Roland Daigle signe une nouvelle bande dessinée sur la contrebande d’alcool

Le bédéiste acadien Roland Daigle est de retour avec une nouvelle aventure portant sur la contrebande d’alcool dans la région de Kent à l’époque de la prohibition. Ce deuxième volet de la saga de Richibucto met en scène un vétéran de la Première Guerre mondiale.

Le rhum à Joe Ti-Blanc (Éditions La Grande Marée) raconte l’histoire de Médée Daigle, un vétéran qui de retour chez lui dans le sud-est du Nouveau-Brunswick enquête sur les affaires illicites du propriétaire du restaurant Joe Ti-Blanc qui achète de l’alcool de contrebande.

Dans cette région, des Acadiens sont impliqués dans la contrebande d’alcool vers les États-Unis pendant les années de la prohibition. L’alcool est acheminé par bateau depuis les îles Saint-Pierre-et-Miquelon, territoire français, où l’alcool n’est pas prohibé. Médée qui fait la rencontre de Lise, serveuse au restaurant, décide de faire la guerre à cette corruption, déterminé à enrayer ce fléau.

Ayant fait des études universitaires en histoire, le bédéiste originaire de l’Aldouane, surnommé le Hergé acadien, aime s’inspirer de faits historiques pour créer ses récits. C’est de la fiction inspirée de la réalité et de personnages de sa région. Les anciens combattants occupent une grande place dans son œuvre.

Alerte à Richibouctou racontait l’histoire de John, un vétéran de la Deuxième Guerre mondiale, tandis que ce nouveau volet porte sur un ancien combattant de la Première Guerre mondiale. Médée est le père de John. La guerre a fait partie de la jeunesse du bédéiste. Il raconte que ses parents se sont rencontrés aux Pays-Bas pendant la Seconde Guerre mondiale. Sa mère est venue s’installer au Canada pour épouser le père de l’auteur.

«En grandissant, ils me parlaient tout le temps des histoires de guerre. Et puis on regardait des émissions de télévision sur la guerre. Ça fait partie de moi. Quand ma mère me racontait des histoires, c’était incroyable. […] Ce sont des choses qui m’ont marqué», a relaté l’artiste en entrevue dans un café à Moncton.

Le dessinateur a travaillé comme technicien à Radio-Canada Acadie pour ensuite faire un stage d’études à l’Académie des beaux-arts de Tournai en Belgique et au College of Art and Design de l’Ontario. Sa passion pour la bande dessinée a commencé avec les aventures de Tintin, dont il puise ses influences notamment en utilisant la ligne claire dans le dessin. Dès sa jeunesse, il adorait cette forme d’art.

«J’adorais la BD, mais il n’y avait pas d’argent à faire là-dedans par chez nous, il n’y avait personne qui enseignait ça. Puis j’ai fait mon chemin, j’ai étudié en électronique, puis j’ai fini à Radio-Canada.»

Mais rapidement, sa passion a repris le dessus et il a décidé d’approfondir ses connaissances dans ce domaine. Après avoir voyagé un peu partout sur la planète, il est revenu en Acadie la tête pleine d’images.

«Je n’étais pas bon à raconter, donc j’ai commencé à faire des croquis. Ça a commencé à faire des pages de bande dessinée et des dessins qui se suivaient. Entre les émissions [à Radio-Canada], on avait une grande pause. Dans mon packsack, j’avais un petit studio de dessin avec des bouteilles d’encre puis je dessinais.»

Il a commencé par publier les aventures de Roland et Jeannette dans la revue de bandes dessinées Valium dirigée par l’artiste Mario Doucette.

Après 23 ans à l’emploi de Radio-Canada, l’artiste a tout quitté pour se consacrer entièrement au dessin et au 9e art. Son premier album de bande dessinée porte sur l’écrasement d’avion à Richibucto en 1942. Sa famille en avait beaucoup à raconter sur le sujet.

Son deuxième livre s’inspire d’un personnage de son village considéré comme un vrai bandit dans la région. Il a entendu plusieurs histoires à propos de lui qui l’ont intrigué. Il a mené plusieurs recherches sur l’histoire des contrebandiers de rhum.

Quand il imagine son scénario, il essaie d’accrocher le lecteur à la fin de chaque page afin de maintenir le suspens. «Quand j’ai une idée dans la tête, et que je dessine des choses, j’essaie de m’imaginer que je suis là en train de vivre cette expérience-là. Mes caractères, c’est comme moi un peu, ce que je ferais dans cette situation-là», explique le bédéiste, précisant que tout s’imbrique comme un casse-tête.

S’il y a peu de bédéistes en Acadie, c’est notamment en raison des coûts que ça entraîne et de l’absence de formation dans le domaine, soulève le bédéiste. Roland Daigle tient à mettre en lumière des histoires acadiennes.

«Au fond, je suis un Acadien et je suis fier de ça. J’aime faire quelque chose qui est plus accessible que les livres d’intellectuels.»

Déjà quelques idées lui trottent dans la tête pour une prochaine bande dessinée: le frolic acadien ou encore Louisbourg.

De John à Joe

Parallèlement à la parution de son livre, la Galerie Bernard-Jean à Caraquet présente une exposition de ses oeuvres. Une trentaine de dessins récents sur divers sujets et les planches tirées de sa nouvelle bande dessinée, Le rhum à Joe Ti-Blanc, sont exposées jusqu’au 2 mai. On y retrouve des dessins qu’il a réalisés entre la publication de ses deux bandes dessinées, de 2019 à 2025. «J’appelle ça De John à Joe.»

Cette exposition a été présentée dans plusieurs villes de la province, avant de s’arrêter à Caraquet.

Quelques oeuvres de Roland Daigle exposées à la Galerie Bernard-Jean à Caraquet – Gracieuseté

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