L’Amante anglaise aujourd’hui dans le Book Club. D’abord roman, puis pièce de théâtre de Marguerite Duras, publiée en 1967 et 1968. L’autrice s’y inspire d’un fait divers marquant survenu en 1949. Elle le transpose et dans son texte où c’est une femme qui assassine la cousine sourde et muette avec qui elle partageait son domicile conjugal. Elle la découpe en morceaux qu’elle jette successivement dans des trains de marchandises. La tête et le mobile demeurent introuvables. Dominique Reymond interprète avec maestria la meurtrière sur la scène du théâtre de l’Odéon, Joëlle Pagès-Pindon est une chercheuse spécialiste de Duras, l’une et l’autre sont nos invitées pour parler de ce texte fascinant.
L’Amante anglaise de Marguerite Duras dans la mise en scène d’Emilie Charriot se joue au Théâtre de l’Odéon à Paris jusqu’au 13 avril 2025.

Le crime comme l’aboutissement d’un étouffement
« Marguerite Duras a toujours été fasciné par les faits divers criminels. Ce qui la fascine, c’est : « la vérité des ténèbres ». Elle ne fait pas de classification, ce qui l’intéresse, c’est ce saut dans la concrétisation d’un crime. Chez Marguerite Duras, il y a vraiment l’idée que le crime est l’aboutissement de tout un étouffement de la personne et un étouffement qui peut être très physique. Elle a toujours eu une vision féministe, même si elle n’a jamais adhéré au aucun mouvement, mais elle était très consciente du sort fait aux femmes. » Joëlle Pagès-Pindon
La question de l’auditrice
La question d’Auréa@tarteauxlettres au sujet de L’Amante anglaise à l’attention de Joëlle Pagès-Pindon : « Lorsque j’ai vu la pièce, ce qui m’a le plus marquée, c’est son sous-texte, puisque sans vraiment l’expliciter, Marguerite Duras prend position. Alors, certes, elle dépeint Claire Lannes comme folle, mais elle extrait également les racines de cette folie, et c’est un aspect qui m’a bouleversée. En fait, on comprend à demi-mot que Duras fustige la bourgeoisie qui emprisonne les femmes dans la répétition d’une routine régie par le besoin des hommes. Alors, pensez-vous que chez Duras, la folie peut s’entendre comme le cri d’une femme rendue inaudible ? »
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Le grand jeu des pages musicales
Aujourd’hui, la musique se trouve dans le livre de Marguerite Duras Un barrage contre le Pacifique (Gallimard).
Archive
Marguerite Duras, dialogue avec Madeleine Renaud, émission Plaisir du théâtre, Antenne 2, 24 octobre 1983
Références musicales
Catherine Deneuve, Toi jamais
Erolle Garner, Ramona
Louis Amstrong, Ramona
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