RECOMMANDATIONS DU DIALOGUE NATIONAL AU GABON : Attention à ne pas quitter une dictature pour une autre !

Les rideaux sont tombés sur le dialogue national censé refonder et réformer l’Etat gabonais. Parmi la kyrielle de recommandations faites par les participants, deux retiennent l’attention. Il s’agit de l’hyper-présidentialisation du régime et la suspension des partis politiques. Quant à la durée de la transition en cours, elle est maintenue à deux ans avec la possibilité, en cas de force majeure, d’être prorogée de douze mois. Et ce n’est pas tout. Car, en se basant sur la Charte de la transition, les participants au dialogue national se disent favorables à la candidature du chef de l’Etat, Brice Clotaire Oligui Nguema, à la prochaine présidentielle. De quoi déchanter plus d’un observateur. C’est un air du déjà vu. Car, quand ils arrivent au pouvoir, les militaires promettent de faire dans la rupture. Mais une fois bien installés, ils y prennent goût et passent le temps à ruser avec les peuples. Si fait que d’aucuns redoutent, au regard de ce qui se trame, que le Gabon ne quitte une dictature pour une autre. Le risque est grand. En effet, pourquoi au moment où la tendance, sous d’autres cieux, est la réduction considérable des pouvoirs du président, il en va autrement au Gabon où on travaille à en faire un monarque pour ne pas dire un démi-dieu ? C’est à n’y rien comprendre. Surtout quand on sait qu’en sus, la suspension des partis politiques a été mise sur la table et ce, alors même que le pays ne fait face à aucune crise particulière.

Brice Oligui Nguema travaille à faire place nette pour mieux asseoir son pouvoir

En fait, tout se passe comme si le Gabon, sous la transition en cours, avait fait le choix de reculer pendant que les autres avancent dans le sens du renforcement de la démocratie et de l’Etat de droit. Pouvait-il d’ailleurs en être autrement quand on sait que les fora nationaux ne sont ni plus ni moins que du folklore destiné à divertir l’opinion ? Car, comme on le sait, la plupart des participants sont, le plus souvent, triés sur le volet, et n’expriment que la volonté de leurs maîtres à penser. En conséquence, en lieu et place des propositions de réformes politiques, économiques et institutionnelles profondes, on assiste à des recommandations taillées sur mesure dans le but de défendre et de protéger les intérêts d’un individu ou d’un clan. C’est, du reste, le cas au Gabon où Brice Oligui Nguema travaille à faire place nette pour mieux asseoir son pouvoir, oubliant que les mêmes causes produisent inévitablement les mêmes effets. En effet, conscient que l’ex-parti au pouvoir, le Parti démocratique gabonais (PDG), dispose d’un ancrage indéniable, il fait des pieds et des mains pour écarter ses cadres capables de lui tailler des croupières en cas d’élections. Or, la politique de l’exclusion, il faut le reconnaître, est parfois très périlleuse ; tant elle renforce les divisions et exacerbe les tensions. Cela dit, il revient à Brice Clotaire Nguema de savoir se surpasser en privilégiant par-dessus tout, les intérêts du peuple gabonais.

B.O  


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