Voici sept garnements qui se font un malin plaisir à jouer avec les frontières musicales en incorporant des éléments hétérogènes provenant à la fois de l’afrobeat, du hip-hop, de la soul, du funk et du jazz. Rien que ça ! Rofoforo Jazz (roforofo signifie « boueux » en yoruba, une langue d’Afrique de l’Ouest), c’est en effet sept personnes qui ont traversé le temps ensemble à travers divers projets (Afro Latin Vintage Orchestra, les Freres Smith, Los Tres Puntos, No Water Please, ou encore Sax Machine) et qui ont au moins en commun cette passion pour le groove et l’afrobeat. Un style qui leur a ouvert les portes de la Felabration, cette grande fête annuelle organisée à Lagos en hommage au grand Fela. Une première pour un groupe français : Cocorico !
Formé en 2019, et après un premier EP en 2021 nommé Fire eater, bien relayé d’ailleurs par des radios comme Nova, le combo parisien passe la seconde début 2023 avec, cette fois ci, un long format : Running the way. Ce premier LP est une marche supplémentaire que les Roforofo Jazz ont atteint sans grande difficulté. L’expérience parle évidemment pour ce groupe qui cultive le goût de la musique bien faite, qui a un sens du rythme aiguisé, et qui adopte des couleurs sonores chaudes et dansantes, tout en laissant le champ libre à leur MC originaire de Chicago, RacecaR (sur ce projet, il s’appelle Days). Ce dernier possède un flow à l’ancienne, vivace et vivant, comme la musique sur laquelle il pose ses textes. À bien des égards, et même si la langue utilisée n’est pas la même, la démarche des Rofo me rappelle un peu celle de La Cédille : ces artistes décident de représenter le hip-hop (mais pas que) en refusant les bandes (pré)enregistrées, les scratchs et le DJ et préférent troquer tout ça contre une bonne bande de vieux potes musiciens talentueux. Et ce, tout en variant les plaisirs et en gardant une unité « Jazz ».
Ajouter le mot « Jazz » à leur nom est à ce titre bien trop réducteur. À moins qu’il ne s’agisse là d’exprimer la liberté, la communion et la scène. Et là, clairement, Roforofo Jazz est dans son élément et peut se mouvoir avec aisance à chaque titre proposé (les effluves de soul music pour « Side to side », le funk de « Stand up », ou l’afrobeat pour « From here to Benin »). Retenez bien ce nom car ce n’est pas tous les jours qu’on a l’opportunité d’écouter un chant « hip-hop » sur des instrus en total décalage avec ce qui se fait dans ce style de nos jours. Et cela fait un bien fou !
Publié dans le Mag #58
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