Vieillir en Guinée et plus généralement en Afrique est souvent associé à une vulnérabilité accrue compte tenu du déficit de protection sociale efficace à l’endroit des personnes âgées.
Presque plus personne ne souhaite partir à la retraite, préférant travailler jusqu’à la mort. Or cette situation ne répond pas à l’idéal universel qui voudrait que lorsqu’on travail pendant un certain temps on a droit à une retraite bien méritée pour pouvoir profiter du restant de la vie.
Dès lors, comment comprendre, qu’au nom du principe de solidarité, que dans un pays majoritairement jeune avec uniquement 6% de personnes âgées (source du dernier RGPH-INS), ces derniers ne bénéficient pas d’une retraite décente ou d’un minimum vieillesse pour pouvoir subvenir aux besoins primaires de la vie?
En effet, comme dans beaucoup de pays d’Afrique francophone, le système de retraite guinéen est basé sur le fonctionnement du régime « par répartition ». Cela veut donc dire que ce régime fonctionne en prélevant un taux de cotisation sur la rémunération des salariés actifs et ce sont ces prélèvements qui sont utilisés pour payer les prestations aux anciens salariés devenus retraités et leurs ayants-droits.
Avec ce fonctionnement, l’idéal recherché est souvent d’avoir une situation où le nombre d’actifs est supérieur au nombre de retraités cela signifie que les cotisations salariales excèdent le besoin de financement des pensions.
Or en Guinée, c’est cette situation qui prévaut largement et malgré l’avantage qu’elle comporte, notre pays est confronté à de multiples défis tels que l’insuffisance des ressources ainsi que le manque de transparence et d’efficacité dans la gestion des fonds de pension.
C’est pourquoi il devient urgent d’améliorer les contours du régime actuel (basé sur un héritage colonial) en lançant un vaste chantier de réforme autour de quelques axes prioritaires (non exhaustifs) :
– Revoir et renforcer la gouvernance de la CNSS en améliorant son mode de fonctionnement, en établissant des procédures de contrôles rigoureuses afin de lutter contre la corruption et pour une meilleure gestion des fonds de pension.
– Apporter des changements substantiels au régime de retraite actuel, permettant de revaloriser le montant des pensions actuelles, en fonction des données actualisées et des différentes prévisions économiques, sociales et démographiques : % d’actifs vs retraités, taux de recouvrement, âge de départ de la retraite etc…
– Mettre en place un régime de pension plus inclusif et durable qui permettra de garantir une couverture pour tous les travailleurs du secteur formel et surtout informel (dans un pays où 90 % des travailleurs évoluent dans l’informel et ce qui signifie de facto que de nombreux travailleurs ne cotisent pas à des systèmes de retraite formels).
– Imaginer un système de minimum vieillesse permettant d’assurer un minimum de revenus aux compatriotes seniors les plus vulnérables : inaptes au travail, handicapés, anciens combattants, mère de famille au foyer …
– Sensibiliser les travailleurs à la planification de leur retraite (épargner et où investir) à travers des campagnes de communication et des programmes de formation afin d’éviter une insuffisance de revenus à la retraite.
En définitive une mise à jour du système de retraite actuel tenant compte des évolutions sociologiques, économiques démographiques de notre société doit permettre de rétablir la justice sociale envers les plus vulnérables.
Souleymane KOUROUMA
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