Ouestafnews – À quelques mois du référendum constitutionnel prévu le 21 septembre 2025, les autorités guinéennes annoncent une vaste opération de recensement biométrique. A l’occasion de la réception des kits de recensement, elles ont expliqué que cette étape vise à établir un fichier électoral fiable, à travers une identification numérique des citoyens guinéens.
« La République de Guinée franchit une étape déterminante dans la mise en œuvre du chronogramme de la transition amorcée au lendemain du 5 septembre 2021 », a informé le gouvernement de transition dans un communiqué consulté par Ouestaf News.
A travers la note du 9 avril 2025, les autorités guinéennes ont confirmé le lancement du recensement électoral biométrique, prévu pour le 15 avril. Cette opération s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du chronogramme de la transition, en vue du référendum constitutionnel fixé au 21 septembre 2025, selon la même source.
L’arrivée d’un second lot de 3.000 kits, réceptionné le 8 avril à l’aéroport international Ahmed-Sékou-Touré par le ministre de l’Administration du Territoire, Ibrahima Kalil Condé, marque le passage à la phase opérationnelle du processus, souligne ce dernier.
Le chronogramme de transition adopté par les autorités guinéennes repose sur dix étapes, dont l’une des plus cruciales est l’établissement d’un fichier électoral biométrique devant précéder la tenue d’un référendum constitutionnel. Ce référendum doit aboutir à l’adoption d’une nouvelle Constitution, censée marquer un tournant dans le retour à l’ordre constitutionnel.
Le calendrier n’a pas respecté les délais convenus avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) en 2022 et qui fixait la fin de la transition au 31 décembre 2024. Cette échéance faisait suite à un accord conclu après le coup d’État de septembre 2021, au cours duquel le général Mamadi Doumbouya a pris le pouvoir, mettant fin au régime d’Alpha Condé.
Plus de trois ans après ce renversement, la transition reste inachevée. Aucun calendrier électoral détaillé n’a encore été publié, alors que l’opposition réclame avec insistance un retour rapide à un pouvoir civil légitimé par les urnes.
Dans son discours du nouvel an le 31 décembre 2024, le président de la transition, le général Doumbouya, a toutefois déclaré que 2025 serait une « année électorale décisive », précédée d’un référendum constitutionnel.
Début janvier 2025, le ministre porte-parole du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo, avait évoqué la possibilité d’organiser ce référendum dès le mois de mai. Mais, quelques semaines plus tard, une nouvelle date a été fixée par décret présidentiel : le 21 septembre 2025.
En vue de ce référendum à venir, le gouvernement guinéen a détaillé les différentes étapes du processus. Selon lui, l’ensemble des 6.000 kits d’enrôlement a été réceptionné à Conakry, permettant le démarrage des opérations sur le terrain.
Le recensement durera 45 jours à l’intérieur du pays et 20 jours dans les ambassades et consulats, pour les Guinéens vivant à l’étranger. Il vise à constituer un fichier électoral biométrique, tiré exclusivement du Programme national de recensement administratif à vocation d’état civil (PN-RAVEC).
Ce programme a été lancé en novembre 2024 par le gouvernement de transition et a pour objectif de « fournir une identité juridique et numérique à chaque Guinéen ».
Selon le gouvernement, le matériel, acquis pour un montant de 35 millions de dollars (près de 21 milliards Franc CFA), comprend des ordinateurs, des capteurs d’empreintes digitales, des dispositifs de reconnaissance de l’iris et un système GPS intégré. La technologie mise en œuvre doit garantir la fiabilité des données et réduire les risques de fraude électorale.
Ce programme concerne aussi les Guinéens résidant dans 36 ambassades à travers le monde, notamment aux États-Unis, au Canada, à Cuba, en Malaisie et en Thaïlande. Un volet complémentaire prévoit également l’enrôlement des étrangers vivant en Guinée.
Lors de la réception du deuxième lot de kits, Djenab Touré, directrice nationale des affaires politiques et de l’administration électorale citée par les médias locaux, a déclaré que « chaque électeur sera enrôlé dans le secteur géographique de son bureau de vote, grâce à la géolocalisation des districts ». Elle a également souligné que le recensement permettra à tout citoyen, dès l’âge de 10 ans, d’obtenir gratuitement un acte de naissance, copie intégrale, un identifiant personnel unique et d’être inscrit automatiquement sur le fichier électoral.
La Guinée va opérer ce recensement électoral dans un contexte politique marqué par des tensions constantes et des critiques de l’opposition sur l’absence de calendrier présidentiel et de progrès vers un retour à l’ordre constitutionnel,
Reste à savoir combien d’électeurs seront enrôlés à l’issue de cette nouvelle opération, dans un pays où les dernières élections (législatives de mars 2020) avaient mobilisé environ 5,2 millions d’inscrits pour une population estimée à 14 millions d’habitants.
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