RDC, les raisons de la suspension des exportations de cobalt – DW – 26/02/2025

Depuis le mois de mai 2022, le prix du cobalt a perdu les trois-quarts de sa valeur, passant de 82.000 à près de 22.000 dollars la tonne. Cette chute s’explique par une surproduction mondiale de cobalt, mais aussi de cellules de batteries pour véhicules électriques produites en Chine.

La production minière annuelle de cobalt, bien qu’elle ait été maintenue à des niveaux stables (autour de 145.000 tonnes) entre 2018 et 2020,  a connu une augmentation de 58% en 2023 pour atteindre un volume de 230.000 tonnes. La République démocratique du Congo représente environ 70% de la production mondiale de cobalt, dont les deux tiers sont raffinés en Chine.

Plusieurs entreprises minières sont présentes en RDC dans la production de cobalt, essentiellement à Kolwezi, dans la province de Lualaba. L’une des plus importantes reste la mine de Kisanfu, détenue par le groupe chinois China Molybdenum Company (CMOC). En 2023, le Cobalt Institute alertait déjà sur le fait que la mine de cobalt Kisanfu devrait être la plus grande contributrice à la hausse de l’offre mondiale en 2024.

« Une démarche légitime »

Pour Jean-Pierre Okenda, le directeur exécutif de l’ONG « La sentinelle des ressources naturelles », la décision du gouvernement congolais de suspendre les exportations de cobalt permettra de limiter l’impact de la baisse des prix sur les recettes publiques.

« La démarche du gouvernement est une démarche assez légitime. On a connu une chute drastique des prix du cobalt et cette situation a induit notamment une baisse des recettes pour le gouvernement central, mais aussi et surtout pour les entités locales décentralisées qui sont principalement dépendantes des recettes minières. Et donc, le gouvernement est en train de chercher des solutions pour éviter les pertes des recettes publiques » explique-t-il à la DW. »La question fondamentale, ce n’est pas seulement de prendre des mesures, mais il faut également questionner l’approche utilisée par le gouvernement. Car les sociétés en RDC ont des clients qui sont basés un peu partout dans le monde et il peut se poser des problèmes d’approvisionnement, » précise le fondateur de « La sentinelle des ressources naturelles ».

« La démarche du gouvernement est une démarche assez légitime » (Jean Pierre Okenda)

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Quid du contexte sécuritaire

Cette décision intervient alors que le conflit dans l’est de la RDC s’aggrave. Jean-Pierre Okenda estime ainsi que la baisse des recettes liée à la suspension de la production pourrait nuire à la résolution du conflit actuel.

« On est engagé dans une guerre, le gouvernement doit investir suffisamment de ressources financières pour faire face à la situation. Vous savez que la redevance minière des substances minérales stratégiques, notamment le cobalt, est la plus élevée. On aura une situation de baisse des recettes et cela peut affecter les efforts que le gouvernement mène pour restaurer la paix dans l’est du pays, » soutient Jean-Pierre Okenda.

 Selon toujours l’expert « il y a une incidence indirecte là-dessus, mais je ne pense pas que la décision de suspension rentre dans le cadre de la géopolitique, dans la compétition entre les Occidentaux, les Américains et les Chinois.« 

Les analystes financiers de Commodity Insights prévoient un marché excédentaire du cobalt jusqu’en 2028.

L’agence de notation américaine Fitch Ratings estime, pour sa part, que, jusqu’en 2027, le prix du cobalt devrait se négocier entre 25.000 et 26.000 dollars la tonne.

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