Réconcilier les aspirations de la jeunesse gabonaise avec les besoins du marché du travail est un défi majeur. Malgré un tiers des jeunes au chômage, deux tiers des emplois peinent à trouver preneurs. Adrien N’Koghe-Mba* estime qu’une réforme du système éducatif, de meilleurs interactions école-entreprise et la promotion de l’économie verte sont les clés pour offrir à la jeunesse des perspectives d’emplois épanouissants au Gabon.
Au Gabon, terre d’une biodiversité exceptionnelle où forêts luxuriantes et rivages préservés se côtoient en harmonie, une dissonance s’introduit néanmoins quand on aborde le sujet de l’emploi. Les chiffres de la Banque Mondiale de 2022 révèlent une réalité contrastée : alors que deux tiers des emplois peinent à trouver preneurs, un tiers de nos jeunes se retrouve sans emploi. Cette situation paradoxale interpelle et invite à une réflexion profonde sur l’adéquation entre notre système éducatif et les exigences du marché du travail.
L’écart qui sépare les compétences disponibles de celles demandées par le marché de l’emploi s’explique en partie par un manque d’information et une orientation peu adaptée des jeunes. Beaucoup se dirigent vers des filières traditionnelles, encouragés par des perceptions obsolètes du succès professionnel, tandis que les secteurs en croissance peinent à attirer des candidats qualifiés. Cette asymétrie d’information, couplée à un curriculum qui ne suit pas toujours l’évolution rapide des besoins économiques, conduit à un déséquilibre préoccupant.
Face à cette réalité, repenser notre approche de l’éducation et de la formation professionnelle devient urgent. Les chefs d’entreprise doivent jouer un rôle proactif dans ce processus de réajustement. Il est crucial qu’ils communiquent clairement les compétences et les profils professionnels dont ils ont besoin, afin de guider les institutions éducatives dans l’élaboration de programmes pertinents. En outre, la mise en place de passerelles solides entre le monde éducatif et l’entreprise est essentielle pour faciliter la transition des jeunes du système éducatif au marché du travail. Ces initiatives peuvent prendre la forme de stages, d’alternance, de mentorat ou de projets conjoints, permettant ainsi aux étudiants d’acquérir une expérience pratique et de se familiariser avec le monde professionnel dès leurs études.
Il s’agit de créer une synergie entre les aspirations de nos jeunes, les opportunités du marché et la préservation de notre environnement. Le dialogue entre le monde éducatif, les entreprises et les pouvoirs publics doit être renforcé pour adapter les programmes d’enseignement aux réalités du marché du travail. Il ne s’agit pas seulement d’ajuster les contenus pédagogiques, mais aussi de valoriser l’apprentissage pratique, les stages en entreprise et l’initiation à l’entrepreneuriat. Ces passerelles entre la formation et le monde professionnel peuvent offrir aux jeunes gabonais des perspectives concrètes et alignées avec les besoins de notre économie.
Par ailleurs, encourager l’innovation et l’entrepreneuriat chez les jeunes constitue une voie prometteuse. Soutenir les initiatives qui allient développement économique et préservation environnementale peut non seulement répondre à la problématique de l’emploi mais aussi contribuer à l’essor d’une économie verte. Les projets centrés sur les technologies de l’information, l’économie circulaire ou encore le tourisme écologique représentent des opportunités à saisir. Ces secteurs, en parfaite harmonie avec notre engagement envers la nature, pourraient être le terreau d’une nouvelle génération d’emplois durables et épanouissants pour nos jeunes.
L’heure est à l’action. Il est essentiel de bâtir un avenir où chaque jeune Gabonais peut trouver sa place dans la société, non seulement en tant que gardien de notre patrimoine naturel, mais aussi en tant qu’acteur clé de notre développement économique. Réaligner nos forces éducatives sur les besoins actuels et futurs du marché du travail, avec une implication active du secteur privé, est une étape cruciale vers la réalisation de cet équilibre. Ensemble, explorons et valorisons toutes les richesses du Gabon, des splendeurs de nos paysages aux talents de notre jeunesse, pour tisser un avenir où économie et écologie avancent main dans la main.
*Adrien N’Koghe-Mba, Directeur général de l’Institut Léon Mba et président de l’association Les Amis de Wawa pour la préservation des forêts du bassin du Congo.
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