Quentin Poncelet, des épreuves Club au Master Pro 1 en quatre ans

À 22 ans, Quentin Poncelet vit son premier championnat de France en catégorie Pro. Si cette situation semble presque anodine, à y regarder de plus près, sa présence dans les épreuves Pro 1 relève de l’exploit quand on sait qu’il évoluait sur des parcours d’à peine 1 mètre il y a quatre ans seulement.

Au Printemps des sports équestres de Fontainebleau, son histoire tranche avec celle des autres cavaliers de son âge. Lui n’a pas baigné dans le cheval avant même de faire ses premiers pas. « J’ai commencé à monter en club vers mes 8 ans », raconte-t-il, enjoué de partager son vécu. Des débuts qu’il effectue dans une ferme équestre orientée vers la randonnée à cheval. Sa pratique se composait essentiellement de balades en forêt. Au fur et à mesure, au plaisir du contact avec l’animal, Quentin a voulu ajouter de l’adrénaline et des sensations plus fortes. C’est alors qu’il s’est orienté vers un poney-club pratiquant le saut d’obstacles et fait ses premiers pas en épreuves Poney et Club.

La bonne rencontre

Désireux de progresser et de sauter des barres plus impressionnantes, Quentin se met alors à la recherche d’un cheval qui lui permettrait, à terme, de se faire plaisir sur des épreuves à 1,20 m. Un jour de début d’année 2020, accompagné de sa maman, il se rend chez un certain Daniel Constant. Il s’avère que ce cavalier international français de saut d’obstacles, ayant monté au plus haut niveau dans les années 70, est installé non loin de chez lui, dans le sud-ouest de la France, à Nay (64). L’homme lui explique alors qu’il ne peut lui vendre un cheval sans connaître son niveau. « Il m’a fait monter un très bon cheval à lui qui sautait 1,30 m. Évidemment, je n’avais monté que sur des épreuves Club 2 donc j’avais beaucoup de choses à travailler. Je n’étais pas au niveau du cheval », se souvient-il.

Pourtant, l’entraîneur décèle un certain potentiel chez le jeune homme. « Il a accepté de me prendre sous son aile pour me faire progresser. Pendant quelques mois j’ai monté ses chevaux à hauteur d’une fois par semaine. » En juillet de la même année, la route de Quentin croise celle de Donja, une jument KWPN alors âgée de 12 ans qui évoluait jusqu’en épreuves à 1,35 m. « Lorsque je suis monté dessus, je me suis tout de suite senti vraiment en confiance. Il y a eu un truc, une alchimie, se remémore-t-il avec émotion. Surtout, moi qui n’avais pas confiance en moi, je me sentais pousser des ailes. J’avais besoin de me sentir en confiance et de trouver le cheval avec qui j’allais pouvoir construire un lien. »

Fulgurante ascension

Mais voilà que quelques mois après les très bons débuts du couple, qui enchainait déjà les bonnes performances jusqu’à 1,10 m, une mauvaise nouvelle tombe. Donja est très probablement vendue. « Je suis tombé de haut. Je ne me voyais vraiment pas continuer sans elle. » Hors de question de laisser passer celle que Quentin et sa famille pensent être « la bonne ». Le 1er août 2020, la jument rejoint officiellement la famille Poncelet.

Depuis, le partenariat entre le cavalier et la baie tient presque du conte de fée. Un mois après en être devenu propriétaire, Quentin engage son premier concours Amateur en septembre 2020, à Biarritz, et remporte l’épreuve Spéciale (1,15 m) du samedi et le Grand Prix (1,20 m) le dimanche. « Même mes parents étaient choqués », raconte-t-il avec amusement. Le jeune adulte explique l’impact de ce double succès. « Ça a provoqué un déclic dans ma tête, un élan de confiance en moi. Je me suis dit que j’étais capable de gagner. Je me sentais tellement bien avec la jument que rien ne pouvait m’arrêter. »

Effectivement, inarrêtable pourrait bien être le qualificatif qui décrit le mieux la progression du couple. Au bout d’un an, ils se retrouvent en catégorie Pro 2 et remportent même une épreuve à 1,30 m. « C’était totalement inattendu parce que ce n’était que la deuxième que je faisais. » À l’automne 2022, à Biarritz toujours, les voilà au départ de leur première épreuve à 1,45 m, le Grand Prix d’un CSI2*. Tout cela en l’espace de deux ans seulement.

« Donja a changé ma vie sur tous les plans »

Lorsque nous demandons au cavalier s’il est conscient du chemin parcouru, il répond en toute humilité que s’il n’a pas vraiment réalisé sur le moment, il a peu à peu pris la mesure de son parcours. « Le chemin est beau. Je pense que c’est le fait de ne pas m’y attendre qui m’a amené là. Il faut savoir rester très humble et faire son truc de son côté, sans en vouloir trop tout de suite. » Le jeune homme de 22 ans voue une reconnaissance éternelle à Donja, sans qui rien de tout cela ne lui serait arrivé. « Je souhaite à tout le monde de connaitre une alchimie comme celle que j’ai eue avec Donja. J’ai changé en tant que cavalier, mais aussi en tant que personne. Donja a changé ma vie sur tous les plans. »

Alors cette semaine, à Fontainebleau, Quentin Poncelet a savouré chaque instant passé à tenter sa chance sur ce championnat Pro 1. Au milieu des professionnels, il s’est parfois senti victime du syndrome de l’imposteur, se demandant s’il méritait vraiment d’être là. « Ça fait bizarre, mais c’est très gratifiant. » Pour l’heure, le jeune homme tient à continuer ses études. L’année prochaine, il préparera le concours de la magistrature dans le but de devenir juge. « Si jamais l’envie de ne vivre que du cheval est plus forte, alors j’arrêterai mon métier. »

Une vie au grand air

Bien que ses parents ne soient pas du tout issus du milieu du cheval, ils ont tenu à accueillir les chevaux de leur fils, au nombre de trois (deux lui appartenant et un confié par son entraîneur, Daniel Constant), chez eux, achetant progressivement les terres autour de leur maison. « Mes chevaux vivent au pré toute l’année. Je tiens vraiment à ce qu’ils gardent cette liberté et leur vie de cheval. J’aime les voir en troupeau dans un champ. » Pour lui, ce mode de vie est également la clé de sa complicité avec ses chevaux, qui travaillent tout le temps en extérieur, dans une carrière en herbe qu’il a aménagée ou bien en sillonnant les bois alentours. « Ce mode de travail me permet d’avoir des chevaux avec un super mental. Ils n’ont peur de rien, ont un bon équilibre naturel et sont heureux de travailler », estime-t-il.

Le jeune homme accorde une grande importance au travail sur le plat de ses chevaux. « Je pense que c’est primordial pour pouvoir sauter. » Lorsqu’il ressent le besoin de faire une séance à l’obstacle, il se déplace jusque chez son entraîneur, même s’il reconnait que ça ne représente même pas une séance par semaine. Extrêmement soucieux du mental de ses chevaux, il insiste sur son désir de leur faire conserver l’envie de sauter et de s’amuser en concours. « Donja est tellement douée à l’obstacle que ça ne sert à rien de la faire sauter, elle connait son travail et a suffisamment d’expérience pour pouvoir se préserver pour la piste. »

Si l’histoire de Quentin Poncelet est aussi belle qu’inespérée, elle a de quoi inspirer de nombreux cavaliers qui rêvent eux aussi de monter parmi les meilleurs.

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