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Les principales usines africaines de transformation de cacao de Côte d’Ivoire et du Ghana ont arrêté ou réduit leur production parce qu’elles n’ont pas les moyens d’acheter des fèves tant elles sont devenues onéreuses selon une enquête menée par Reuters.
Ainsi, le transformateur de fèves ivoirien Transcao, contrôlé par l’État et l’une des neuf principales usines du pays, a cessé d’acheter des fèves en raison de leur prix mais a indiqué qu’il continuait à transformer à partir de ses stocks sans préciser la capacité de production. Cependant, deux sources industrielles estiment que l’usine était presque à l’arrêt. D’autres grandes usines gérées par l’État pourraient fermer prochainement en Côte d’Ivoire. Même le négociant Cargill aurait du mal à se procurer des fèves pour sa principale usine de transformation en Côte d’Ivoire, ce qui l’a amené à interrompre ses activités pendant environ une semaine le mois dernier.
Au Ghana, la situation n’est pas meilleure. La plupart des huit usines, y compris la société publique la Cocoa Processing Company (CPC), ont suspendu leurs activités pendant des semaines depuis le début de la saison en octobre, selon deux sources industrielles distinctes. De son côté, la CPC a déclaré qu’elle fonctionnait à environ 20 % de sa capacité en raison de la pénurie de fèves.
Dérèglement d’un mécanisme bien huilé
Avec des prix du cacao qui ont plus que doublé au cours de l’année écoulée et atteint des record, le mécanisme établi de longue date par lequel les agriculteurs vendent des fèves à des négociants locaux qui les revendent à des usines de transformation ou à des négociants internationaux a déraillé.
En temps normal, souligne Reuters, le marché est fortement réglementé : les négociants et les transformateurs achètent les fèves aux négociants locaux jusqu’à un an à l’avance, à des prix convenus à l’avance. Les régulateurs locaux fixent ensuite des prix inférieurs à la production que les agriculteurs peuvent demander pour les fèves. Toutefois, en période de pénurie comme cette année, le système s’effondre : les négociants locaux versent souvent aux agriculteurs une prime par rapport au prix à la production pour s’assurer des fèves. Les négociants vendent ensuite les fèves sur le marché au comptant à des prix plus élevés au lieu de les livrer à des prix convenus à l’avance. Les négociants mondiaux se précipitant pour acheter ces fèves à n’importe quel prix afin d’honorer leurs obligations envers les chocolatiers, les transformateurs locaux se retrouvent souvent à court de fèves.
Une « destruction massive de la demande »
“Nous avons besoin d’une destruction massive de la demande pour rattraper la destruction de l’offre”, estime Steve Wateridge, expert mondial du cacao chez Tropical Research Services.
Les chocolatiers ont déjà augmenté leur prix et les augmenteront certainement encore, ce qui pourrait limiter la gourmandise des consommateurs à terme. Avec un troisième déficit mondial en 2023/24 estimé à 340 000 tonnes par l’Organisation internationale du cacao (ICCO), les transformateurs et chocolatiers devront puiser dans leurs stocks de cacao pour couvrir entièrement leurs besoins. L’ICCO s’attend à ce que les stocks mondiaux de cacao tombent à leur niveau le plus bas depuis 45 ans d’ici la fin de la campagne.
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