République démocratique du Congo – Perspectives sur la sécurité alimentaire : Conflits persistants à l’est qui entraîneront des besoins humanitaires importants jusqu’en janvier 2025, Juin 2024 – Janvier 2025 – Democratic Republic of the Congo

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Messages clé

  • Les résultats de Crise (Phase 3 de l’IPC) sont attendus de juin 2024 à janvier 2025, avec des populations en Urgence (Phase 4 de l’IPC) dans les zones nord-est et centre-est. Ces résultats sont issus des affrontements de la rébellion du M23 et d’autres groupes armés contre les FARDC, lesquels ont provoqué le déplacement d’environ 7,3 millions de personnes à travers le pays (OCHA). Les récoltes de juin et janvier 2025 devraient être nettement inférieures à la moyenne en raison du conflit et ne devraient pas améliorer de manière significative les disponibilités alimentaires des ménages pauvres. Une partie des ménages déplacés au nord-est, n’ayant pas pu cultiver et ayant des difficultés à récupérer leurs moyens de subsistance, devrait être en Urgence (Phase 4 de l’IPC)
  • Les zones de grande préoccupation avec les conflits les plus intenses restent dans les provinces de l’Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu dans le nord-est du pays. Dans ces provinces, les territoires de Djugu (Ituri) , Rutshuru, Masisi et Lubero (Nord-Kivu) et Kalehe (Sud-Kivu) restent les foyers de tension.
  • Bien que les inondations saisonnières d’octobre et novembre 2024 ne devraient pas atteindre les niveaux historiques observés au cours des deux dernières années, selon les prévisions pluviométriques, les résultats de Crise (Phase 3 de l’IPC) sont attendus dans les zones les plus susceptibles aux inondations, notamment les zones riveraines du Fleuve Congo et au bord du Lac Tanganyika.
  • FEWS NET estime qu’entre 14-14.99 millions des personnes seront en besoin d’assistance humanitaire urgente, pendant la soudure de la saison 2 d’octobre à décembre 2024. Toutefois, comme ces dernières années, les besoins totaux restent supérieurs aux niveaux d’assistance prévus. L’assistance anticipé pendant la période de scénario ne couvre qu’une faible proportion de la population dans les zones les plus affectées par les conflits et les inondations.

Résumé

Les besoins en assistance alimentaire atteindront leur pic annuel entre octobre et décembre 2024, coïncidant avec le pic de la soudure de la saison 2 dans la majeure partie du pays. Une autre année de récoltes inférieures à la moyenne en juin 2024 et janvier 2025, due à la réduction des surfaces cultivées liée au conflit,aux pertes de récoltes et aux inondations, n’entraînera qu’une brève amélioration de la consommation alimentaire des ménages avant que ceux-ci ne soient obligés de recourir à des achats alimentaires onéreux. De nombreux ménages ont perdu l’accès à leurs moyens d’existence et sont confrontés à des déficits de consommation alimentaire de Crise (Phase 3 de l’IPC) due à des années de conflit et à des déplacements forcés répétés, ainsi qu’à deux années consécutives d’inondations d’une ampleur historique (Figure 1). Bien que les déficits alimentaires diminuent légèrement avec les récoltes de janvier, ces baisses seront de courte durée. Les effets de l’aggravation des conflits, des inondations saisonnières et l’instabilité macroéconomique entraînant une forte inflation devraient maintenir les besoins d’assistance élevé jusqu’en janvier 2025.

Des conflits intense devraient conduire à des résultats de Crise (Phase 3 de l’IPC) dans le Nord-Kivu et dans certaines parties des provinces de l’Ituri, du Sud-Kivu, du Tanganyika et de Mai-Ndombe de juin 2024 à janvier 2025. La rébellion du M23 ,les incursions accrues des ADF et d’autres groupes armés sont susceptibles d’entraîner une nouvelle année consécutive de récoltes inférieures à la moyenne. De nombreux ménages devront acheter la majeure partie de leur nourriture en raison d’un accès considérablement réduit à leurs propres activités de production, de pêche et de recherche de nourriture. Les graves perturbations du marché et de l’approvisionnement limitent encore davantage les possibilités de revenus et provoquent une flambée des prix des produits alimentaires et non alimentaires essentiels, poussant certains ménages confrontés aux chocs cumulés des inondations et des conflits à se retrouver en situation d’Urgence (Phase 4 de l’IPC). De nombreux ménages récemment déplacés sont également susceptibles de se trouver en situation d’Urgence (Phase 4 de l’IPC). On s’attend à ce que les ménages pauvres adoptent des stratégies d’adaptation très négatives, telles que la vente des biens restants ou la mendicité, pour tenter d’atténuer leurs déficits de consommation alimentaire. La présence d’un nombre important des personnes déplacées dans plusieurs zones accroît également la concurrence pour les ressources et les opportunités de revenus, tout en exacerbant les prix élevés des denrées alimentaires et des articles non alimentaires.

