Rencontre avec Dominique White, la sculptrice qui explore les profondeurs des océans

Vous disiez être folle, mais vous êtes très organisée en réalité !

Oh oui… Les gens pensent que mes œuvres sortent de nulle part alors qu’en réalité, tout est au studio : des esquisses, des images de référence…

Vous expliquez notamment le besoin de détruire un système existant pour créer de nouveaux mondes. Cela me fait penser à la citation, célèbre, de l’autrice et poétesse Audre Lorde : “Les outils du maître ne détruiront pas la maison du maître”.

C’est une phrase qui a été la base d’une exposition que j’ai faite en Allemagne l’année dernière. J’avais écrit la proposition pour cette exposition en même temps que celle pour le Max Mara Art Prize for Women. Je pensais à utiliser le bateau comme une métaphore. Pour une raison inconnue, allez savoir pourquoi, je me suis retrouvée dans ce tunnel d’informations où j’ai découvert que les cages de crabes et d’écrevisses qui avaient été abandonnées par les pêcheurs pouvaient causer le naufrage de certains bateaux, et dont la mort des gens à bord ! Comme un désastre causé par la main de l’homme. C’est fou de se dire que ces outils créés pour chasser finissent par chasser ceux qui les ont imaginés. C’est pour cela que j’ai intégré les cages de crabes dans mes travaux les plus récents.

Croyez-vous aux fantômes, Dominique White ?

Oh oui, à 100 % ! Parfois, j’en fais des blagues, je dis aux gens que je viendrai les hanter quand je serai morte. Et j’aime bien l’idée que dans les musées que nous visitons, des fantômes sont liés aux objets que nous allons voir. J’avais l’habitude de travailler dans des musées quand j’étais plus jeune, et les gardiens de sécurité avaient toujours des histoires saugrenues à nous raconter le matin !

Et aujourd’hui, allez-vous souvent au musée ?

Oh oui, dans n’importe quel musée à vrai dire. J’aime beaucoup plaisanter et dire que plus la personne à qui appartiennent les œuvres était méchante, plus la collection est impressionnante. C’est terrible à dire, mais il y a quelque chose de vrai là-dedans… Prenez le British Museum, qui possède certains des plus beaux trésors du monde.

Comment avez-vous pensé l’espace de votre exposition à la galerie Whitechapel ?

Tout se passe dans une pièce. C’était la limite que l’on m’a imposée. J’aime travailler avec les espaces comme les matériaux que j’utilise. Je n’aime pas l’idée de balancer des œuvres dans un cube tout blanc avec des éclairages très puissants et juger que le travail est fait. La composition, c’est aussi un langage ! Je me souviens de mes échanges avec les techniciens qui travaillent à la galerie Whitechapel. Je voulais les sortir de leur zone de confort ! Je leur ai notamment demandé de rendre la pièce plus sombre que d’habitude. Je voulais un rendu sombre et froid, et j’adore ce que nous avons fait. Le vernissage était très particulier, c’était un jour très chaud à Londres. Nous transpirions, nous étions vraiment nombreux dans la galerie, et c’était très bruyant ! Mais dès que la porte de l’exposition se refermait derrière quelqu’un, le silence était complet.

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