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Ce qui au départ était une intention, a été confirmé en seulement 24 h par les 3 pays qui forment la Confédération Alliance des Etats du Sahel plus connu sous l’acronyme, AES.
Ainsi, entre le 17 et 18 mars 2025, le Niger, le Burkina Faso et le Mali ont successivement claqué la porte de l’Organisation Internationale de la Francophonie, une organisation mise en place par les pays ayant en commun la langue française.
Les trois pays à travers des notes diplomatiques officielles ont prévenu les responsables de l’institution francophone de leur décision de quitter définitivement l’OIF dont ils sont membres fondateurs.
Le Niger, le Burkina Faso et le Mali tous dirigés par des militaires ont été suspendus de plusieurs organisations internationales et sous régionales pour dit-on avoir ‘mis fin brutalement’ au processus démocratique en cours dans ces pays.
Quelles sont les missions assignées à l’OIF ?
Appelée à sa création le 20 mars 1970, à Niamey au Niger, Agence de Coopération Culturelle et Technique, ACCT, l’Oganisation Internationale de la Francophonie (nom actuelle) a été créée sous la houlette des présidents Hamani Diori (Niger) Léopold Sedar Senghor(Sénégal) et Habib Bourguiba(Tunisie).
l’ACCT qui va se muer en Organisation internationale de la Francophonie (OIF), a pour objectif d’instituer entre les pays membres essentiellement d’expression française, une coopération en matière économique, éducative et culturelle.
Selon le site de l’organisation, l’OIF a pour missions de :
- Promouvoir de la langue française et la diversité culturelle et linguistique
- Promouvoir la paix, la démocratie et les droits de l’Homme
- Appuyer l’éducation, la formation, l’enseignement supérieur et la recherche
- Développer la coopération économique au service du développement durable

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L’organisation francophone a mis en place plusieurs structures afin de favoriser la coopération en son sein :
- Une Assemblée parlementaire de la Francophonie : il s’agit d’une assemblée consultative qui se veut être un lien entre les gouvernement et les peuples.
- Une agence universitaire de la Francophonie (AUF) : son objectif est de « établissements d’enseignement supérieur et de recherche et agit pour une francophonie scientifique engagée dans le développement économique, social et culturel des sociétés. »
- Une chaîne de télévision généraliste, TV5MONDE, diffusée dans les cinq contienents
- Une association internationale des maires francophones (AIMF) : il constitue un espace de dialogue, d’échange et de plaidoyer pour les élus de l’organisation.
- Une université Senghor dont le siège se trouve Alexandrie en Egypte. Sa mission consiste à « de former, en français, des cadres créatifs capables de relever les défis du développement durable en Afrique et en Haïti. »
Et pour asseoir une politique harmonieuse entre les pays ayant en partage le français, les états membres ont mis en places plusieurs structures : que sont la Conférence des Ministres de l’Education Nationale (Confemen), la Conférence des Ministres de la Jeunesse et des Sports (Confejes) et l’Association internationale des maires francophones (AIMF) .
Qu’est ce qui motive le départ des trois pays?
Niamey qui a été le premier a claqué la porte de l’OIF, a motivé son retrait, par un acte de souveraineté en réaction à sa suspension par l’instance francophone à la suite du coup d’état du 26 juillet 2023.
Après le Niger, c’est le Burkina Faso, puis le Mali qui ont déclaré quitter l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), mardi 18 mars 2025.
Tous les trois se sont appuyés sur leur suspension et ce qu’ils ont qualifié de ‘politique du deux poids -deux mesures’.
Les trois pays de l’AES ont été suspendus comme la Guinée pour des motifs de renversement de régime démocratique, mais le dernier cité a été réintégré en octobre 2024.
Du reste sur la question, dans sa note, Bamako fera remarquer que depuis l’avènement de la transition l’OIF, au lieu d’accompagner le Mali dans la réalisation des aspirations légitimes de son peuple, s’est illustrée par l’application sélective des sanctions et le mépris pour la souveraineté du Mali.
« Par conséquent, le Mali ne peut demeurer membre d’une organisation aux agissements incompatibles avec les principes constitutionnels qui guident l’action publique du pays fondés sur la souveraineté de l’État, le choix souverain du peuple et la défense de ses interêts », indique la lettre de retrait envoyée à la France qui est « président en excercice » de l’OIF.
L’organisation, par l’entremise de son porte-parole, Oria Vande Weghe, déplore cette sortie de ces pays tout en respectant leur choix même si elle n’est pas surprise par cette décision.

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Les conséquences d’un tel retrait pour les trois pays
Selon les textes de l’Organisation Internationale de la Francophonie, tout état membre peut se retirer en envoyant une note verbale puis une note officielle au pays en charge de la présidence en excercice chargée d’informer le sécrétariat général.
Selon Paul Amegakpo, Président de l’Institut Tamberma pour la Gouvernance, ces pays de l’AES perdront, une fois leur retrait officiellement constatée; les differents concours techniques financiers et même pédagogiques, notamment dans les domaines de l’éducation, des médias et de la formation professionnelle.
Plusieurs projets financés en faveur de la jeunesse, de l’autonomisation de la jeune fille seront également impactés.
La confejes et la Confemen qui oeuvrent dans le sport et l’éducation nationale et au sein desquelles travaillent plusieurs dizaines de ressortissants des pays qui quittent l’OIF seront aussi impactés.
L’OIF est Partenaire du Fespaco, le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ougadougou (Burkina Faso), .
Elle a aidé à la réalisation de plusieurs centaines d’œuvres cinématographiques et de télévision.
Elle intervient également dans les milieux défavorisés via la lecture et l’animation culturelle.
L’organisation chargée de promouvoir la langue française intervient également dans l’instauration d’une culture démocratique dans les pays membres.
En ce moment, la question est de savoir si cette rupture aura des conséquences sur les relations états de l’AES et les partenaires francophones traditionnels, notamment le Canada et la Belgique.
Conformément à l’article 10 de la Charte de l’OIF, le retrait ne sera effectif qu’après une période de six mois, laissant un délai pour gérer la transition.
L’OIF compte 54 pays membres, sept membres associés et 27 observateurs.
321 millions de personnes dans le monde sont francophones, en augmentation de 7% par rapport à 2018 selon Selon le dernier rapport 2022 de l’institution.
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