Alors que la majeure partie du pays connaîtra des inondations saisonnières, les régions les plus touchées, notamment les provinces de l’Équateur, du Sud-Kivu, de Tanganyika et du Haut-Katanga, une situation de Crise (Phase 3 de l’IPC) devrait persister jusqu’en janvier 2025 en raison de l’impact des inondations saisonnières. Les ménages touchés par les inondations devraient subir d’importantes pertes de récoltes et une réduction des possibilités de revenus, les rivières devenant infranchissables. Dans les zones touchées par les inondations le long du lac Tanganyika, les résultats devraient s’améliorer d’ici au mois d’octobre 2024 et passer au niveau de Stress (Phase 2 de l’IPC) à mesure que les inondations se résorbent. Les ménages auront probablement encore du mal à satisfaire leurs besoins alimentaires minimaux jusqu’en janvier 2025, alors qu’ils se remettent des conséquences des inondations.

Le programme de la réponse humanitaire pour la RDC reste sous-financé par rapport aux besoins humanitaires constamment élevés résultant de chocs répétés et cumulés tout au long de l’année. Le PAM et ses partenaires continueront à fournir une assistance alimentaire d’urgence aux ménages touchés par le conflit et les inondations, la majeure partie de cette assistance étant destinée aux zones les plus préoccupantes du nord-est. Toutefois, l’assistance alimentaire prévue n’atteindra pas 25 percent de la population totale, ce qui est insuffisant pour atténuer l’insécurité alimentaire aiguë au niveau des zones de Crise (Phase 3 de l’IPC). Les ménages confrontés à une insécurité alimentaire aiguë sévère ne peuvent satisfaire leurs besoins minimaux en kilocalories sans recourir à des mesures d’adaptation non durables et ont besoin d’une assistance humanitaire urgente.

Contexte de la sécurité alimentaire

L’agriculture est cruciale pour les moyens d’existence dans l’ensemble du pays. Dans les zones rurales, les ménages dépendent fortement du travail agricole temporaire, ainsi que de la cueillette de produits forestiers et de la pêche, pour la consommation et la vente. Sauf le Nord-est, il y a deux saisons agricoles. Le mois de juin marque la récolte de la saison 1, plus petite que la récolte de la saison 2 en janvier. Dans le sud-est, il n’y a qu’une seule saison agricole, la récolte commence en avril. Excepté l’extrême sud-est, où le maïs est plus important, le manioc est le principal aliment de base et se récolte toute l’année.

Le conflit est l’un des principaux facteurs de l’insécurité alimentaire aiguë en RDC. Bien que la pauvreté chronique soit répandue, exacerbée par des facteurs structurels tels que la faiblesse des infrastructures et des services, une grande partie du pays est resiliente à l’insécurité alimentaire aiguë grâce à un climat favorable et à l’abondance de pluies régulières. En l’absence de chocs graves, la plupart des ménages couvrent leurs besoins essentiels en kilocalories et autres besoins essentiels. Toutefois, le pays, ayant connu des conflits prolongés dus à des tensions ethniques et à la concurrence pour ses ressources minérales, a vu depuis 2021 une intensification marquée du conflit dans le nord-est avec la réapparition de la rébellion du M23 dans le Nord-Kivu après presque dix ans de dormance et l’incursion des rebelles ougandais de l’ADF dans l’Ituri. De plus depuis 2022, un intense conflit intercommunautaire sévit dans le Mai-Ndombe à l’ouest. L’insécurité dans les zones de conflit limite l’accès aux champs, réduisant les zones cultivées ou entraînant leur abandon, perturbant la capacité des ménages à s’alimenter et à pêcher. De plus, la baisse de la production et la perturbation des marchés ont entraîné une hausse des prix alimentaires, limitant l’accès des ménages à la nourriture.

La RDC est confrontée à d’autres chocs cumulés, notamment les inondations saisonnières et l’instabilité macroéconomique. Les deux dernières saisons agricoles ont connu une pluviométrie excessive causant des inondations historiques, des éboulements, ainsi que des destructions des infrastructures et des actifs des ménages. Ces phénomenes ont été intense dans les zones de cuvette centrale le long du fleuve Congo et ses affluants. Par ailleurs, la monnaie locale s’est beaucoup dépréciée au fil du temps, entraînant des taux d’inflation élevés et empêchant les ménages de subvenir à leurs besoins de base. De multiples chocs maintiennent des besoins d’assistance élevés tout au cours de l’année.

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