À l’aube de la trentaine, la plupart des préoccupations majeures en matière de santé sont les mêmes que celles auxquelles les femmes étaient confrontées au cours de leur vingtaine. Il devient toutefois plus difficile pour les trentenaires d’accorder la priorité à leur santé car elles assument souvent davantage de responsabilités et travaillent plus dur pour concilier carrière et famille.
Il est donc d’autant plus important de maintenir ou d’adopter un mode de vie sain en termes de nutrition, d’activité physique, de sommeil et de gestion du stress.
« La raison pour laquelle on appelle cela des éléments de base, c’est que faire toutes ces choses vous permettra d’optimiser votre santé », explique Jill Rabin, gynécologue-obstétricienne à Northwell Health, le plus grand réseau de soins de santé de New York.
Parmi ces derniers, le sommeil est celui qui est le plus facilement mis de côté, pourtant c’est aussi celui dont les effets affectent le plus profondément votre santé.
« Les habitudes de sommeil et [le] rythme circadien influent fortement sur la libération d’hormones et peuvent avoir un impact sur des choses aussi disparates que votre incapacité à perdre le kilo et demi que vous voulez voir disparaître, à avoir des règles régulières ou à tomber enceinte », explique Mary Gover, spécialisée en médecine interne au Montefiore Einstein Advanced Care, centre médical à New York. Les éléments déterminant un « bon » sommeil sont sa durée, mais aussi sa qualité et les heures auxquelles il a lieu. Un sommeil médiocre « peut contribuer à l’anxiété, à la dépression, aux troubles de l’humeur et à des symptômes physiques tels que les maux de tête, la fatigue et le dérèglement des hormones », ajoute-t-elle.
Pendant la majeure partie de l’histoire, c’était au cours de leur vingtaine que les femmes procréaient le plus, mais l’âge moyen de la première maternité n’a cessé d’augmenter jusqu’à s’élever à 27,5 ans en 2021. L’âge médian est encore plus révélateur : il a atteint trente ans en 2022, selon l’U.S. Census Bureau, le Bureau du recensement des États-Unis. Cela signifie que la moitié des femmes qui deviennent mères entament ce parcours à l’âge de trente ans ou plus.
Aujourd’hui, nombre de femmes pensent à la fertilité et à la grossesse au cours de leur trentaine. Si c’est votre cas, il est important de commencer à prendre des vitamines prénatales avant d’essayer de concevoir et « d’entrer en relation avec votre gynécologue-obstétricien afin de voir ce qu’il vous faut de plus pour optimiser votre santé avant de tomber enceinte », conseille Jill Rabin.
Les bibliothèques et les librairies consacrent de nombreux rayons à ce qu’il faut à savoir avant la conception et sur les soins prénatals. Votre gynécologue-obstétricien peut également vous aider à établir des priorités par rapport à ce qui est le plus important pour votre santé. Il est également essentiel d’être consciente du risque élevé de dépression et d’anxiété périnatales et post-partum qui touchent presque plus d’une femme sur huit. De nombreuses personnes ne se rendent cependant pas compte de l’impact que la grossesse peut avoir sur leur santé tout au long de leur vie.
« Nous considérons vraiment la grossesse comme une fenêtre sur la santé cardiovasculaire future », indique Kathryn Lindley, cardiologue au centre médical de l’université Vanderbilt, à Nashville, dans le Tennessee.
En effet, à l’approche de la trentaine, le risque de complications liées à la grossesse peut augmenter, comme le diabète gestationnel, l’accouchement prématuré, la prééclampsie et d’autres troubles hypertensifs de la grossesse.
« Nous savons que toutes ces complications liées à la grossesse sont des indicateurs d’un risque accru de crise cardiaque, d’accident vasculaire cérébral, d’insuffisance cardiaque et de développement de facteurs de risque cardiovasculaires tels que le diabète, l’hypertension artérielle et des taux élevés de cholestérol au fil du temps », affirme Kathryn Lindley. « Je considère qu’il s’agit pour les patientes d’un moment important pour discuter avec leur équipe de soins de santé de la façon dont les complications de leur grossesse peuvent les exposer à un risque plus élevé de maladie cardiovasculaire à long terme et de la nécessité éventuelle d’un dépistage plus intensif, de conseils ou de soins préventifs pour les maintenir en bonne santé. »
Bien entendu, les femmes qui ne souhaitent pas tomber enceintes ont également de sérieuses raisons de poursuivre leurs visites annuelles chez le gynécologue-obstétricien, notamment pour obtenir une contraception efficace et effectuer des dépistages pour les infections sexuellement transmissibles (IST) et différents cancers gynécologiques.
