Un décret a été rendu public le 9 juillet 2024, portant modalité commune d’application du Directoire diocésain de Brazzaville en République du Congo. Comme une boussole, il vise à conduire la vie diocésaine tout en lui insufflant un renouveau dans une prise de conscience et de responsabilité personnelle et communautaire.
Entretien réalisé par Françoise Niamien – Cité du Vatican
Le Directoire diocésain de Brazzaville est composé de 376 articles répartis dans trois grands livres que sont: le livre 1 sur la vie spirituelle et la liturgie; Le livre 2 portant sur la gestion du personnel et le livre 3 sur la vie matérielle, économique et sociale de l’archidiocèse de Brazzaville. Les dispositions contenues dans ce Directoire sont applicables au clergé diocésain et aux consacrés œuvrant dans l’archidiocèse de Brazzaville; au clergé de Brazzaville en mission dans les autres diocèses, aux fidèles de laïcs, aux personnes recrutées à titre temporaire, pour occuper un emploi permanent ou ponctuel dans l’administration diocésaine, les administrations paroissiales ou déconcentrés et les établissements qui agissent au nom de l’archidiocèse de Brazzaville.
Selon Mgr Bienvenu Manamika, archevêque de Brazzaville, ce Directoire est pour «insuffler un renouveau là où le sel s’est affadi». Exprimant sa joie pour l’aboutissement de ce long processus, Mgr Manamika, a souhaité qu’il soit mis en application à la rentrée pastorale 2024-2025, et «soit une aide pour chacun de nous pasteurs, religieux, religieuses fidèles laïcs, à entrer profondément dans l’expérience synodale encouragée par le Pape François». Aussi qu’il «puisse servir réellement de boussole pour permettre d’atteindre le cap fixé par l’Assemblée Spéciale des Ouvriers Apostolique, l’ASOA, dans la communion, l’affermissement et le renouveau».
Dans un entretien accordé à Vatican News, le père Vincent Massengo, vicaire général de l’archidiocèse de Brazzaville, est notamment revenu sur l’historique, les objectifs et le contenu du Directoire diocésain de Brazzaville.
Qu’est-ce qui a favorisé la création du Directoire diocésain de Brazzaville?
En date du 22 avril 2022, Mgr Bienvenu Manamika Bafouahouakou avait convoqué une Assemblée Spéciale des Ouvriers Apostoliques en sigle ASOA qui s’était tenue du 26 juin au 2 juillet 2022. Lors de ces assises, un diagnostic, un examen profond s’était fait sur quelques problèmes minant le vivre-ensemble en Église du Christ qui est à Brazzaville. Ce travail s’est fait partir d’une collecte de données partant de la base, c’est-à-dire du clergé diocésain et consacrés œuvrant dans l’archidiocèse de Brazzaville; au clergé de Brazzaville en mission dans les autres diocèses, fidèles de laïcs de l’archidiocèse. Après analyse, partage, méditation et discernement, ces réflexions ont fécondé le Directoire que nous avons aujourd’hui. Il y avait des choses qui n’allaient pas, ensemble, nous avons pris conscience de cela. Et donc ce Directoire, c’est en quelque sorte une nouvelle vision, une nouvelle direction que nous avons choisie pour travailler ensemble dans la synodalité et ressusciter ensemble.
Quels sont les objectifs spécifiques de ce Directoire?
Tout comme une boussole, l’objectif de ce Directoire est d’éclairer, d’orienter et de conduire la marche de notre archidiocèse. C’est une Église qui a commencé et qui suit son chemin. Après sa nomination à la tête de cet archidiocèse, Mgr Manamika nous a invités à nous s’asseoir ensemble pour réfléchir à la vie et à la suite de la marche de notre Église famille de Dieu qui est à Brazzaville. Et cela, nous a permis de tenir compte des points sur lesquels les choses ne semblaient pas bien marcher. Ayant réfléchi ensemble, cela nous donne une nouvelle volonté, un nouveau souffle pour aller de l’avant. Donc c’est une continuité, mais avec des corrections, des recadrages pour que tous nous regardions dans la même direction. C’est aussi de redonner confiance à chacun de nous, en se disant que nous sommes tous les enfants bien-aimés de Dieu, et c’est lui qui nous appelle pour travailler ensemble pour sa gloire et le salut de nos frères et sœurs. La réalisation de cette mission passe évidemment par le respect de certaines règles.
Le Directoire diocésain est composé de trois livres. Le livre 1 concerne la vie spirituelle et la liturgie. Le second, porte sur la gestion du personnel et le troisième sur la vie matérielle, économique et sociale de l’archidiocèse de Brazzaville. Que savoir de ces différents livres?
Le livre 1: vie spirituelle et liturgique contient 13 titres. Il souligne entre autres le rôle du prêtre, des mouvements d’apostolat, mais aussi des normes à prendre en compte pendant nos célébrations eucharistiques.
Par exemple, un prêtre qui arrive après la collecte n’a pas le droit de monter à l’autel. Quand nous remettons Jésus au tabernacle, toute l’assemblée est conviée de se mettre debout par respect pour le Seigneur.
Toujours dans ce livre, le Directoire recadre aussi la commission diocésaine des chants sacrés. L’exécution d’un chant dans notre diocèse requiert le discernement et l’authentification et l’autorisation de la commission. Il y a aussi des recommandations générales sur la liturgie à savoir les dispositions générales sur la messe quotidienne, par exemple, en semaine, la messe doit durer 30 minutes, pas au-delà, pour permettre aux gens d’aller vaquer à leurs occupations. La messe dominicale sera désormais d’une durée d’une heure trente minutes (1 h 30) pas au-delà. Ce sont-là quelques normes pour faciliter notre vivre-ensemble en Église.
