- Author, Wahany Johnson Sambou
- Role, BBC Afrique
La ville de Goma, dans l’Est de la République démocratique du Congo, fait face, depuis plusieurs années, à une insécurité inquiétante. Une situation qui a poussé des jeunes à se mobiliser pour sensibiliser les populations sur l’importance d’installer des lampes dans leurs quartiers pour réduire les risques.
Dans certains quartiers de Goma, capitale du Nord-Kivu, les jeunes ont pris les choses en main pour faire face à l’insécurité galopante qui inquiète les populations.
Il n’est pas rare de voir des groupes se former dans les différentes localités de la ville pour sensibiliser et alerter sur la dégradation de la situation sécuritaire. Parmi les solutions proposées aux résidents de la ville pour lutter contre cette insécurité urbaine, l’installation de lampes électriques à la devanture de leurs domiciles.
Par ce moyen, ces volontaires tentent de réduire les risques d’agression et de meurtres de plus en plus fréquents dans leur ville.
Du porte-à-porte pour sensibiliser
Pour ce faire, les jeunes adoptent la stratégie du porte-à-porte pour toucher directement leurs cibles et le maximum possible.
« Nous avons constaté qu’il y a moins d’insécurité dans certaines rues et dans certains coins où il y a de la lumière. Par contre, c’est dans les zones où il n’y a pas de lumière que les malfaiteurs bandits profitent pour cambrioler, extorquer et piller les biens des populations », a notamment déclaré à la BBC Afrique Duel Mamlaka, un des jeunes qui mènent l’opération de sensibilisation.
Et il ajoute : « C’est la raison pour laquelle, nous faisons du porte-à-porte pour sensibiliser les habitants de Goma à faire de leur mieux pour avoir ne serait-ce qu’une ampoule pour éclairer les abords de leurs maisons ».
Cette campagne mobilise des dizaines de jeunes et attire déjà des étudiants de l’Université libre des pays des Grands Lacs, située dans la ville de Goma. Ces derniers se sont lancés dans la production de lampes écologiques pour accompagner les activistes dans leur lutte pour la sécurisation de leur ville.
« C’est un projet qui est d’actualité, vu que ce sont des lampes économiques qui préservent la nature et protègent notre planète. Pour l’instant, nous produisons des lampes pour l’éclairage domestique, ce sont des lampes Led pour lesquelles nous avons monté des cartes électroniques et assemblé les couverts de plastiques avec des cartes électroniques », détaille Déa Gracias Barungo.
La question de l’éclairage public reste, cependant, une grosse équation pour les populations de Goma, mais aussi pour les autorités municipales de la ville.
Il y a quelques années, la mairie avait, par exemple, lancé un projet d’installation de lampadaires dans les quartiers populaires de Ndosho, parmi les plus insécurisés de la localité. Mais le projet a dû être interrompu en raison des contraintes financières, selon le maire de la ville. Un projet qui aurait pu aider les jeunes à donner plus de crédit à leur campagne de sensibilisation.
La société civile interpelle les autorités
Des initiatives de ce genre sont courantes dans cette ville du Nord-Kivu où l’insécurité est un véritable fléau. Les volontaires travaillent souvent en collaboration avec les forces de sécurité qui ont du mal à mettre un terme à cette insécurité grandissante.
Une situation préoccupante pour les populations, mais également pour les organisations de la société civile qui multiplient les appels aux autorités pour prendre cette question à bras le corps.
Le mois dernier, le président de la société civile de Karisimbi avait lancé un coup de gueule après le meurtre de trois personnes en 24 heures.
« La population de la commune de Karisimbi est en train de passer un moment très difficile du fait des cambriolages, des tracasseries de toutes formes, des fusillades et meurtres. Nous aussi avons aussi droit à la sécurité dans la ville de Goma », lançait Christian Kalamo repris par Radio Okapi.
La détérioration de la situation sécuritaire a atteint aujourd’hui des proportions plus qu’inquiétantes. Aucun endroit de la ville de Goma n’est épargné par cette flambée de violence. Même le centre-ville, généralement épargné par ces violences, est devenu une zone à risque.
Une insécurité alimentée par les conflits armés
La ville de Goma, comme le reste de tout l’Est de la République démocratique du Congo, vit dans une situation sécuritaire des plus précaires. L’insécurité endémique dans cette partie du pays est engendrée en grande partie par les conflits armés qui la secouent.
La situation, qui semblait déjà incontrôlable, s’est accentuée avec la guerre qui oppose les forces armées congolaises (FARDC) aux multiples groupes rebelles qui opèrent dans la région, particulièrement le M23.
Depuis deux ans, les deux parties se livrent une bataille sans merci, obligeant des milliers de civiles à fuir les zones de combat et à s’entasser dans des camps de réfugiés. Une situation qui alimente des réseaux criminels et donc l’insécurité à Goma.
Cette instabilité favorise la circulation des armes qu’ont du mal à contrôler les forces de défense et de sécurité. La plupart des zones de cette partie orientale congolaise sont ainsi devenues depuis plusieurs années un no man’s land à la solde des groupes armés et autres malfaiteurs.
« Nous sommes dans un contexte de guerre et Goma est sous pression. Goma est isolé de toutes les voies d’accès pour l’approvisionnement. Goma vit un drame humanitaire sans nom », déplorait sur Radio Okapi Carly Nzanzu Kasivita, député national élu de Béni (territoire).
D’après M. Kasivita, cette insécurité est également la conséquence de l’extrême pauvreté qui gangrène Goma. Le gouverneur honoraire de la province du Nord-Kivu demande, par ailleurs, à l’armée de prendre ses responsabilités pour ramener la sécurité dans la région.
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