La photo tire toute sa force de l’intensité de son regard. On y voit un Royal Ivey passionné, criant à bouche grande ouverte, alors que son joueur Carlik Jones est au sol, à plonger sur le ballon dans les mains d’un joueur de Porto Rico.
Après 40 minutes de batailles de ce genre, le Soudan du Sud et son coach, natif de New York, peuvent exulter : le pays africain vient de remporter le premier match de son histoire aux Jeux olympiques.
« On a joué vite, physique, on a défendu. Et on les a empêchés de prendre des rebonds offensifs, c’est comme ça qu’ils nous ont battus l’année dernière. Ils nous ont battus pendant la Coupe du monde et on devait leur rendre la pareille », re-situe le coach, cité par Eurohoops, qui se méfiait de Jose Alvarado (26 points) et de sa « dureté new-yorkaise ».
Son équipe avait été battue de peu, en prolongation, lors de l’ouverture du championnat mondial en 2023 après avoir concédé… 23 rebonds offensifs. On comprend mieux pourquoi le coach avait cette rencontre en tête depuis un moment, parlant même d’un « match revanche ».
La revanche d’un « role player »
Cette victoire acquise, la folle histoire se poursuit pour la 33e nation mondiale au classement FIBA, qui ne cesse de faire parler d’elle ces derniers mois. Et avec elle, son coach, propulsé sur le devant de la scène comme rarement il l’a été durant sa carrière de joueur.
Royal Ivey était un « journeyman » de la Grande Ligue, choisi en 37e position lors de la Draft 2004. Il a été pendant une saison aux Hawks à ses débuts ce « drôle » de meneur titulaire, qui ne jouait que 13 minutes par rencontre.
Malgré une production statistique famélique, il fera parler son professionnalisme pour se maintenir en NBA pendant près d’une décennie, en passant par trois autres formations (Sixers, Bucks et Thunder). L’ancien « role player » n’a pas quitté les bancs de la ligue depuis.
À OKC, il a trouvé une place d’assistant, à partir de 2016 aux côtés de Billy Donovan. Puis Royal Ivey est repassé par son New York natal, aux Knicks puis aux Nets, avant de rejoindre les Rockets l’an dernier.
42e « chapitre » de sa vie
Avec, en marge de son poste d’assistant, un brillant parcours à l’international pour cet homme de 42 ans.
« C’est un film, ma vie est un film en ce moment. Je suis fier de mes joueurs, du premier au douzième, tout le monde a contribué. C’est tellement, tellement réel, je ne pourrais pas vivre quelque chose de mieux », lâche-t-il en remerciant un autre des architectes du succès actuel, Luol Deng.
Royal Ivey, qui ne s’attendait pas à coacher aux Jeux Olympiques, parle du « 42e chapitre » de sa vie, un « chapitre incroyable » pour lui. « Je suis ici, j’ai joué dans la ligue pendant dix ans, et maintenant je suis coach, je suis l’ancien. Je n’ai jamais pensé que je serais coach. Je pensais que je serais instituteur ou que je dirigerais ma propre école préparatoire », livre-t-il.
Après avoir investi autrement « dans la jeunesse », il est encore aujourd’hui récompensé : « Toute ma vie a été surréaliste. Les gens me disaient : ‘Non, tu ne peux pas faire ça. Tu n’es pas assez rapide, intelligent…’, et je continue de prouver aux gens qu’ils ont tort, et c’est ça l’histoire. On peut faire, manifester tout ce qu’on veut dans cette vie. C’est réalisable, et j’en suis la preuve vivante. »
Photo : FIBA.com
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