène, désigne l’une des principales protéines du corps. Il compose nos tissus conjonctifs, dont la peau, les tendons ou le cartilage. Notre corps en fabrique tout au long de notre existence, mais sa synthèse ralentit avec le temps qui passe.
Quels sont les différents types de collagène ?
Il existe plus de 25 types de collagène avec des propriétés différentes, « dont celui de type I, qu’on va retrouver dans la peau par exemple, et un autre de type II, qu’on va retrouver dans le cartilage » nous explique le professeur Francis Berenbaum, chef du service de rhumatologie à l’hôpital Saint-Antoine de Paris. « Le cartilage est constitué d’un collagène de type II, capable de retenir beaucoup les sucres et l’eau. Il est donc propice à avoir des propriétés biomécaniques favorables pour amortir les chocs ».
D’où vient le collagène en complément alimentaire ?
Les collagènes en vente sur le marché français, que l’on trouve dans les pharmacies, sont soit d’origine animale, issus de carcasses de bovins ou de porcins, d’écailles et d’arêtes de poissons pour le collagène marin, soit d’origine végétale, à base de pois et de petits pois. Plusieurs marques existent, comme Biocyte, Granions, Nutripure ou encore Colpropur.
Pourquoi prendre ce collagène ?
« C’est un produit de soin » nous précise Jonathan Lust, nutritionniste et responsable secteur sud-ouest pour Colpropur, des laboratoires Protein SA. Les produits de la gamme, fabriqués à partir de protéines animales, se déclinent en poudre, à prendre en cure ou à l’année, à raison de 10 grammes de collagène hydrolysé par jour. Pourquoi hydrolysé ? « Parce que notre organisme ne peut digérer cette molécule telle quelle, et l’hydrolyse permet d’augmenter le taux d’absorption ».
« Au même titre que la vitamine D, je prescris du collagène à certaines de mes patientes, surtout en cas de douleurs articulaires. C’est de la prévention. Il ne faut pas attendre d’être malade pour agir » renchérit de son côté le docteur Lenka Gala, gynécologue au centre hospitalier de Bayeux, dans le Calvados. « Ce n’est pas un produit miracle, une baguette magique, mais il participe à une amélioration de l’état de santé globale » assure-t-elle.
A-t-on des preuves d’une quelconque efficacité thérapeutique ?
Non. Le collagène en complément alimentaire n’a pas d’effet thérapeutique avéré. Le professeur Francis Berenbaum est catégorique : « Aujourd’hui, il n’y a aucune démonstration, aucune preuve médicale que c’est plus efficace qu’un placebo. Il n’y a aucune étude bien faite d’un point de vue méthodologique, publiée dans une revue de grande qualité scientifique, qui va démontrer un effet, quel qu’il soit, pour une personne qui a telle ou telle pathologie ».
Alors pourquoi est-il parfois prescrit en cas de douleurs articulaires ? « Parce que c’est une pathologie où environ une personne sur deux ressent une amélioration de son état de santé alors qu’elle reçoit un placebo » nous explique le rhumatologue.
Peut-on trouver du collagène dans notre alimentation ?
Oui. Il existe des fibres de collagène dans notre nourriture. « Mais dès qu’il est absorbé, il est attaqué par toutes les enzymes de notre estomac et donc dégradé en tout petits fragments », c’est-à-dire détruit. « Or, il n’a jamais été démontré que ces tout petits fragments pourraient avoir un effet bénéfique ». En réalité, « on a surtout besoin d’une alimentation équilibrée pour permettre à nos cellules de bien fonctionner, d’avoir ce qu’il faut en sucres, en lipides, en protéines et en différentes vitamines pour faire marcher la machinerie cellulaire qui va fabriquer les acides aminés utilisés par l’organisme » insiste le professeur.
Existe-t-il des effets indésirables ?
Aucun. Les effets indésirables que l’on pourrait éventuellement observés seraient dus à la présence d’excipients qui seraient rajoutés au collagène dans le complément alimentaire. « Si ces excipients n’ont pas été bien contrôlés, il peut y avoir des effets indésirables inattendus. C’est pour ça que ce que je demande aux patients qui veulent prendre du collagène de l’acheter en pharmacie : on sait que ça a été contrôlé et on connaît la quantité exacte de collagène qui a été mise dans le complément alimentaire. Autant éviter d’avoir des problèmes annexes » conseille Francis Berenbaum.
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