Le livre 1 concerne également la vie spirituelle. Traitant des prières de guérison, de délivrance et d’exorcisme, ce titre se présente comme une instance de recadrage de comportement, des prescriptions et taches face aux abus et pratique para-liturgique.
Nous tenons ainsi à éviter les dérives, parce qu’avec l’exorcisme, il y en a eu beaucoup. Il appartient à l’ordinaire du lieu de nommer un exorcisme diocésain.
Certes, chaque prêtre a ce pouvoir de prier pour quelqu’un qui est malade, mais quand le cas est avéré être une possession, en ce moment-là, il doit avoir recours à l’exorcisme diocésain.
Toujours concernant le livre 1: au niveau des mouvements d’apostolat, le Directoire nous renvoie à la dévotion. Ainsi, chaque mouvement doit respecter sa dévotion, tenir compte aussi de la parole de Dieu et de l’apostolat parce que ce sont les trois dimensions qui font des mouvements, un mouvement apostolique.
Passons au livre 2, ce livre fait référence à la gestion du personnel diocesain. Il comporte 8 titres. Cette gestion se rapporte au personnel de la Curie diocésaine, des services, des commissions, de l’organisation générale des affectations mais aussi à la retraite spirituelle des prêtres et de leur formation permanente. La gestion du personnel concerne aussi la vie communautaire et vie consacrée.
Nous avons enfin le livre 3: il traite de la gestion de la vie matérielle, économique et sociale du diocèse. C’est le livre le plus technique du directoire avec un manuel d’application. Il a eu l’apport des techniciens de finances. Je pense que c’est le vrai nœud du problème. Lorsqu’on nous parle de l’orthodoxie financière et de la gouvernance, le point clé, c’est de centraliser nos finances. Donc toutes les quêtes doivent être déposées à l’économat, les honoraires de messe de même.
Nous le faisons déjà pour les honoraires de messe, mais au sujet des quêtes, c’est une nouveauté. Et donc là, tous, nous allons faire école pour apprendre à avoir une caisse commune. La répartition se fera par l’économat diocésain selon les besoins de chaque paroisse, comme cela se faisait dans l’Église primitive. Elle nous montre comment la première communauté mettait tout ensemble et répondait aux besoins de chacun. Donc, nous pouvons œuvrer dans ce sens pour qu’il y ait vraiment participation, collaboration et réussite avec l’aide de Dieu.
En résumé, les trois livres nous invitent au bien commun, à la synodalité, mais aussi à la persévérance dans la mission de l’Église. Moi, c’est cette leçon que je tire. Tout ce que le Directoire nous propose, c’est pour le bien commun. Donc faisons de telle sorte que, de par notre action pastorale, par notre façon d’enseigner et de gouverner, que nous pensons toujours au bien commun. Jamais moi sans les autres, jamais les autres sans moi, mais tous ensemble pour la même mission et pour les mêmes finalités selon la volonté de Dieu
Au regard de tout ce que vous venez de souligner que représente véritablement ce Directoire pour l’archidiocèse de Brazzaville?
Pour notre Église Famille de Dieu à Brazzaville, cet outil est un don du Ciel. Parce que les réflexions que nous avons eues n’ont pas toujours été le fruit de notre propre réflexion. Ce Directoire nous a été inspiré par l’Esprit du Seigneur, l’Esprit Saint. C’est une direction qui nous est proposée par Seigneur pour nous apprendre à vivre l’Évangile.
Je ne dis pas que tout sera parfait, mais je pense que c’est une direction choisie et tous ensemble nous allons suivre ce que nous nous sommes proposés pour redonner un nouveau souffle à notre diocèse.
La mise en application de ce Directoire sera pour la nouvelle année pastorale 2024-2025. Comment se fera-t-elle?
La première des choses est son appropriation par les prêtres et les laïcs. Il y a un temps d’approbation de trois mois pour s’approprier du directoire et après, il y a une équipe de suivi du Directoire qui visitera les paroisses, dans des doyennés, pour expliquer aux uns et autres son application. Nous n’allons pas nous précipiter sur les choses, mais il faut d’abord expliquer à tout le peuple de Dieu le bien-fondé de ce directoire et son application ainsi, il va collaborer vont collaborer facilement.
Au-delà de ce Directoire diocésain, quels sont aujourd’hui les défis de l’archidiocèse de Brazzaville?
Pour moi, le premier défi est l’assainissement de nos finances. Une fois que nos finances seront assainies, le deuxième défi à relever sera, l’action pastorale.
Quel est votre appel à tous vos diocésains?
Je voudrais tout d’abord rappeler le thème de l’année pastorale 2023-2024: tous appelés d’un seul cœur à continuer la construction de notre diocèse. Tous appelés, donc, chrétien de Brazzaville, au-delà de la personne de notre archevêque Mgr Manamika, c’est Dieu qui nous appelle à continuer la construction de notre diocèse. Mais cette construction ne peut se faire qu’à partir de normes, d’une méthode, de suivi et de collaboration. Si nous ne conjuguons pas nos efforts, nous ne pourrons pas continuer la construction de notre diocèse. Rappelons-nous, à l’ouverture de l’année pastorale, 2023-2024, Mgr Manamika avait publié sa première lettre pastorale où il s’interrogeait «pourquoi restez-vous là à regarder le ciel?» C’était une exhortation adressée à ces diocésains à ne pas fixer nos yeux sur le passé, mais plutôt à profiter de la grâce de Dieu pour avancer au large. Maintenant, que nous en avons pris conscience de cet appel, levons-nous comme des vrais ressuscités pour aller à l’encontre du Christ à l’exemple des disciples d’Emmaüs. Nous espérons y parvenir pour le bien de notre diocèse, avec l’aide de Dieu et la participation de tous.
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