« Puzzle » de l’Afrique et de l’Amérique du Sud : un lieu unique témoigne de la séparation de ces continents
Lorsque l’on s’amuse à faire tourner un globe terrestre, c’est l’un des aspects les plus fascinants : la complémentarité quasi-parfaite entre la côte est de l’Amérique du Sud et la côte ouest de l’Afrique. Représenté par les cartographes avant d’être visualisé depuis l’espace, cet étrange « puzzle » est en fait l’un des témoignages d’un évènement majeur qui eut lieu il y a quelque 140 millions d’années…
Lui-même issu de l’éclatement d’un autre supercontinent, la Pangée, le Gondwana a commencé à se fragmenter il y a 180 millions d’années en deux « morceaux » dont l’un se déchira, 40 millions d’années plus tard, pour former les deux continents que nous observons aujourd’hui de part et d’autre de l’océan Atlantique Sud.
Au-delà du simple puzzle géographique, plusieurs sites d’étude renferment les preuves géologiques de cette séparation, notamment des roches et des fossiles. Mais les auteurs d’une étude publiée dans la revue Geological Society, London, Special Publications (24 avril 2024) révèlent aujourd’hui l’existence d’un lieu qui rassemble en un même endroit les vestiges de toutes les étapes de ce processus, en particulier entre -130 millions d’années (Ma) et -70 Ma.
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Champs de lave, dépôts de sel…
Ce lieu exceptionnel n’est autre que le bassin de Namibe, dans le sud de l’Angola. Une région qui attire autant les géologues que les prospecteurs mandatés par l’industrie pétrolière, compte tenu des réserves d’hydrocarbures qu’elle recèle (Agência Angola Press, 2023).
« Il y a des endroits en Amérique du Sud, par exemple, où l’on peut voir telle ou telle partie de la fissure, mais en Angola, tout est réuni en un seul endroit », souligne le Pr Louis L. Jacobs de la Southern Methodist University (SMU) au Texas (États-Unis), auteur principal de l’étude (communiqué).
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Ici, les champs de lave révèlent les épanchements volcaniques, tandis que les failles géologiques indiquent les endroits où les continents se sont séparés. Les dépôts de sel, eux, témoignent de l’inondation ou au contraire de l’évaporation de l’eau. Enfin, les sédiments océaniques marquent l’entrée dans l’âge « adulte », en quelque sorte, de l’océan Atlantique Sud.
…et fossiles de reptiles marins
Si ces différents éléments avaient été dévoilés progressivement à partir de 2005, il aura fallu la contribution plus récente des paléontologues pour compléter le tableau. Ceux-ci ont découvert des fossiles de grands reptiles marins ayant vécu à la fin du Crétacé : « nous avons pu documenter l’époque où il n’y avait pas d’océan du tout, et celle où l’océan était suffisamment frais pour que ces reptiles prospèrent et aient de quoi se nourrir », note Diana P. Vineyard, co-auteure.
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Une véritable révolution pour les experts concernés. « Avant cela, il n’y avait pas d’endroit connu pour aller voir les roches en surface qui reflétaient vraiment l’ouverture de l’océan Atlantique Sud, parce qu’elles sont maintenant dans l’océan ou érodées », relate le Pr Jacobs. Une contrainte qui obligeait donc ses pairs à recueillir des données à l’aide d’expériences géophysiques (données sismiques) et de prélèvements de carottes de sédiments au fond de l’océan.
« C’est une toute autre chose que d’organiser une excursion pour observer les formations rocheuses ou les affleurements, et de pouvoir dire : ‘c’est à cette époque que la lave s’est répandue à partir de l’est de l’Amérique du Sud’. Ou : ‘c’est à cette époque que la terre était continue' », compare Michael J. Polcyn (SMU), co-auteur de l’étude. Telle une visite guidée dans l’extraordinaire passé de notre planète…
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The Geological Society, London, Special Publications
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