République démocratique du Congo : Washington accuse le Rwanda d’avoir attaqué un camp de déplacés

Le Rwanda a réagi à cette accusation, la qualifiant de «ridicule» et d’«absurde». «Comment parvenez-vous à cette conclusion absurde ? Les FDR (Forces armées rwandaises), une armée professionnelle, n’attaqueraient jamais un camp de déplacés», a dit sur le réseau social X la porte-parole du gouvernement rwandais, Yolande Makolo.

La diplomatie américaine a accusé le Rwanda d’être à l’origine d’un bombardement sur un camp de déplacés dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) qui a fait au moins neuf morts vendredi, une affirmation récusée, hier, par Kigali.

«Les Etats-Unis condamnent fortement l’attaque d’aujourd’hui des positions des forces armées du Rwanda et du M23 sur le camp pour personnes déplacées de Mugunga», a déclaré, dans un communiqué paru vendredi, le porte-parole du département d’Etat américain Matthew Miller, cité par l’AFP.

«Cette attaque a causé la mort d’au moins 9 personnes et blessé pas moins de 33 autres, dont de nombreux femmes et enfants», poursuit-il. Il a ajouté que les Etats-Unis sont «vivement inquiets de l’avancée récente» des forces armées du Rwanda et du mouvement du M23 dans l’est de la RDC, «ce qui a participé au déplacement de plus de 2,5 millions de personnes».

Les Etats-Unis affirment depuis longtemps, comme Kinshasa, que la rébellion du M23 est soutenue par le Rwanda. Mais l’accusation par Washington d’une implication directe de Kigali est inhabituelle. «Il est essentiel que tous les Etats respectent la souveraineté et l’intégrité territoriale de chacun», ajoute le communiqué.

Le Rwanda a réagi, hier, à cette accusation la qualifiant de «ridicule» et d’«absurde». «Comment parvenez-vous à cette conclusion absurde ? Les FDR (Forces armées rwandaises), une armée professionnelle, n’attaqueraient jamais un camp» de déplacés, a dit sur le réseau social X la porte-parole du gouvernement rwandais, Yolande Makolo, qualifiant l’accusation de «ridicule».

Au moins neuf personnes ont été tuées et des dizaines blessées vendredi dans un bombardement qui a touché un camp de déplacés de la périphérie de Goma, dans l’est de la RDC, où des combats opposent les forces gouvernementales au mouvement rebelle M23 soutenu par le Rwanda.

Le porte-parole du gouvernement en RDC, Patrick Muyaya, a accusé vendredi sur X «l’armée rwandaise et ses supplétifs terroristes du M23» d’en être responsables. Appuyés par des unités de l’armée rwandaise, les rebelles du Mouvement du 23 Mars (M23) ont repris les armes fin 2021, après plusieurs années de sommeil et se sont emparés de larges pans de territoire du Nord-Kivu, allant jusqu’à encercler presque entièrement Goma.

La ville compte plus d’un million d’habitants et près d’un million de déplacés, arrivés par vagues successives depuis le début de l’offensive rebelle. Dans un entretien paru vendredi dans le journal français Le Figaro, le président congolais Felix Tshisekedi a prévenu qu’une guerre entre la RDC et le Rwanda était possible. 

Bien sûr qu’une guerre est possible, je ne vous le cache pas», a-t-il déclaré. «Ce pays, qui est notre voisin, viole notre territoire pour piller nos minerais et terrorise nos populations», a ajouté le chef de l’Etat congolais, en dénonçant «l’inertie de la communauté internationale» à qui Kinshasa demande de prendre des sanctions contre le Rwanda.

«Coquille vide»

Kigali dément son implication mais la communauté internationale, dont la France et les Etats-Unis, estime que le Rwanda soutient le M23 et a engagé des forces dans l’est. «Le M23 n’est qu’une coquille vide ! Il ne compte peut-être que 500 miliciens. Non, ce sont des militaires rwandais qui sèment la mort sur notre sol», a observé E. Tshisekedi.

«Je veux reculer cette échéance (la guerre, ndlr) le plus loin possible car je préfère mettre toute notre énergie et nos richesses au profit du développement des 145 territoires de la RDC plutôt que dans l’effort militaire», a précisé E. Tshisekedi. Interrogé sur la possibilité d’ouvrir des discussions avec son homologue rwandais Paul Kagame, il a rappelé que la médiation angolaise y travaillait.

«Nos délégations vont se retrouver à Luanda ces jours-ci pour travailler et trouver un terrain d’entente. Moi, je demande une chose simple : que le Rwanda retire ses troupes du territoire congolais».

Au pouvoir depuis janvier 2019, Félix Tshisekedi, a été réélu haut la main dès le premier tour de la présidentielle du 20 décembre, avec plus de 73% des voix, et les partis de son «Union sacrée» ont raflé quelque 90% des sièges de députés nationaux aux législatives organisées le même jour.

Officiellement investi pour un nouveau mandat de cinq ans, le 20 janvier, le président a reçu, un mois plus tard, le 21 février, la démission de son Premier ministre Sama Lukonde, en poste depuis 2021, et chargé l’équipe sortante d’expédier les affaires courantes et le nouveau gouvernement se fait attendre. Le M23 a pris le contrôle cette semaine de la cité minière de Rubaya, d’où est notamment extrait du coltan, minerai stratégique pour l’industrie électronique.

Les autorités de la RDC accusent le Rwanda de vouloir faire main basse sur les richesses de l’Est congolais, ce que Kigali conteste. Début avril, la mission de l’ONU en RDC (Monusco) décrivait une situation sécuritaire «de plus en plus volatile». A la demande des autorités de Kinshasa qui la jugent inefficace, la Monusco a entamé son retrait «accéléré» de l’est de la RDC, après 25 ans de présence, en commençant par la province du Sud-Kivu où elle a officiellement mis fin mardi à ses opérations.

Jusqu’à présent, les initiatives diplomatiques régionales lancées pour tenter de régler la crise n’ont rien donné. En visite cette semaine en France, le président Félix Tshisekedi a rappelé qu’il ne serait pas «possible de discuter» avec le Rwanda qu’une fois que son armée «aura quitté» la RDC.
 

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