rap de luxe made in Martinique – RFI Musique

Dans Caviar 1, un premier album aux multiples influences, la rappeuse Meryl affiche une ambition féroce, toujours muée par l’envie de mettre en avant les Antilles, sa Martinique natale, et ceux qui l’accompagnent.  

Elle l’avait annoncé sur X comme « l’album de l’année ». Meryl n’aura pas menti : avec Caviar I, sorti le 14 juin, la chanteuse nous régale de 17 titres à travers lesquels on la (re)découvre dans des styles musicaux variés.

Cindy Elismar, de son vrai nom, livre un premier album qui met à l’honneur la Caraïbe – de la Guyane, à la République dominicaine, en passant par les Antilles – et ses sonorités. 

Artiste plurielle

Meryl puise son inspiration dans la culture de son île, la Martinique. Elle chante en créole martiniquais et en français, et fusionne le tout avec des termes anglais ou espagnols, signe d’une identité caribéenne multiculturelle.

Caviar I, c’est aussi le dévoilement d’une chanteuse toujours aussi mordante, mais sans doute plus sage grâce à l’expérience acquise dans le monde de la musique.

Il faut dire que du haut de ses 28 ans, Meryl a déjà plusieurs cordes à son arc. Avant d’être sur le devant de la scène, elle a beaucoup œuvré en coulisses, comme toplineuse*, composant alors pour des artistes tels que SCH, Niska ou Shay.

Révélée au grand public en 2019 avec le titre Béni, Meryl a ensuite monté son label, Maison Caviar. Autrice, compositrice, interprète, l’artiste ne chôme pas : depuis l’année dernière, elle a signé son retour avec Jack Sparrow, est partie en tournée, a sorti un EP, Ozoror, a enchaîné avec un Zénith à Paris, a sorti son album et multiplie les festivals. 

Caviar I, un premier album affiné 

Meryl est la vedette du moment et elle le sait. Dès le premier titre, Time, la rappeuse décrit comment elle forge sa place dans la musique, doucement, mais sûrement. Le morceau donne le ton, alliant piano, violons et drill. 

Cette maîtrise du mélange des styles, on la retrouve dans Mauvaise élève. Meryl reprend un hit du zouk love, Mon soleil de Princess Lover. Le refrain à la rythmique langoureuse contraste avec les couplets d’une Meryl déterminée qui revendique la pole position.

La chanteuse aborde aussi cette quête de la première place dans Bisous, Ton tour ou encore Talk to me nice, trois morceaux à l’instru trap.

Mais pour arriver au sommet, il faut parfois faire cavalier seul. Une traversée en solitaire que la capitaine Meryl évoque dans Nobody. Grande sœur prévenante, la chanteuse s’adresse à un « petit frère » (un jeune artiste qui débute ?) et l’avertit de ne faire confiance à personne.

Un conseil tiré de sa propre expérience ? Pendant près d’un an, de septembre 2021 à juin 2022, Meryl est sortie des radars, silence radio. Durant cette période, l’artiste n’a envoyé que quelques messages mystérieux. Une supposition serait que la jeune chanteuse était alors en discorde avec son équipe de production de l’époque (une rumeur ni confirmée ni infirmée).


Le morceau avec l’artiste guyanais Venssy, Mo la, est un pied de nez à ceux qui souhaiteraient la faire flancher. Le chanteur fait écho à Meryl, en créole guyanais, sur un parcours semé d’embûches.

Meryl transpose en musique ses galères et son quotidien. Le thème de l’argent, récurrent dans l’album, témoigne d’une vie et de fin de mois difficiles qui ont marqué la chanteuse, à l’instar de ce que vivent de nombreux Ultramarins. Le titre Dernière escale est justement la peinture de cette dure réalité pour la jeunesse martiniquaise.

Minuit laisse aussi apparaître une artiste inquiète de retomber dans sa vie d’avant (« Le passé n’arrête pas de menacer »). Idem dans Genesis où l’on accède à une autre facette de la rappeuse, plus indécise, moins assurée.

Dans des titres plus légers comme Gasolina, Température, Ton ami, ou Mové – un titre influencé par le kompa -, Meryl raconte ses expériences amoureuses.

Hit de l’album, Dembow Martinica célèbre les Antilles. La rappeuse a regroupé Lamasa et Noelia (République dominicaine), mais aussi Jozii, Shannon, Yozo, Dj Tutuss (Martinique). Meryl s’essaye une nouvelle fois au dembow, un style musical rythmé, populaire en République dominicaine et base du reggaeton.

L’album s’achève sur un remix du hit Siwo, morceau de Jocelyne Béroard et Kassav’ (1986). En posant des couplets inspirés du rap US des années 1980, Meryl réécrit savamment un tube mythique du zouk.

Honnête et ingénieuse, Meryl démontre qu’elle mérite sa place sur la scène musicale. La « tubeuse à gage » n’en a certainement pas fini de démontrer l’étendue de son potentiel, en faisant briller la Martinique et la Caraïbe.

*Le topliner est chargé de créer une mélodie entraînante, la topline, sur une musique existante.

Meryl Caviar 1 (Maison caviar) 2024

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