« L’examen pelvien ne concerne pas seulement le col de l’utérus », déclare Jill Rabin. « Il a également trait à la vulve et au vagin. Il faut s’assurer qu’il n’y a pas de lésions, de grosseurs ou de bosses qui ne devraient pas être là », y compris toute masse anormale dans l’utérus ou les ovaires.
Le seul dépistage du cancer que toutes les femmes dans la trentaine devraient effectuer régulièrement est celui du col de l’utérus mais les recommandations en ce qui le concerne changent légèrement lorsque vous entrez dans votre troisième décennie. Au lieu de se soumettre simplement à une cytologie cervico-utérine, c’est-à-dire à un frottis, comme dans la vingtaine, les femmes âgées de trente à soixante-cinq ans ont le choix entre trois options :
1) une cytologie cervico-utérine uniquement tous les trois ans ;
2) un test pour les papillomavirus humain (HPV) à haut risque, virus responsable de 99,7 % des cancers du col de l’utérus, tous les cinq ans ;
3) un co-testing, test pour les HPV à haut risque associé à une cytologie cervico-utérine, tous les cinq ans.
Cette décision dépend des préférences personnelles et des facteurs de risque, dont il faut discuter avec son praticien.
Aucun autre dépistage de cancer n’est systématiquement recommandé pour les femmes dans la trentaine mais il en existe plusieurs que peuvent choisir d’effectuer celles faisant partie d’un groupe à haut risque. La plupart des femmes de cet âge devraient avoir bonne connaissance de leurs antécédents familiaux ; si ce n’est pas le cas, il est temps pour elles de rassembler ces informations.
Les recommandations nationales en matière de dépistage du cancer sont basées sur ce qui est approprié pour l’ensemble de la population et s’adressent donc aux femmes à risque moyen, indique Mary Gover. Cela signifie que les conseils peuvent différer pour les personnes présentant un risque plus élevé pour certaines maladies en raison de leurs antécédents familiaux ou d’un état antérieur.
Si un proche au premier degré, comme un parent ou un frère ou une sœur, a été affecté par un cancer colorectal ou un cancer du sein dans la quarantaine ou la cinquantaine, il est recommandé d’adopter « une approche plus personnalisée des dépistages du cancer », préconise Suresh Nair, oncologue médical au Lehigh Valley Health Network, réseau de soins de santé, à Allentown, en Pennsylvanie. De manière empirique, la bonne règle consiste à commencer le dépistage de l’un ou l’autre de ces cancers dix ans avant l’âge le plus jeune auquel un membre de la famille a été diagnostiqué, poursuit-il. L’idéal serait de « rencontrer un conseiller génétique et de construire son propre profil de risque et un modèle de décision médicale partagée ».
Les taux de cancer du côlon augmentent chez les jeunes adultes, il est donc important de savoir si vous faites partie d’un groupe à risque élevé qui aurait intérêt à commencer le dépistage plus tôt. De même, la première mammographie n’est généralement pas recommandée avant quarante ans, mais les préconisations diffèrent pour les femmes ayant de lourds antécédents familiaux de cancer du sein ou qui sont porteuses d’une mutation génétique, comme le gène BRCA, qui augmente leur risque.
Enfin, les femmes ayant des antécédents familiaux importants de mélanome devront être plus vigilantes en ce qui concerne les autocontrôles visant à détecter les signes d’un éventuel cancer de la peau.
Ces cancers ne sont pas les seuls à être présents chez différents membres d’une même famille mais ce sont ceux pour lesquels il existe des méthodes de dépistage en routine. S’il est possible que vous ayez une prédisposition génétique au cancer ou une mutation génétique connue qui augmenterait votre risque de développer un cancer particulier, vous devriez discuter régulièrement avec votre médecin généraliste pour savoir si d’autres dépistages sont à envisager.
Les deux organes les plus importants de votre corps sont sans doute votre cœur et votre cerveau, tous deux étroitement liés à votre métabolisme. L’amélioration de votre mode de vie, y compris le respect des recommandations en matière d’activité physique, constitue la plus grande part de votre santé cardiométabolique. Vous devriez néanmoins effectuer votre premier dépistage du diabète à l’âge de trente-cinq ans si vous ne l’avez pas déjà fait.
