Premier volet d’une trilogie, le nouvel opus de Sandra Le Couteur, Monsieur Théodore, explore les différents visages de l’amour. De retour d’une tournée mémorable en Argentine, l’interprète de Pointe-Alexandre sur l’Île Lamèque, qui célébrera ses 30 ans de musique en 2026, ne s’est jamais sentie aussi en forme vocalement.
En octobre 1996, la chanteuse donnait son premier concert à Shippagan en première partie de Manon d’Inverness, marquant ainsi le début d’un parcours plutôt impressionnant pour celle qui a chanté dans plus d’une dizaine de pays.
«Et je n’ai pas fini. Ça fait juste commencer!», s’exclame l’artiste.
À 68 ans, Sandra Le Couteur est dans une forme resplendissante. Dans un café à Dieppe où nous avons rendez-vous, elle raconte sa tournée en Argentine avec émotions.
«C’est la plus belle tournée que j’ai faite», assure celle qui affirme avoir été accueillie comme une reine.
Accompagnée de ses musiciens, elle a chanté notamment dans la merveilleuse salle de spectacle appelée Baleine bleue à Buenos Aires, ainsi qu’à Mendoza, région prisée par les amateurs de vin. Ce troisième voyage en Argentine restera longtemps gravé dans sa mémoire. Elle n’a jamais vécu une telle expérience.
«Après que j’ai fini de chanter, je suis descendue dans la salle, pis le monde ne parlait pas, ils me regardaient comme si on était d’une autre planète. […] On n’avait jamais vécu ça. Ils ont dit, pouvez-vous chanter Édith Piaf? Puis là, j’ai chanté « quand il me prend dans ses bras… ». Ça applaudissait beaucoup. Il y en a qui pleuraient.»
Celle qui a offert son tour de chant devant plusieurs ambassadeurs à l’occasion de la Journée de la Francophonie a eu droit à des ovations. «Je suis venue la tête enflée gros de même! J’ai dit à Alyre (son conjoint) va me chercher un casque de bicycle», raconte-t-elle avec humour.
La chanteuse à la voix profonde adore la scène plus que jamais. Sa passion pour la musique est loin de s’essouffler, son désir d’essayer plein de nouvelles choses étant plus fort que jamais. Bien que le paysage musical soit inondé de nouveautés musicales, elle réussit à se frayer un chemin dans cet univers.
«C’est fou, mais on est entendu pareil parce que je le vois avec les redevances.»
Un premier opus autour de Sing Sing
Pas toujours facile de choisir des chansons pour un album, c’est ainsi qu’elle a eu l’idée d’en produire trois plutôt qu’un seul. Rassemblant cinq pièces, le premier chapitre de cette saga musicale en hommage à son petit-fils Théodore a été imaginé autour du succès de Jean-Pierre Ferland, Sing Sing (album Jaune) qui a été un peu la figure de proue de ce nouvel opus. À la mort du chanteur, Sandra Le Couteur a eu envie de revisiter une de ses pièces favorites. Sing Sing est une chanson d’amour qui raconte l’histoire d’une personne qui sort de prison après 20 ans.
Avec son réalisateur Éric Goulet qui collabore avec elle depuis trois albums, elle a sélectionné des pièces de Nelson Minville, de Luc De Larochellière et Gilles Bélanger et de Diane Roy-Friolet. Cette collaboratrice de longue date lui a offert deux chansons dont l’émouvante Jamais l’amour sur la violence faite aux femmes qu’elle dédie à l’Accueil Sainte-Famille. Pour choisir une chanson, l’interprète doit se sentir bouleversée et renversée. «Il faut que je tombe à terre, que je braille, pis que je ne dorme pas des nuits puis là je sais que je vais chanter cette chanson-là.»
Sandra Le Couteur qui est aussi comédienne à ses heures aime raconter des histoires dans ses chansons. Diane Roy-Friolet lui a fait toute une surprise en lui offrant une chanson composée spécialement pour elle. Mon île raconte l’histoire de l’artiste originaire de Miscou.
«C’est toute mon histoire. J’étais comme honorée de ça. Ça m’a beaucoup touchée. Sans en dire trop, elle a frappé dans le mille.»
Pour ce nouvel effort, elle s’est permis des sonorités un peu plus pop avec du synthétiseur et de la batterie. Elle est accompagnée de l’altiste Éric Goulet, aux guitares, clavier, harmonium et saxophone, Mara Tremblay au violon, Mario Légaré à la contrebasse, Marc-Antoine Sévigny à la batterie et Nicolas Basque à la guitare. L’album a été enregistré au studio d’Éric Goulet à Montréal.
Les deux prochains volets de la trilogie sortiront au cours de la prochaine année et demie. Une façon de rester vivante et présente plus longtemps sur la planète musicale, estime l’interprète. Si elle est reconnue comme une chanteuse à texte, il lui arrive aussi d’être tentée par les rythmes du blues et du rock. Ce qui pourrait se produire pour les deux prochaines offrandes.
Cinquième album en carrière, Monsieur Théodore sort sur toutes les plateformes numériques le 12 avril. Au cours des prochains mois, la chanteuse acadienne donnera des spectacles en Acadie, au Québec et en France. Elle sera, entre autres, sur la scène du Pays de la Sagouine, le 17 mai, où elle amènera avec elle son personnage loufoque de Barbie. Elle figure à la programmation de la Semaine acadienne en Normandie du 7 au 15 août.
Sandra Le Couteur assure également la direction artistique de la série Voir Miscou et mourir au Phare historique qui débute le 5 juillet avec Luc De Larochellière et qui se termine le 26 août avec Marie-Jo Thério.
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