quelles contreparties la France a-t-elle pu donner à l’Iran ?

Il n’y a aucune libération gratuite. Les contreparties avec Téhéran sont souvent des libérations d’Iraniens réclamées par la République islamique. Ce fut le cas plusieurs fois dans le passé. Mais il n’y a plus d’Iraniens détenus en France, dont l’élargissement est exigé par Téhéran. Donc, c’est autre chose. 

Par exemple, une demande iranienne que la France serre la vis contre des opposants, en particulier les Moudjahidins du peuple, des opposants certes détestés par la plupart des Iraniens, mais très actifs en termes de communication. Ils ont toujours un siège en banlieue parisienne. C’est un irritant ancien entre Paris et Téhéran. Ils organisent des réunions auxquelles assistent contre rétribution d’anciens ministres des Affaires étrangères. Ils font aussi beaucoup de lobbying auprès des parlementaires. Après la libération d’Olivier Grondeau, il sera intéressant d’observer si leurs activités sur le sol français restent aussi fortes.
 
Cela peut être aussi des demandes diplomatiques. Les Iraniens mettent sur la table des exigences sur tel ou tel dossier où les positions françaises les embarrassent. L’Iran occupe par exemple depuis des décennies trois petites îles dans les eaux du Golfe persique qui appartiennent aux Émirats arabes unis. Est-ce le fruit du hasard ? Lundi 17 mars, alors qu’Olivier Grondeau retrouvait la France et ses parents, Paris publiait un communiqué inhabituel, moins dur contre l’occupation de ces îles par Téhéran. 

Paris et Téhéran se parlent et s’épient en même temps

Même si la relation franco-iranienne est dégradée à cause des ambitions nucléaires de Téhéran, les services de renseignements des deux camps se parlent. Ils peuvent même ponctuellement collaborer dans le cadre d’impératifs sécuritaires communs. Mais au-delà, à travers ces détentions arbitraires de Français ou d’autres étrangers, l’Iran cherche bel et bien à peser sur le cours de la politique des pays dont il détient des ressortissants.

Entre la France et l’Iran, on a l’impression que c’est une véritable guerre de l’ombre qui fait rage depuis longtemps. Chaque camp s’épie, au sens propre d’ailleurs. Un ancien ambassadeur d’Iran à Paris me confiait que l’appartement en face du 6ème étage de leur bâtiment près du Trocadéro était truffé de caméras. Mais à Téhéran, les ambassadeurs de France subissent le même traitement. Ils retrouvent fréquemment des micros dans les pots de fleurs de leur résidence, ils doivent parfois se séparer de leurs maîtres d’hôtels en qui ils n’ont plus confiance parce qu’ils sont tenus de renseigner les services iraniens. 

Sans parler, bien sûr, du propre traducteur de l’ambassadeur. Ainsi que celui du représentant iranien en France, un traducteur aux premières loges de tous les entretiens avec les présidents français. Un diplomate qui intéresse beaucoup de monde. C’est probablement l’homme le plus surveillé par la CIA à Paris, confie un espion français. Car les États-Unis, ennemi juré de l’Iran depuis plus de 40 ans, ne sont jamais très loin dans cette impitoyable guerre de l’ombre.

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