Riek Machar arrêté : le Soudan du Sud en route vers un nouveau conflit sanglant ?

Riek Machar


L’arrestation brutale du vice-président Riek Machar dans la soirée du mercredi 26 mars 2025 par des forces lourdement armées a ravivé les craintes d’un nouveau conflit au Soudan du Sud. Cette arrestation, dénoncée par le Mouvement populaire de libération du Soudan en opposition (SPLM-IO), pourrait compromettre le fragile accord de paix signé en 2018 et plonger à nouveau le pays dans la violence.

Selon le SPLM-IO, Riek Machar a été arrêté par des forces dirigées par le ministre de la Défense et le chef de la sécurité nationale. Cette arrestation a immédiatement suscité de vives inquiétudes au sein de la communauté internationale. Richard Orengo, directeur national de l’International Rescue Committee (IRC), met en garde contre une escalade rapide du conflit : « Nous craignons que – si la communauté internationale et les pays voisins ne désamorcent pas la situation à temps – la crise latente ne dégénère rapidement en un conflit de grande intensité. Ce qui aggraverait encore la crise actuelle. »

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Le Soudan du Sud est marqué par une méfiance persistante entre ses dirigeants, un manque de communication et des rivalités ethniques et politiques profondes. L’expert politique James Okuk du Centre d’études stratégiques et politiques de Juba explique que les tensions actuelles trouvent leurs racines dans des conflits de pouvoir et le contrôle des ressources : « La corruption, l’absence d’un gouvernement efficace et la faiblesse des institutions exacerbent la tension et menacent la cohésion du pays. »

Une mobilisation internationale en cours

Face à cette crise, plusieurs acteurs régionaux et internationaux tentent de calmer la situation. Le président kényan William Ruto a annoncé l’envoi d’un médiateur pour désamorcer les tensions. L’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), qui regroupe sept pays est-africains, a également exprimé son inquiétude et affirmé sa volonté d’accélérer la mise en œuvre de l’accord de paix de 2018.

Ismail Wais, envoyé spécial de l’IGAD au Soudan du Sud, a appelé à une action concertée : « Nous devons faire davantage pour atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés. Nous sommes prêts à agir et à engager le peuple sud-soudanais à travailler avec l’IGAD pour la paix et la stabilité. » L’Union africaine a également exprimé sa « vive inquiétude », tandis que l’ONU craint qu’un retour à la guerre ne menace la vie de millions de personnes.

Le Soudan du Sud, indépendant depuis 2011, a déjà connu une guerre civile meurtrière entre 2013 et 2018. Le conflit entre les forces du président Salva Kiir et celles de son vice-président Riek Machar avait causé 400 000 morts et déplacé quatre millions de personnes. L’accord de paix signé en 2018 devait garantir un partage du pouvoir entre les deux camps, mais les tensions n’ont jamais véritablement disparu.

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Avec l’arrestation de Machar, cet équilibre fragile semble voler en éclats. La communauté internationale parviendra-t-elle à éviter une nouvelle guerre civile ? La réponse dépendra des efforts diplomatiques déployés dans les prochains jours pour empêcher une escalade irréversible du conflit.

Afriksoir

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