Risque de dengue aux JO : « La France est prête pour ce genre d’évènement » assure Anna-Bella Failloux
Alors que les Jeux Olympiques approchent, les autorités sanitaires s’inquiètent de la flambée de cas importés de dengue dans l’Hexagone. Mais selon Anna-Bella Failloux, spécialiste des arboviroses à l’Institut Pasteur, la France dispose des outils suffisants pour éviter une épidémie.
Peut-il y avoir une épidémie de dengue lors de Jeux Olympiques ? Santé Publique France a publié une liste de risques sanitaires pour ce grand brassage de population, et les dispositifs mobilisés pour les éviter. Les arboviroses (dengue, chikunguya et zika) en font partie. La dengue plus particulièrement est dans le viseur des autorités sanitaires après le record de cas importés pour ce début d’année : 2 800. Spécialiste des arboviroses à l’Institut Pasteur, la chercheuse tahitienne Anna-Bella Failloux nous éclaire sur la situation.
Lorsqu’il y a des cas importés en France hexagonale, cela veut dire qu’il y a une épidémie ailleurs. Depuis l’été dernier et jusqu’à très récemment en avril, il y avait une grosse épidémie de dengue aux Antilles et en Guyane. Avec les ressortissants qui s’y rendaient en vacances ou les nombreux échanges qu’il y a entre l’Hexagone et cette région, il y a eu une importation 13 fois plus importante de personnes infectées.
Avec ce nombre de cas importés, forcément ça nous alerte parce que cela peut constituer une source de contamination des moustiques. Si le moustique tigre, qui est compétent pour ce virus, pique ces personnes infectés, cela peut enclencher une épidémie. Heureusement, cette flambée de cas a eu lieu entre janvier et avril, une période de l’année où il n’y a pas assez de moustiques pour permettre une flambée épidémique.
Les Jeux Olympiques peuvent constituer un risque parce qu’il y aura des gens qui viennent de partout. Donc forcément, on augmente les risques d’introduction de virus différents. Si encore, ils venaient seulement d’un ou deux pays, on pourrait évaluer la présence de la dengue seulement dans ces pays-là.
Aux Antilles, on est quand même en fin d’épidémie et dans l’hémisphère sud, c’est le début de l’hiver austral donc forcément, il y aura moins de risques d’épidémie. Dans l’hémisphère nord, il faut vérifier qu’il n’y ait pas d’épidémie enclenchée soit en Asie du Sud-Est, soit en Amérique centrale.
On a déjà un système pour surveiller l’émergence de différents cas de dengue, chikunguya et zika, chaque année entre le 1ᵉʳ mai et jusqu’au 30 novembre. Dès qu’on suspecte une arbovirose, le médecin de ville demande une confirmation sérologique. S’il s’avère que c’est bien une dengue, une enquête est enclenchée pour permettre d’évaluer les endroits où cette personne est allée et s’il y a un risque de contaminer d’autres moustiques. On procède alors à une désinsectisation si jamais le risque est important. Tout le processus est déjà là. Les mesures classiques avec une surveillance un peu plus poussée devraient suffire pour les Jeux Olympiques, la France est prête pour ce genre d’évènements.
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