Alors que le marché mondial du pétrole glisse progressivement vers une ère de prix bas, les automobilistes sénégalais, eux, continuent de payer leur essence au prix fort. Le paradoxe est saisissant : à l’heure où le baril plonge sous la barre symbolique des 60 dollars, le litre de super reste solidement arrimé à 995 F CFA à Dakar, l’un des niveaux les plus élevés de la sous-région.
Le 7 avril 2025, le WTI américain est tombé à 59,90 dollars, un seuil jamais observé depuis quatre ans. En comparaison, il s’échangeait à 85,2 dollars en juillet dernier. Une baisse de près de 30 %, que certains pays africains n’ont pas tardé à répercuter sur les prix à la pompe. En Côte d’Ivoire, l’essence est aujourd’hui vendue à 855 F CFA le litre, tandis que le Mali l’a abaissé à 775 F CFA. Même l’Afrique du Sud, pourtant moins dépendante des importations, a réduit ses prix de manière significative. Plusieurs facteurs viennent freiner toute baisse tangible.
D’abord, la structure opaque des prix à la pompe, qui mêle coûts d’importation, taxes multiples, marges de distribution et décisions politiques. Ensuite, les subventions croisées mises en place ces dernières années pour contenir l’inflation ont un effet boomerang : elles coûtent cher à l’État et créent une dépendance budgétaire difficile à réformer sans conséquences sociales. À cela s’ajoute le poids de la dette publique, qui réduit les marges de manœuvre du gouvernement pour compenser une baisse des recettes fiscales si les prix venaient à chuter.
En clair, réduire le prix de l’essence, c’est aussi accepter de perdre une source importante de revenus à court terme. Cette situation fait d’autant plus grincer les dents que le président Bassirou Diomaye Faye, alors candidat, s’était fait le chantre d’une essence moins chère, dénonçant l’anomalie des prix à Dakar, plus élevés qu’à Bamako malgré un accès portuaire direct. Aujourd’hui au pouvoir, les Sénégalais attendent des actes.
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