RD-Congo : l’opération d’identification des cultes oppose guides religieux et ministère de la justice

Désormais en RD-Congo, l’exercice d’un culte et assurer la fonction de guide religieux sera soumis à la délivrance d’un permis par le ministère de la justice, ministère de tutelle des cultes dans le pays. Le ministère a en effet lancé, le 26 mars, l’opération d’identification et de délivrance de permis d’exercice de culte qui vise notamment à « assainir le secteur religieux ».

Devant des centaines de guide religieux de toutes les confessions religieuses exerçant en RDC, Constant Mutamba, le ministre congolais de la justice a inauguré la phase pilote, de ce projet qui va s’étendre sur trois mois. « Je vous invite tous à vous faire identifier. S’il y a des églises qui ne sont pas répertoriées au niveau du ministère de la Justice et au niveau des hautes confessions, on va les fermer », a-t-il prévenu.

« Décourager les imposteurs »

Pour une population de plus de 100 millions, la RDC compte plus de 300 000 églises et neuf groupes de confessions religieuses : catholique, protestant orthodoxe au Congo, l’Église kimbanguiste (EJCSK), la communauté islamique, l’Église du Réveil du Congo (ERC), l’Union des Églises indépendantes du Congo, l’Armée du salut, et l’Église des noirs (Bangunza). L’identification concerne les confessions religieuses et le permis d’exercice de culte, leurs guides.

« Le but de ce processus est de décourager les imposteurs, les charlatans qui détruisent les âmes, s’enrichissent sur le dos des populations et divisent des familles », assure Eric Binga, l’un des conseillers du ministre de la justice, interrogé par La Croix international. « Il n’y aura plus des églises isolées ou indépendantes, toutes doivent appartenir à l’une des confessions religieuses ».

Ainsi, les communautés religieuses et leurs guides – exceptée l’Église catholique en raison de l’accord-cadre entre le Vatican et le gouvernement – doivent se faire délivrer une carte qui coûte 30 dollars, valable pour 5 ans et qui fait office de permis de culte. Les conditions : « avoir la recommandation d’une des confessions religieuses, la personnalité juridique, le certificat de bonne vie et mœurs et un diplôme en théologie », explique Eric Binga.

« Beaucoup d’ambiguïté »

« Il y a beaucoup d’ambiguïté en ce qui concerne ce processus », explique le pasteur Ejiba Ya Mampia, représentant national des Eglises de réveils et président en exercice de la plateforme des confessions religieuses. Avant cette décision du ministre de la justice, l’autorisation d’exercer un culte était accordée par la confession religieuse sollicitée. « Quant à l’interprétation de la loi, je ne saurai me prononcer », a-t-il ajouté, alors que certains pasteurs remettent en cause la légitimité du ministère de la justice à mener ce processus, et les difficultés à réunir tous les documents exigés.

« Il semble que la liberté de religion, manifestée par le culte sous réserve du respect de la loi prôné par la constitution de la RDC, qui se veut un pays démocratique et laïc, n’est pas prise en compte », regrette Godefroid Mpoy, pasteur d’une église évangélique.

Interrogée par La Croix International, Me Rosette Kanyere, avocate au barreau de Kinshasa Gombe et chercheure en droit, assure que la délivrance de permis de culte n’est pas prévue par la loi sur les associations sans but lucratif. « C’est une mesure d’administrative prise par le ministère », précise-t-elle. À ses yeux, le permis d’exercice de culte, « bien qu’ayant été instauré pour mettre de l’ordre dans le secteur religieux, tente d’enfreindre la liberté de culte dans un État laïc ».

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