Il est probable que votre tension artérielle soit vérifiée à chaque fois que vous consultez un professionnel de santé, quel qu’il soit. Néanmoins, si celle-ci dépasse les 120/80 mmHg, il se peut que vous ayez besoin de contrôles ou d’examens supplémentaires. De même, veillez à faire contrôler votre taux de cholestérol, ayant trait aux lipides, tous les cinq ans, ou plus souvent s’il est élevé.
Lorsque les obligations professionnelles et familiales s’accumulent, il est vite arrivé d’oublier de prendre soin de soi. Si vous vous sentez particulièrement stressée ou si vous présentez des symptômes de dépression ou d’anxiété, parlez-en à votre médecin généraliste ou consultez un thérapeute.
Il faut ensuite vous préoccuper de votre peau et vos cheveux. Continuez de mettre de la crème solaire avant de vous exposer à la lumière directe du soleil et renouvelez l’application si vous prolongez l’exposition. Appliquez la règle ABCDE tous les mois pour repérer les grains de beauté ou les décolorations de la peau qui peuvent être le signe d’un cancer précoce.
Jenna Lester, dermatologue à l’université de Californie, sur le campus de San Francisco, et fondatrice du programme Skin of Color du centre, explique que de plus en plus de jeunes femmes viennent poser des questions sur les produits et les routines anti-âge, en grande partie à cause de l’influence de TikTok. Le meilleur moyen de prévenir le vieillissement de la peau est l’application d’une protection solaire le jour et d’un rétinol ou d’un rétinoïde la nuit.
La perte de cheveux constitue une autre des principales raisons pour lesquelles les femmes consultent un dermatologue une fois dans la trentaine. « Il existe de nombreux types de chutes de cheveux », dont la cause peut être génétique, infectieuse, auto-immune ou liée au mode de vie. Si vous remarquez que votre cuir chevelu se clairsème ou que vous perdez davantage de cheveux que d’habitude, consultez un dermatologue.
Les vaccins de routine recommandés aux femmes dans la trentaine sont principalement ceux contre la grippe saisonnière et la COVID mais il en existe d’autres à prendre en compte pendant la grossesse.
Depuis 2011, un vaccin Tdap, soit un rappel contre le tétanos, la diphtérie et la coqueluche, est recommandé au troisième trimestre de la grossesse pour prévenir cette dernière affection dans les premiers mois de la vie de l’enfant. Pendant la grossesse, ce vaccin est non seulement tout aussi sûr que celui contre la grippe et la COVID, tous deux également recommandés, mais il est aussi le seul moyen fiable de réduire le risque d’infection par la bactérie de la coqueluche, potentiellement mortelle pour le nouveau-né, avant qu’il ne soit assez âgé pour recevoir son propre vaccin.
À partir de 2023, les familles pourront enfin le protéger contre une autre affection respiratoire grave : le virus respiratoire syncytial (VRS). Il a fallu plus de six décennies pour en arriver là mais un vaccin contre ce dernier est enfin disponible pour les femmes enceintes, afin que leur corps puisse développer et transmettre des anticorps au fœtus, le protégeant ainsi du VRS après la naissance. Si vous n’avez pas reçu ce vaccin pendant votre grossesse, il existe une autre option pour les nouveau-nés.
Indépendamment de la maternité, le vaccin contre le papillomavirus humain (HPV) est à prendre en considération. Bien qu’il ne soit recommandé que jusqu’à l’âge de vingt-six ans, les femmes peuvent continuer à recevoir ce vaccin jusqu’à quarante-cinq ans s’il ne leur a jamais été administré. Pourquoi faire un vaccin qui n’est pas officiellement recommandé pour votre âge ?
« Non seulement il prévient le cancer du col de l’utérus, mais il peut aussi prévenir les cancers de l’anus, de la gorge, du vagin et de la vulve », déclare Suresh Nair, qui ajoute que le nombre de cas de cancers du col de l’utérus continue d’augmenter chez les femmes dans la trentaine. La recommandation s’arrête à vingt-six ans car l’exposition aux souches de HPV s’accroît généralement avec le nombre de partenaires sexuels à mesure que l’on vieillit, le rendant moins bénéfique. Comme il est toutefois peu probable que vous ayez été exposée aux neuf souches contenues dans le vaccin, il vaut mieux retirer un certain bénéfice qu’aucun.
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