Réactions au Sénégal à une comparution de Macky Sall – DW – 03/03/2025

Au Sénégal, l’audit de la Cour des Comptes, publié il y a une vingtaine de jours, continue d’alimenter les débats publics au Sénégal. Le rapport met en cause la gestion des finances publiques sous le pouvoir de l’ancien président Macky Sall. À la suite de cet audit, les dirigeants actuels ont annoncé des poursuites judiciaires contre Macky Sall et certains membres de son équipe.Tout est parti des déclarations vendredi dernier du ministre de la Formation professionnelle et porte-parole du Gouvernement. Sur une radio privée, Amadou Moustapha Ndieck Sarre est allé jusqu’à comparer l’ancien président Macky Sall à un chef de gang qui ne saurait échapper à des poursuites judiciaires. 

Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye au cours d'une conférence de presse le 25 mars 2024
​Le président sénégalais Bassirou Diomaye FayeImage : Mosa’ab Elshamy/AP/picture alliance

L’annonce ne fait pas encore l’unanimité au sein de la classe politique mais alimente les débats à Dakar. Partisans et adversaires politiques du parti au pouvoir sont divisés sur l’intérêt de telles poursuites au regard de la cohésion nationale. Pour les uns, ce sera une preuve de démocratie et de reddition des comptes. Pour les autres, il s’agit plutôt d’un règlement de compte. Un acharnement politique. 

« Macky Sall a fait ce qu’il pouvait. Il est parti. Laissez-le tranquille et puis vous travaillez » lance Mactar, un sympathisant de l’Alliance pour la République (APR), l’ex-parti au pouvoir.

Respect des bonnes valeurs

Aussi dure que soit la décision, les bonnes valeurs doivent prédominer, rétorque Barka Cissé, militant du Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), l’actuel parti au pouvoir.

« Même si ça doit faire mal, il faut qu’on apprenne à tisser une république qui a des valeurs. Il faut qu’on apprenne aussi à avoir une république où chaque acte doit être jugé à la fin d’un mandat. Donc que ça soit le président Macky Sall ou un ministre, si nous pensons que son audition peut éclairer les Sénégalais, nous sommes tous preneurs » affirme Barka Cissé.

Conditions de jugement de Macky Sall

L’ancien président Macky Sallqui vit à Marrakech au Maroc depuis son départ du pouvoir le 2 avril 2024 et dont les propos ont été abondamment relayés dans la presse sénégalaise, déclare ne rien se reprocher. Il n’exclut pas un retour au Sénégal pour faire face à la justice. 

Pour Djibril Gningue, acteur de la société civile, membre fondateur du Groupe de recherche et d’appui-conseil pour la démocratie participative et la bonne gouvernance (Gradec), l’ancien président ne peut être jugé que sous deux conditions, conformément à la Constitution du Sénégal.

« Il faut que dans la chaîne de commandement, d’abord sa responsabilité soit établie clairement. Et, deuxièmement, il faut que les faits commis relèvent de la haute trahison parce que simplement depuis 1963, le régime politique du Sénégal est un régime présidentiel fort caractérisé par une immunité du président de la République. Durant ses fonctions, il jouit d’une immunité totale, et après ses fonctions, il ne peut être poursuivi qu’en cas de haute trahison », explique-t-il.

En cas de poursuites contre Macky Sall, ce serait la première fois depuis l’indépendance le 4 avril 1960, qu’un ancien chef d’Etat est traduit en justice dans le cadre de ses anciennes fonctions.

Les explications de Robert Adé à Dakar

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Le nouveau président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, au pouvoir depuis bientôt un an, a notamment promis de rompre avec l’ancien système. 

La semaine dernière, un député proche de l’ancien président Macky Salla été écroué après son inculpation pour « blanchiment, escroquerie sur les deniers publics et association de malfaiteurs ». Plusieurs autres personnes proches de l’ex-pouvoir seraient citées dans ce dossier.

Notons que l’Assemblée nationale a installé fin décembre la Haute cour de justice, une juridiction installée au début de chaque législature devant laquelle peuvent être jugés le président de la République et les membres du gouvernement pour « haute trahison ».

Institution de contrôle indépendante, la Cour des comptes a souligné que les faits relatés dans son rapport sont « présumés constitutifs de fautes de gestion, de gestion de fait ou d’infractions à caractère pénal ».

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