Dans le monde impitoyable des essais routiers, il existe une race rare et fascinante : le journaliste automobile old-school. Armé de son calepin taché de café, de son aversion pour tout ce qui clignote ou bippe, et d’une nostalgie maladive pour l’odeur du carburateur, ce spécimen parcourt les routes pour nous livrer des vérités éternelles.
Son ennemi juré ? La technologie. Parce que, soyons honnêtes, pourquoi diable voudrais-tu une voiture qui freine toute seule quand tu peux t’en remettre à tes réflexes d’acier trempé et à ta prière silencieuse à Saint-Christophe ?
La Tesla ? Une Calculatrice sur Roues
Prenons un essai routier classique signé par l’un de ces puristes. Vous savez, le genre de gars qui pense que le summum de l’innovation, c’est la vitre électrique manuelle. « J’ai testé la Tesla Model Z, » commence-t-il, le front plissé comme s’il venait de mordre dans un citron. « Franchement, c’est une abomination.
L’écran tactile fait tout ! Où est le plaisir de tourner une molette rouillée pour régler la clim ? Et cette histoire de pilotage automatique ? Ridicule. Moi, j’aime sentir la route, pas déléguer ma vie à un algorithme qui a probablement été codé par un ado boutonneux en pyjama. » Oui, bien sûr, Jean-Michel Volant, rien ne vaut le frisson de rater un virage à 90 km/h pour « sentir la route ».
Les Freins Automatiques : Une Insulte Personnelle
Et puis il y a cette obsession pour dénigrer les systèmes d’aide à la conduite. « Les freins automatiques m’ont stoppé net alors qu’un piéton traversait. Quelle horreur ! Comment suis-je censé prouver ma virilité si la voiture fait tout à ma place ? »
On imagine presque notre héros, cape au vent, prêt à affronter un feu rouge à mains nues, furieux que son SUV hybride ose lui voler la vedette. La technologie, ce voleur de gloire !
Le GPS : L’Ennemi de l’Aventure
Ne parlons même pas du GPS intégré. « De mon temps, on roulait avec une carte routière déchirée et un sixième sens infaillible, » proclame-t-il, oubliant commodément les trois heures passées à tourner en rond dans un rond-point belge. La navigation par satellite ?
Une hérésie pour ces explorateurs des temps modernes, qui préfèrent demander leur chemin à un fermier bourru plutôt que d’admettre que Siri a parfois raison.
L’Électrique : Le Silence de la Honte
Et que dire des voitures électriques ? « Ce silence, c’est insupportable, » gémit-il en testant une berline dernier cri. « Une voiture doit rugir, vibrer, cracher des nuages noirs pour qu’on sache qu’elle est vivante ! »
Traduction : si ta voiture ne réveille pas tout le quartier à 6h du matin, es-tu vraiment un homme ? Peu importe que ces bolides électriques accélèrent de 0 à 100 en trois secondes chrono – pour notre chroniqueur, c’est juste un aspirateur glorifié.
La Recharge : Le Calvaire des Branchés
Mais le vrai moment de gloire de notre journaliste, c’est quand il aborde la recharge d’un véhicule électrique. « J’ai dû m’arrêter à une borne, attendre 30 minutes comme un vulgaire utilisateur de grille-pain, et brancher un câble plus lourd que ma dignité, » pleurniche-t-il, la larme à l’œil.
« Avec mon bon vieux diesel, je faisais le plein en deux minutes, et je repartais en laissant une belle traînée noire derrière moi – ça, c’était la liberté ! » Oubliez le fait que trouver une borne libre relève parfois du miracle ou que le silence de la recharge lui a permis d’entendre les oiseaux pour la première fois depuis 1992.
Non, pour lui, attendre à côté d’une voiture qui se « rejuice » en silence, c’est une atteinte à son statut de roi de la route. « Et ces prix exorbitants pour un plein d’électrons ? Autant rouler avec une pile géante ! » hurle-t-il, oubliant que le litre d’essence n’est plus à 5 francs depuis belle lurette.
Conclusion : Retour au Cheval ?
Alors, où va-t-on avec ces croisés du levier de vitesse ? Peut-être qu’un jour, lassés des airbags, des capteurs de stationnement et des phares automatiques, ils nous proposeront un essai nostalgique du cheval et de la charrette. « Enfin une monture qui ne me juge pas avec ses bips incessants ! » En attendant, continuons d’admirer ces gardiens du passé, qui, entre deux tirades contre l’avenir, oublient que leur article a été tapé sur un ordinateur et publié en ligne. Ironie, quand tu nous tiens.
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